La livre sterling et les rendements des obligations d’État britanniques

Après l’accord trouvé in extremis entre Boris Johnson et les 27 membre de l’Union Européenne quant à l’organisation du Brexit jeudi 17 octobre, les députés de la chambre des communes se sont réunis deux jours plus tard.

On le rappelle, le Brexit a été voté à 52,7% par le peuple britannique. La majorité des anglais attend donc toujours le passage à l’ action du gouvernement.

Cependant face aux supplications de Boris Johnson d’approuver l’accord de divorce, les réactions des députés ont été mitigées. A moins de deux semaines du 31 Octobre (date fixée pour la sortie du Royaume-Unis de l’UE), le premier ministre s’est vu réprouvé par un député de son propre camp : le conservateur Oliver Letwin (expulsé de son parti depuis…).

Letwin est parvenu à faire adopter avec 322 voix un amendement qui complique considérablement les objectifs de Johnson. Ce retournement de situation contraint Boris Johnson à reporter le Brexit, le temps que la législation qui s’impose soit adoptée.

Découvrez ci-dessous une analyse de Howard Cunningham, gérant de portefeuille chez Newton Investment Management (BNY Mellon Investment Management) sur la livre sterling et les rendements des obligations d’État britanniques, qui évoluent au rythme des négociations sur le Brexit.

« On est déjà passés par cette même phase : un Premier Ministre britannique conclut un accord avec l’UE, mais tout en unissant de part et d’autre le DUP en Irlande du Nord, le “Brexit Party”, et les nationalistes écossais, qui s’y opposent tous, de sorte que les calculs pour faire passer cet accord au parlement paraissent encore difficiles. Cependant, deux hypothèses pourraient faciliter son passage à la Chambre des Communes.

Premièrement, si le Premier Ministre Johnson parvient à convaincre l’UE27 d’affirmer “c’est cet accord ou rien, et surtout pas de prolongation” (ce qui semble peu probable), ou, deuxièmement, l’engagement pris par le Parti travailliste de soumettre tout accord à un référendum. Le premier pousserait ceux qui craignent le “no deal” à voter en sa faveur, et le second pourrait persuader le DUP et les “Brexiteers” radicaux qu’il pourrait s’agir d’un choix clair entre cet accord ou pas de Brexit.


“Dans l’éventualité d’un accord entériné, la livre sterling présente un plus grand potentiel de hausse 
(autour de 5 %), mais il y a un potentiel de baisse pour les “gilts”, les obligations d’Etat britanniques (quoique limité en raison de la morosité du contexte économique mondial et des faibles rendements obligataires dans d’autres zones géographiques).

Dans l’éventualité (peu probable) d’un “no deal” net le 31 octobre, le potentiel de baisse de la livre sera plus fort, tandis que les rendements des obligations d’État baisseraient, du moins dans un premier temps, même si des menaces à plus long terme se présenteraient quant à leur statut de valeur refuge.

Si rien n’est résolu ce mois-ci, et qu’une prolongation est accordée en vue d’un nouveau référendum ou des élections anticipées, les “gilts” et la livre sterling resteront dans les limbes, étant donné que l’issue sera très imprévisible, dans un sens comme dans l’autre.”