Un appétit grandissant des particuliers pour l’investissement responsable…mais des défis à relever, selon un sondage mondial.
L’étude mondiale Global Investment Survey de Legg Mason souligne l’importance croissante des préoccupations environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) pour les investisseurs particuliers, toutes régions du globe confondues. Toutefois, cette tendance se heurte encore à des défis importants, en particulier en matière d’information.
Legg Mason, l’une des plus importantes sociétés de gestion d’actifs au monde, vient de publier la sixième édition de son Global Investment Survey. Cette enquête annuelle a été menée auprès de 16 810 investisseurs particuliers dans 17 pays différents, afin d’identifier à la fois de grandes tendances mondiales et de fortes spécificités nationales et régionales. Quatre générations différentes ont été interrogées (Millennials : 18-36 ans, Génération X : 37-50 ans, Baby-boomers : 51-70 ans et les plus de 70 ans) afin de pouvoir établir des comparaisons en termes de comportements d’investissement et de mettre en lumière les évolutions générationnelles majeures.
La montée en puissance de l’investissement responsable
D’après le Global Investment Survey 2018 de Legg Mason, l’investissement ESG (basé sur des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance) a fait l’objet d’une attention croissante au cours des 12 derniers mois.
A l’échelle mondiale, près de la moitié investisseurs particuliers (49 %) affirme désormais tenir compte de la composante ESG dans leurs décisions d’investissement. Plus encore (54%) déclarent éviter délibérément les entreprises ayant fait l’objet de controverses. Enfin, une très large majorité (89%) est convaincue que les gérants d’actifs doivent jouer activement un rôle de contrôle et d’accompagnement des sociétés dans lesquelles ils investissent, afin de s’assurer que ces dernières déploient des pratiques responsables.
Cette tendance semble vouée à se renforcer. Tout d’abord car près de la moitié des investisseurs (45 %) exprime l’intention de renforcer leurs investissements ESG à horizon 5 ans. « De plus, les nouvelles générations se sentent plus concernées, ce qui annonce une montée en puissance de l’investissement ESG lorsque les jeunes d’aujourd’hui prendront le relais de leurs ainés », ajoute Tristan Camp, spécialiste produit chez Legg Mason. En effet, les Millennials sont 51 % à déclarer investir dans des fonds responsables, contre 25 % seulement des Baby-boomers. Les Millennials sont également plus enclins à juger que les gérants d’actifs doivent tenir compte de leur impact sur la société au niveau local (32 % contre 27 % des Baby-boomers) ou de la diversité de leurs effectifs (26 % contre 15 %). Autre signal encourageant : 83 % des investisseurs mondiaux déclarent qu’ils aimeraient en savoir plus sur l’investissement responsable.
Une approche encore floue pour beaucoup
« Malgré cet intérêt grandissant pour l’ESG, de nombreux défis restent à relever pour en faire une thématique d’investissement réellement prioritaire », souligne Tristan Camp. Premier obstacle : la méconnaissance de cet univers d’investissement. Plus d’un quart des investisseurs mondiaux (29%) jugent qu’ils ne peuvent pas consacrer à l’ESG une part plus importante de leurs placements par manque d’information, tandis que 23 % déclarent ne pas savoir exactement quels types d’investissements sont considérés comme responsables. Si l’on ajoute au manque d’information le manque de conseil et de compréhension, ce sont largement plus de la moitié des investisseurs (57%) qui se sentent confrontés à l’une ou l’autre de ces barrières à l’investissement responsable. Les Millennials ressentent plus ces obstacles que les Baby-boomers (62% contre 53 %) et de manière générale, les investisseurs asiatiques (62%) et américains (62 %) plus que les européens (53 %).
Conséquence logique de ce manque d’informations et de compréhension, tous les investisseurs n’associent pas l’investissement ESG à la même réalité. « Par exemple, nous remarquons que beaucoup d’investisseurs associent spontanément l’investissement ESG à une approche basée sur l’exclusion de certains titres ou de certaines thématiques, relève Tristan Camp. Or pour nous, cela va bien au-delà : une approche ESG intégrée peut permettre aux investisseurs de mieux comprendre les risques et opportunités de chaque entreprise ». Par ailleurs, tous les critères ESG ne sont pas égaux à leurs yeux : 31 % des investisseurs jugent que le critère environnemental est prioritaire dans leurs choix d’investissement responsables, loin devant le critère social et la gouvernance qui ne recueillent respectivement que 21 % et 20 % des suffrages.
En France, une marge de progression
Les investisseurs français ne font pas exception à la tendance mondiale. A première vue de plus en plus intéressés par la thématique (46 % prévoient de renforcer leurs placements ESG à horizon 5 ans), ils sont moins d’un quart (23 %) à affirmer comprendre complètement ce que signifient les termes « ESG ou investissement responsable », tandis que la même proportion (23 %) affirme ne pas les comprendre du tout. S’ils se sentent principalement freinés, comme tous les sondés, par le manque d’information et de conseil, certaines autres barrières sont plus prononcées en France qu’ailleurs : 28 % des français estiment qu’ils limitent leurs placements responsables en raison de frais de gestion plus élevés que pour les fonds classiques (contre 22% des investisseurs à l’échelle mondiale) et 19 % sont réticents car ils jugent qu’il ne s’agit que d’une tendance de court-terme (contre 12 % dans le monde).
Autre spécificité française : la prédominance de la composante environnementale. Parmi les investisseurs qui déclarent choisir leurs placements en fonction de considérations ESG, le critère environnemental est retenu par près de la moitié (46%) tandis que seuls 18% retiennent le critère social et 17 % la gouvernance. « Pourtant, la gouvernance est un facteur essentiel de réussite des entreprises sur le long terme : il nous semble important d’aider les investisseurs particuliers à mieux en comprendre l’impact et les enjeux », affirme Tristan Camp.
« Même si les critères ESG sont de plus en plus présents dans le portefeuille des investisseurs particuliers en France, comme à l’étranger, il reste encore un long chemin à parcourir en termes de connaissance du sujet. En effet, l’investissement responsable, qui est devenu prégnant ces dernières années, reste un domaine qui se construit sur le long terme et qui nécessite encore une certaine dose de pédagogie auprès de ce type d’investisseur », conclut Tristan Camp.
Des analyses et résultats complémentaires du Global Investment Survey 2018 de Legg Mason sont accessibles en ligne en cliquant ici.