Un virage à 180 degrés de Biden sur l’Accord de Paris

Andrew Howard, Responsable de l’investissement durable, Schroders
Le marché des obligations vertes et sociales, qui continue de croître, d’évoluer et de se diversifier, reste un outil utile pour promouvoir le développement durable.
La 26e Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 26) aurait dû se tenir en novembre à Glasgow, en Écosse, mais elle a été reportée en raison de la pandémie de coronavirus. Les dirigeants mondiaux devaient proposer des mesures plus strictes et plus détaillées pour soutenir l’Accord de Paris. Bien que la COP 26 ait été repoussée à 2021, on observe depuis quelques mois un alignement des astres favorable à des actions beaucoup plus sévères et plus rapides pour réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Alignement des plans de reprise post-Covid sur les objectifs climatiques en Europe

Premièrement, de nombreux gouvernements se sont engagés à veiller à ce que la reconstruction de leur économie soit alignée sur leurs objectifs climatiques à long terme. Il est largement admis que la reprise post-coronavirus est l’occasion de construire des économies plus durables et de lutter contre le changement climatique.

Le Green Deal de l’UE est au cœur de la reprise en Europe. Approuvé en 2019, il s’agit d’un cadre politique et d’un ensemble de mesures qui visent à transformer l’économie européenne, avec pour objectif principal d’atteindre la neutralité climatique d’ici 2050.

Dans le même temps, la Commission européenne a annoncé en mai un instrument de relance appelé Next Generation EU, qui s’inscrit dans un budget à long terme révisé pour l’UE. Ce mois-ci, le Parlement européen et les États membres de l’UE sont parvenus à un accord sur une enveloppe de 1 800 milliards d’euros, dont 30 % consacrés à la lutte contre le changement climatique, soit la plus grande part du plus grand budget européen de l’histoire.

Le virage à 180 degrés de Biden sur la politique climatique américaine

Deuxièmement, la présidence de Joe Biden devrait entraîner une transformation de la politique climatique américaine. Le jour où les États-Unis ont officiellement quitté l’Accord de Paris sous le régime de Donald Trump, Biden a promis de revenir dans l’Accord une fois élu.

Il a tweeté le 5 novembre : « Aujourd’hui, l’administration Trump a officiellement quitté l’Accord de Paris sur le climat. Et dans exactement 77 jours, une administration Biden le rejoindra. »

L’administration Barack Obama est entrée dans l’Accord de Paris en 2015. L’engagement de Biden de rejoindre l’Accord et d’engager les États-Unis à atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050 devrait entraîner d’importants investissements dans les industries et les technologies vertes. Il a présenté un plan d’énergies propres et d’infrastructures de 2 000 milliards de dollars.

La réglementation des secteurs les plus émetteurs, notamment le pétrole et le gaz, les services aux collectivités et l’automobile, devrait également être renforcée.

En Asie, les nouveaux engagements en faveur du net zéro augmentent la part du PIB mondial consacré à cet objectif

Troisièmement, il y a eu une série d’engagements nationaux en faveur du net zéro. Depuis octobre, les dirigeants chinois, japonais et coréens ont tous pris un engagement net zéro.

Augmentation rapide des objectifs de réduction des émissions des entreprises à l’échelle mondiale

Quatrièmement, un nombre croissant d’entreprises ont pris des engagements publics ambitieux en faveur de la décarbonation. Au cours des dernières années, le nombre d’entreprises ayant rejoint l’initiative Science Based Targets (SBTi) a explosé.

Le SBTi est un partenariat entre le fournisseur de recherches sur le climat CDP, le Pacte mondial des Nations Unies (UNGC), le World Resources Institute (WRC) et le Fonds mondial pour la nature (WWF).

Plus de 1 000 entreprises travaillent aux côtés de la SBTi pour se fixer des objectifs scientifiques et rendre compte des progrès réalisés sur un an. L’année dernière, ce chiffre était inférieur à 400.

Au total, les pays ou les États américains représentant plus d’un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre et près de la moitié du PIB ont désormais pris un engagement net zéro.