Une interview de Charlotte Alliot à Next Finance, selon elle, Head of Institutional Derivatives chez Euronext, l’indice ESG 80 améliore le score ESG global de 16,1% et le score de transition énergétique de 26,2% comparé à son benchmark…
Pourquoi lancer un nouvel indice ESG baptisé Euronext Eurozone ESG Large 80 ?
Charlotte Alliot : Nous avons lancé ce nouvel indice en avril 2020 car nous avons été approchés par plusieurs membres de nos marchés afin de créer un benchmark à forte conviction ESG qui devait satisfaire plusieurs critères : répondre aux besoins des investisseurs à travers un indice public accessible à tous, être orienté sur la transition énergétique avec un fort degré d’exclusion, être suffisamment liquide, être représentatif de l’économie de la zone euro, et donc de la répartition sectorielle de son indice mère l’Euronext Eurozone 300, et enfin, surtout ne pas faire de greenwashing.
Euronext avait déjà lancé il y a quelques années un indice Low Carbone. Quelles sont les principales différences ? Pouvez-vous nous expliciter la méthodologie de construction de ce nouvel indice ESG 80 ?
Ce nouvel indice bas carbone, baptisé Euronext ESG 80, permet d’investir dans les 80 sociétés cotées les plus performantes en matière d’ESG dans la zone euro. Il s’agit d’un indice public, à la différence de l’indice Low Carbon 100 Europe qui est exclusif à BNP Paribas pour leur ETF.
Pour construire l’indice ESG 80, nous sommes partis d’un échantillon comportant les 300 plus importantes capitalisations boursières, avant d’appliquer un filtre excluant 20 % des sociétés les moins performantes d’un point de vue social, puis les 20 % les moins performantes sur la gouvernance. Sont également exclues, les sociétés ayant une controverse critique avec les principes de l’UNGC, ainsi que celles impliquées dans le charbon, le tabac ou les armes controversées. Enfin, les 80 valeurs avec le meilleur score de transition énergétique (scores définis par notre partenaire Vigeo Eiris, filiale de Moody’s) sont retenues, tout en conservant une représentation sectorielle proche de l’indice mère.
En quoi l’indice ESG 80 se différencie des autres benchmarks de la zone euro ?
En termes de performance et de volatilité, on constate une similitude entre l’ESG 80 et son indice de référence, l’Euronext Eurozone 300.
En revanche, pour un profil de risque-rendement identique et selon la méthode de Vigeo Eiris, l’ESG 80 améliore le score ESG global de 16,1% et le score de transition énergétique de 26,2% comparé à l’EZ300. Cela fait donc de lui un indice de qualité répondant aux attentes des investisseurs, tout en leur permettant de s’approcher au plus près de hauts scores ESG.
Et indice vise à servir de sous-jacent pour quel type de produits financiers ?
Les récents efforts de promotion pour ce nouvel indice nous permettent d’être optimistes sur son développement à venir auprès des détenteurs d’actifs. Il a pour but d’accompagner la réallocation des encours vers un indice responsable, engagé vers la transition climatique. En ce sens, nous sommes actuellement en discussion avec des fournisseurs d’ETF, des émetteurs de Produits Structurés et des investisseurs institutionnels. La méthodologie est positivement reçue par ces différents acteurs car elle allie liquidité et représentativité à de forts critères de sélection en termes d’ESG.
Quelle est la nature du contrat à terme sur cet indice ?
Nous avons lancé un contrat à terme sur l’indice ESG 80 le 1er juin 2020. Sa liquidité est actuellement assurée par quatre market makers engagés pour une économie responsable, présents depuis le jour du lancement : BNP Paribas, DRW, Optiver et Société Générale.
Une des vocations principales de ce contrat à terme est de faciliter grandement la réallocation des actifs d’investisseurs vers des produits financiers verts et responsables. Euronext considère que nous avons un rôle majeur à jouer pour accompagner ce mouvement et qu’il est de notre devoir de faciliter cette transition. Ainsi, les frais de transaction (négociation et compensation) sur ce contrat dérivé sont les plus accessibles en Europe.
Projetez-vous de créer d’autres indices verts, enrichissant votre gamme qui en compte plus de 40 à ce sujet ? Si oui, autour de quelle thématique spécifique ?
Nous avons plusieurs projets de nouveaux indices ESG à venir. L’un d’entre eux est sur le segment obligataire à travers des indices obligataires verts (green bonds), mais il est encore trop tôt pour communiquer dessus. Nous travaillons aussi sur le lancement de nouveaux indices PAB (Paris-aligned benchmark) focalisés sur la décarbonisation, notamment à destination des émetteurs d’ETFs.
Quelles sont vos ambitions en matière d’investissement responsable ?
Une de nos ambitions est d’établir des indices boursiers verts et publics au sein de la zone euro pour servir de référence aux investisseurs. Nous souhaitons également développer notre gamme d’obligations responsables (à la fois vertes, bleues et sociales), d’ETFs et de produits dérivés. Ces objectifs font partie de notre plan stratégique sur trois ans intitulé : « Let’s Growth Together 2022 », comportant un pilier clé focalisé sur l’ESG, à la fois dans nos produits et services financiers, mais aussi dans notre politique RSE interne, notre empreinte carbone, les relations avec nos clients et partenaires et notre investissement sociétal.
D’ailleurs, Euronext fait partie de l’initiative Sustainable Stock Exchanges (SSE) des Nations Unies, qui a pour mission d’étudier les moyens de collaboration entre les places financières et les investisseurs, ainsi que les régulateurs et les entreprises avec un double objectif : améliorer la transparence face aux enjeux ESG et encourager le financement responsable et de long terme.