Table ronde sur l’ESS et l’immobilier tertiaire

immobilier tertiaire

Cette discussion sur l’immobilier tertiaire, animée par Floraine Jullian, déléguée générale de l’association Surface+Utile, met en lumière le potentiel de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) pour répondre aux crises actuelles du secteur immobilier. En favorisant un modèle inclusif et durable, l’ESS offre des solutions concrètes à la vacance immobilière. Tout en soutenant des projets à forte valeur sociale et environnementale comme l’immobilier tertiaire. À l’occasion de l’inauguration du tiers-lieu WIKIVILLAGE à Paris, le 12 décembre 2024. Cette table ronde a réuni des acteurs engagés pour explorer les enjeux et perspectives de cette synergie.

Invitation inauguration WIKIVILLAGE

L’immobilier tertiaire au carrefour des crises

L’immobilier tertiaire est confronté à des défis multiples : vacance croissante des bureaux, difficulté à répondre aux besoins des acteurs locaux, et gaspillage de ressources. En parallèle, l’ESS, qui repose sur des valeurs de solidarité. Mais aussi d’utilité sociale et de respect de l’environnement, émerge comme une réponse pertinente. Cette table ronde offre un espace de dialogue pour réfléchir à des solutions innovantes et durables.

Un engagement collectif pour une ESS audacieuse

Lors de cette table ronde, Floraine Jullian a rappelé l’importance de l’ESS comme moteur de changement. Malgré des avancées significatives, le soutien institutionnel reste souvent limité. Par exemple, l’attribuer un secrétaire d’État à l’ESS représente un geste symbolique. Mais les moyens réels ne sont pas toujours à la hauteur des ambitions. Pour pallier ces lacunes, il est crucial d’encourager une collaboration plus étroite entre l’administration publique et les acteurs de terrain.

L’un des obstacles majeurs mentionnés est la question des espaces vacants. Identifier ces espaces et les mobiliser pour des projets ESS reste un véritable casse-tête. En raison d’une accès limité aux données foncières. Pour aller de l’avant, Floraine Jullian propose de renforcer les obligations des propriétaires et de favoriser un cadre réglementaire plus contraignant pour éviter que ces espaces restent inutilisés. Elle milite pour une transmission accrue des informations foncières aux collectivités, qui sont les mieux placées pour répondre aux besoins locaux.

En somme, l’ESS peut jouer un rôle majeur en s’appuyant sur des valeurs collaboratives et en favorisant des solutions co-construites. Cependant, une volonté politique forte est essentielle pour débloquer le potentiel de ces initiatives.

Vers une loi transpartisane contre la vacance immobilière

Un des moments forts de cette table ronde a été la présentation d’une initiative majeure : la rédaction d’une proposition de loi transpartisane sur la vacance immobilière. Floraine Jullian a expliqué que cette loi vise à mieux définir et comptabiliser la vacance immobilière tout en facilitant l’accès à ces données pour les collectivités. En France, il est aujourd’hui très difficile d’obtenir des chiffres précis, ce qui limite la capacité des élus locaux à intervenir efficacement.

L’objectif de cette loi serait de :

  1. Améliorer les outils de comptabilisation : Mettre en place des mécanismes fiables pour identifier les espaces vacants.
  2. Rendre les données accessibles : Garantir une transparence des informations afin que les collectivités puissent agir rapidement.
  3. Encourager les propriétaires à mobiliser leurs biens : Instaurer des incitations ou sanctions pour favoriser la mise à disposition des espaces vacants.
  4. Donner plus d’outils aux collectivités : Renforcer leurs moyens d’action pour mobiliser les locaux inutilisés.

Ce projet de loi s’inscrit dans une coalition d’acteurs issus de cinq groupes politiques différents, reflétant un consensus autour de l’urgence d’agir. Il symbolise également une évolution des mentalités, en reconnaissant que la vacance immobilière n’est pas seulement un enjeu économique, mais aussi sociétal.

Changer de paradigme, une nécessité impérative

Enfin, cette table ronde a mis l’accent sur la nécessité de changer de paradigme dans la gestion des ressources immobilières. Floraine Jullian a comparé cet effort à la lutte contre le gaspillage alimentaire. Il y a quinze ans, il était courant de jeter des invendus alimentaires. Aujourd’hui, cette pratique est largement considérée comme inacceptable. Elle souhaite que, dans quelques années, laisser des bâtiments vacants soit perçu de la même manière.

Ce changement de paradigme implique de repenser complètement la façon dont on gère les espaces vacants. Plutôt que de les voir comme des passifs, ils peuvent devenir des leviers pour créer de la valeur sociale et environnementale. De nombreux acteurs de l’ESS, tels que des ressourceries ou des incubateurs d’innovations, recherchent activement des lieux pour se développer. La disponibilité de ces espaces représente souvent le seul frein à leur expansion.

L’événement a également permis de féliciter l’équipe d’ETIC pour la création de WIKIVILLAGE, un exemple concret de transformation de lieux vacants en hubs d’innovation. Ce modèle inspire et montre la voie pour résoudre ces problématiques de manière concrète.

Mobiliser les acteurs pour un avenir durable

Cette table ronde a mis en évidence la capacité de l’ESS à relever les défis du gaspillage immobilier, tout en répondant aux besoins sociaux et environnementaux. Elle souligne l’importance d’un engagement collectif, tant au niveau institutionnel que local, pour transformer des espaces vacants en opportunités.

La collaboration entre acteurs de l’ESS, propriétaires, et pouvoirs publics représente une chance unique de bâtir un modèle plus inclusif et durable. En adoptant une approche résolument orientée vers l’action, il est possible de transformer ces bâtiments en ressources stratégiques pour l’avenir.

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