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croissance mondiale

La croissance économique mondiale est en passe de rester stable, mais décevante dans les années à venir, avertit le Fonds monétaire international (FMI). Malgré la maîtrise progressive de l’inflation, les perspectives économiques restent ternes, particulièrement pour les pays avancés et certaines économies émergentes. Le FMI souligne la nécessité urgente de réformes profondes et d’une révision des politiques économiques afin de garantir une stabilité à long terme. Cet article propose un tour d’horizon des principales inquiétudes du FMI et des réformes envisagées pour surmonter ces défis économiques globaux.

La maîtrise de l’inflation : une victoire relative

Le FMI se réjouit de la baisse progressive de l’inflation mondiale, résultat des politiques monétaires strictes mises en place après la flambée des prix post-pandémie. L’inflation, qui avait atteint un pic de 9,4 % au troisième trimestre de 2022, devrait retomber à environ 3,5 % d’ici la fin de 2025. Cette désinflation est particulièrement notable aux États-Unis, où des gains de productivité ont permis d’accompagner une augmentation des salaires, contrairement à l’Europe où la hausse des salaires n’a pas été suivie de gains de productivité suffisants.

Cependant, cette victoire sur l’inflation n’est pas sans ombre au tableau. En effet, les prix des services, notamment en Europe, continuent de croître, reflétant des tensions sur les salaires et une inflation sectorielle persistante. Si les États-Unis ont pu tirer parti de leur dynamisme productif pour stabiliser leur économie, l’Europe peine à suivre, avec une stagnation de la croissance et des perspectives économiques moroses. Le FMI prévient que cette situation pourrait mettre en péril la reprise économique globale, surtout si des réformes structurelles ne sont pas rapidement mises en place.

Une croissance mondiale décevante : des risques multiples

Malgré la baisse de l’inflation, la croissance mondiale ne présente pas d’amélioration notable. Le FMI maintient ses prévisions de croissance mondiale à 3,2 % pour 2024 et 2025, bien en deçà des niveaux observés avant la pandémie. Cette stagnation est particulièrement marquée dans les économies européennes, avec une Allemagne au bord de la récession et une France peinant à dépasser les 1,1 % de croissance annuelle.

Les tensions géopolitiques, les perturbations du marché immobilier en Chine, ainsi que la montée du protectionnisme commercial et industriel, aggravent cette situation. Le FMI craint que ces facteurs ne créent une nouvelle vague de volatilité sur les marchés financiers, rendant la gestion économique encore plus complexe. En particulier, les conflits régionaux au Moyen-Orient et les risques liés aux matières premières pourraient sérieusement perturber les échanges mondiaux. Pour prévenir ces chocs, le FMI appelle les gouvernements à revoir leur stratégie économique en profondeur.

Réformer pour stimuler la productivité et la croissance

Face à cette situation alarmante, le FMI propose une approche en trois volets pour relancer l’économie mondiale. La première étape concerne un ajustement des politiques monétaires. Les banques centrales, après une longue période de resserrement, commencent à assouplir les conditions de crédit, ce qui devrait soutenir l’activité économique. Cet assouplissement est crucial dans un contexte où les marchés du travail des pays avancés montrent des signes de faiblesse, avec une augmentation des taux de chômage.

La deuxième étape implique une révision des politiques budgétaires. Après des années de déficits massifs, il est essentiel de stabiliser la dynamique de la dette publique et de reconstituer des réserves budgétaires pour faire face à de futurs chocs économiques. Le FMI s’inquiète particulièrement de la situation aux États-Unis et en Chine, où les niveaux d’endettement sont préoccupants. Une gestion budgétaire rigoureuse est donc indispensable pour garantir la viabilité économique à long terme.

Enfin, la troisième étape concerne la nécessité de réformes structurelles pour améliorer la productivité. De nombreux pays, notamment en Europe, souffrent d’un déficit productif qui limite leurs perspectives de croissance. Le vieillissement démographique, la montée des inégalités et les défis liés à la transition écologique et technologique exigent des réformes profondes. Seule une coopération internationale accrue et une coordination des politiques économiques pourront permettre de relever ces défis globaux.

Vers une coopération internationale renforcée

Le FMI souligne l’importance de la coopération internationale dans cette phase critique de l’économie mondiale. La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a récemment appelé à une action collective lors de l’assemblée annuelle du Fonds. Dans un monde de plus en plus fragmenté, où les préoccupations nationales prennent le pas sur la coopération globale, les États doivent travailler ensemble pour garantir un avenir commun stable.

Les réformes ne peuvent réussir que si elles s’accompagnent d’une volonté politique forte et d’un dialogue constant avec les citoyens. L’acceptabilité sociale des réformes structurelles est cruciale pour leur mise en œuvre effective. En renforçant la confiance institutionnelle et en engageant un dialogue ouvert avec la population, les gouvernements peuvent mieux expliquer les bénéfices à long terme des réformes, ce qui est essentiel pour obtenir l’adhésion des citoyens.

Un cap à redéfinir pour éviter une stagnation durable

La croissance mondiale fait face à de multiples défis qui, s’ils ne sont pas relevés rapidement, pourraient conduire à une stagnation prolongée. Bien que la baisse de l’inflation soit une victoire majeure, la faible croissance et les tensions géopolitiques représentent des menaces importantes pour la stabilité économique globale. Le FMI appelle à un changement de cap, avec une révision des politiques monétaires et budgétaires et la mise en œuvre urgente de réformes structurelles. Dans ce contexte, la coopération internationale apparaît comme la seule voie pour assurer un avenir économique prospère et durable.

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