Un collectif d’investisseurs, représentant 6,5 mille milliards de dollars d’actifs, interpelle sept grandes entreprises de produits de la mer sur leur manque de transparence dans leurs chaînes logistiques. Cette initiative, menée par le réseau FAIRR et soutenue par des organisations internationales telles que le WWF et l’Initiative Financière du Programme des Nations Unies pour l’environnement, met en lumière les risques réglementaires, réputationnels et financiers liés à cette opacité.
Des enjeux critiques pour les entreprises et les investisseurs
Les produits de la mer représentent une valeur commerciale mondiale supérieure à celle du bœuf, du porc et de la volaille réunis. Pourtant, un manque de traçabilité expose le secteur à des risques majeurs, notamment la pêche illégale, qui représente 20 % des captures mondiales. Ces pratiques coûtent entre 15 et 36 milliards de dollars par an à l’économie mondiale et fragilisent les stocks de poissons.
Les régulateurs intensifient leurs exigences. Des lois comme la Food Safety Modernization Act (FSMA) aux États-Unis ou la Loi sur la distribution des produits de la pêche au Japon imposent une traçabilité accrue pour démontrer la durabilité et la légalité des produits. En Europe, la Directive CSRD pousse également les entreprises à une transparence accrue.
Des engagements insuffisants malgré des premiers pas prometteurs
Parmi les sept entreprises ciblées, seules deux, Charoen Pokphand Foods et Thai Union, ont adopté des engagements couvrant toutes leurs opérations. Cependant, aucun progrès significatif n’a été constaté. Les cinq autres entreprises se contentent d’initiatives partielles ou inexistantes, exposant leurs actionnaires à des risques croissants.
La traçabilité : un impératif stratégique
Selon FAIRR, des systèmes numériques complets et interfonctionnels sont essentiels pour sécuriser les chaînes d’approvisionnement. Ils garantissent une transparence nécessaire pour prévenir les violations des droits de l’homme, la destruction des habitats et les impacts environnementaux négatifs.
Eric Usher, directeur de l’Initiative Financière du Programme des Nations Unies, souligne : « La traçabilité est fondamentale pour des chaînes logistiques durables. Elle permet aux investisseurs de prendre des décisions éclairées et favorise la résilience sectorielle. »
Des perspectives d’avenir encourageantes
En 2025, la deuxième phase de cette initiative sera lancée, accompagnée d’un soutien technique renforcé. L’objectif est d’accélérer les progrès et de promouvoir des standards rigoureux de traçabilité.
Sofia Condés, directrice des relations avec les investisseurs chez FAIRR, conclut : « Les entreprises doivent aller au-delà de la prise de conscience et mettre en œuvre des plans concrets. La transparence n’est pas seulement une obligation réglementaire, mais une condition essentielle à leur pérennité. »
Un appel à une action globale
Cette initiative marque une étape essentielle pour une industrie des produits de la mer plus responsable. Les investisseurs et les entreprises ont la responsabilité collective de construire des chaînes logistiques durables, répondant aux attentes croissantes des consommateurs et des régulateurs. En intégrant des pratiques exemplaires, le secteur peut non seulement renforcer sa résilience, mais aussi contribuer à préserver les écosystèmes marins pour les générations futures.
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