Une reprise durable et résiliente après le COVID-19

L‘économie mondiale a fait preuve d’une grande résilience pendant la pandémie de COVID-19, rebondissant plus rapidement que prévu. La dynamique économique reste forte , mais les nations et les organisations sont confrontées à des contre-courants dans les chaînes d’approvisionnement, la disponibilité de la main-d’œuvre et l’inflation. Par Klaus Schwab et Bob Sternfels

Des défis complexes

La réponse à la pandémie intervient dans un contexte d’aggravation de la crise climatique et de montée des inégalités économiques. Ces défis nous rappellent que les crises peuvent devenir des tournants politiques et stratégiques.

En effet, les fondations de la croissance future sont souvent posées au fur et à mesure que les sociétés réagissent aux faiblesses révélées par les crises. À ce stade, le succès de notre reprise n’est toujours pas assuré. L’histoire montre qu’en période de bouleversements, la résilience dépend de l’ adaptabilité et de l’esprit de décision . Une fois la période la plus aiguë de la pandémie passée, un programme de résilience deviendra la clé de la prospérité future .

Un programme de croissance durable et inclusive

Pour construire un avenir meilleur, l’accent doit désormais passer des mesures défensives et des objectifs à court terme à un programme de croissance durable et inclusif. La croissance est un précurseur du développement économique. Un programme de croissance durable et inclusive se concentrera sur une croissance qui soutient la santé et la réparation de l’environnement naturel tout en améliorant les moyens de subsistance de segments de population plus larges. Nous devons trouver des voies vers une société véritablement meilleure, afin que nos actions rendent notre planète et nos économies plus résilientes et plus sûres.

Les fondations de la croissance future sont souvent posées au fur et à mesure que les sociétés réagissent aux faiblesses révélées par les crises. L’histoire montre qu’en période de perturbation, la résilience dépend de l’adaptabilité et de la détermination.

Mais comment les dirigeants peuvent-ils relever ce défi de la résilience pour parvenir à une croissance durable et inclusive ? Pour y parvenir, il faudra s’attaquer de manière efficace et globale aux conditions de nos économies et de nos sociétés et, surtout, à leurs interrelations : climat, soins de santé, besoins en main-d’œuvre, chaînes d’approvisionnement, numérisation, finance, inégalités et développement économique. Trois considérations suggèrent la voie à suivre :

  • Les dirigeants des secteurs public et privé doivent avoir une vue d’ensemble du programme de résilience

À l’heure actuelle, les pénuries de main-d’œuvre, l’essor de l’économie numérique, les perturbations de la chaîne d’approvisionnement, l’inflation et les inégalités sont tous traités isolément, avec des solutions trop spécialisées développées dans des silos organisationnels. Une telle approche ne tient pas suffisamment compte des interdépendances qui existent entre eux et des tendances plus larges et à plus long terme induites par le changement climatique, les développements sociétaux et la dynamique géopolitique. Un modèle de réponse est le “Plan de relance pour l’Europe” de la Commission européenne, qui met l’accent sur les interdépendances entre l’éducation, les soins de santé, le logement, le changement climatique, la croissance économique, la concurrence et l’emploi, et la nécessité de les aborder dans un cadre holistique. Les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de tels plans seront à la mesure de la distance à parcourir pour emboîter le pas à l’ensemble de la société.

  • Les stratégies et les structures doivent être conçues pour être flexibles et rapides.

Nous pouvons supposer que des perturbations et des changements accélérés nous attendent. Les nations et les organisations doivent donc aborder les problèmes avec une adaptabilité et une agilité intrinsèques. La vitesse est importante. La pandémie de COVID-19, et sa trajectoire et son impact en constante évolution, ont montré que nous avons besoin d’informations plus opportunes, d’agendas stratégiques à jour et de cycles de décision plus courts. L’approche initiale pour arrêter la propagation du virus, visant à éliminer complètement le COVID-19, est maintenant repensée. Lorsque les circonstances changent, la réponse des entreprises et du gouvernement doit également changer. Pour faire face à l’incertitude, nos organisations doivent être flexibles et toujours en apprentissage. Ces attributs pèseront plus dans nos solutions que les coussins économiques défensifs (la réponse clé à la crise financière de 2007-2008). La nouvelle position nous permet de répondre aux discontinuités de la chaîne d’approvisionnement, aux sauts technologiques, et les changements sociétaux. On accorde plus d’importance à l’anticipation des perturbations et des tendances qu’à l’élaboration de budgets et de plans détaillés.

  • Au-delà du renforcement de la résilience des entreprises et de l’économie, les dirigeants publics et privés doivent également renforcer la résilience de la société.

Les solutions de croissance véritablement durables et inclusives vont au-delà de l’amélioration des performances commerciales et économiques. Ils contribuent également à la réparation et à la préservation de l’environnement naturel, enrichissent les pays à faible revenu et améliorent véritablement la vie et les moyens de subsistance de segments de population historiquement marginalisés. Cette compréhension peut être pleinement intégrée dans les déclarations d’objectif et les actions des entreprises ainsi que des institutions publiques. Pour les entreprises, l’adoption de normes et de mesures environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) peut aider à optimiser la stratégie pour un impact sociétal positif. Pour les gouvernements, des mesures telles que le cadre des niveaux de vie de la Nouvelle-Zélande vont dans la bonne direction, valorisant plus que les chiffres du PIB comme indicateurs de la richesse nationale.

Conclusion :

Nous pouvons élaborer un programme commun de résilience, mais pour ce faire, nous devons de toute urgence intensifier le dialogue entre les secteurs public et privé. Les décisions clés et les engagements financiers pris maintenant détermineront notre orientation au lendemain de la pandémie. Notre point de départ est une vision consolidée des thèmes de la résilience. Cela nous permettra de mieux comprendre les opportunités de croissance durable et inclusive pour les entreprises, les pays et les sociétés. Nous devons renforcer nos muscles de résilience maintenant. L’enjeu n’est rien de moins qu’un avenir prospère pour la vie organisée sur notre planète.