Des start-up révolutionnent la construction en développant des matériaux innovants pour lancer un processus de décarbonation. Alors que la réglementation stimule le secteur, son potentiel demeure à explorer.
La tâche est immense. Le domaine de la construction, générant 37 % des émissions mondiales de CO2, doit s’engager dans un processus de décarbonation. Selon l’ONU, une “révolution” est nécessaire, impliquant une réduction de l’utilisation du béton au profit de matières premières locales telles que le chanvre, la paille, le bois, ou des matériaux recyclés, comme indiqué dans un rapport publié l’année dernière.
Dans ce domaine, plusieurs start-up de la French Tech ont émergé récemment, se consacrant au développement de nouveaux matériaux, principalement biosourcés, notamment dans le domaine de l’isolation. Ces innovations tirent leur inspiration du biomimétisme, s’inspirant des technologies présentes dans la nature, ou émergent des laboratoires.
C’est l’un des éléments phares de la dernière promotion de l’incubateur Leonard (groupe Vinci), spécialisé dans le domaine de la construction, qui accueille des start-up telles que Materrup (béton bas carbone), Geoclay (argile) ou Strong by Form (bois). Julien Villalongue, directeur de Leonard, souligne : « L’empreinte carbone de notre secteur influence considérablement l’évolution des entreprises et de leurs stratégies innovantes. »
Industrie en action pour la décarbonation
Le ciment, principal composant du béton et émetteur majeur de CO2, est au cœur des préoccupations environnementales de start-up industrielles. Pour mettre en marche ce processus de décarbonation, des entreprise comme Greenmade et Materrup agissent Ces entreprises innovent avec des solutions telles qu’un liant hydraulique ou un ciment à base d’argile non calcinée, visant à réduire l’empreinte carbone. Les nouvelles réglementations, notamment la RE2020 et le « décret tertiaire », encouragent l’utilisation de matériaux biosourcés et imposent des normes strictes en matière de réduction des émissions de CO2 dans le secteur de la construction.
Certaines entreprises optent pour des solutions « low tech », à l’instar de Wall’Up Préfa, spécialisée dans la conception de panneaux préfabriqués en béton de chanvre et ossature bois. Ce matériau offre des avantages en termes de durabilité ainsi que de performances thermiques, énergétiques et acoustiques. Favorisant le circuit court, la jeune pousse a inauguré sa première usine à Aulnoy en Île-de-France en 2021. Elle entame désormais sa phase de commercialisation avec une projection de chiffre d’affaires de trois millions d’euros pour cette année. L’industrialisation demeure une étape difficile pour bon nombre de start-up.
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Certifications : un vrai challenge
« Le temps de commercialisation étant très long, car nous sommes prescripteurs de
produits pour des appels d’offres, nous en cueillons les fruits depuis l’année dernière »,
remarque Arthur Cordelier, le directeur de la société, qui a levé 2,5 millions d’euros fin 2023,
avec la Banque des Territoires, Schneider Electric Energy Access et Altur Investissement.
Au-delà des délais de contractualisation souvent élevés, les start-up doivent passer par
la case certification et avis technique auprès du CSTC (le centre d’innovation du secteur
de la construction) avant de pouvoir commercialiser leurs produits dans le cadre de
constructions neuves ou de rénovations. Une avalanche de certifications, longues à
obtenir et coûteuses pour une jeune société.
Les entreprises du bâtiment, qui sont par ailleurs très fragmentées, peuvent hésiter à adopter de
nouveaux matériaux en raison de la formation nécessaire pour faire face à des changements dans
les processus et les mises en œuvre. « Avec le préfabriqué, de plus en plus de chantiers
sont faits dans les usines, ce qui réduit le problème de formation », souligne Benoît
Lagente, directeur d’investissement à la Banque des Territoires, investisseur dans Wall’Up,
ielo (paille) et T&H (construction hors-site bas carbone).
Émergence du secteur
« Le temps de commercialisation étant très long, car nous sommes prescripteurs de produits pour des appels d’offres, nous en cueillons les fruits depuis l’année dernière », glisse Arthur Cordelier, le directeur de la société, qui a levé 2,5 millions d’euros fin 2023, avec la Banque des Territoires, Schneider Electric Energy Access et Altur Investissement. Au-delà des délais de contractualisation souvent élevés, les start-up doivent passer par la case certification et avis technique auprès du CSTC (le centre d’innovation du secteur de la construction) avant de pouvoir commercialiser leurs produits dans le cadre de constructions neuves ou de rénovations. Une avalanche de certifications, longues à obtenir et coûteuses pour une jeune société.
Les entreprises du bâtiment, par ailleurs très atomisées, peuvent rechigner à adopter de nouveaux matériaux, en raison de la formation nécessaire face à des changements dans les processus et les mises en œuvre. « Avec le préfabriqué, de plus en plus de chantiers sont faits dans les usines, ce qui réduit le problème de formation », nuance Benoît Lagente, directeur d’investissement à la Banque des Territoires, au capital de Wall’Up, mais aussi ielo (paille) et T&H (construction hors-site bas carbone).
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