La filière du blé en France subit une crise majeure en 2024, marquée par la plus faible récolte depuis 1983. Les agriculteurs font face à des rendements en chute libre et des prix stagnants, affectant toute la chaîne d’approvisionnement et entraînant des pertes économiques significatives pour le pays.
Une moisson historiquement faible
La filière du blé en France traverse une période extrêmement difficile en 2024, marquée par la plus petite récolte enregistrée depuis 1983. La France, qui est habituellement l’un des principaux producteurs de blé en Europe, voit ses agriculteurs confrontés à une double peine : des volumes de production faibles et des prix peu rémunérateurs. Cette situation met en péril l’ensemble de la filière céréalière, des exploitants agricoles jusqu’aux exportateurs.
Les conditions météorologiques, notamment des précipitations incessantes du début des semis jusqu’à la récolte, ont considérablement réduit les surfaces cultivées et les rendements. Gautier Le Molgat, directeur général France d’Argus Media, a souligné cette situation critique lors d’une conférence de presse, déclarant que « la filière céréalière française va connaître une année très difficile ».
Des rendements en forte baisse
Les signes d’une mauvaise récolte étaient déjà visibles dès octobre 2023, lorsque les semis ont débuté sous des pluies persistantes. Les emblavements, c’est-à-dire les surfaces ensemencées en blé, ont chuté à seulement 4,24 millions d’hectares, une surface aussi faible qu’au début des années 1980. Les précipitations ont continué sans relâche jusqu’à la récolte, entraînant une baisse drastique des rendements. En moyenne, les agriculteurs ont récolté 59,3 quintaux (5,93 tonnes) par hectare, soit une diminution de 20 % par rapport à l’année précédente, où les rendements se situaient entre 70 et 80 quintaux par hectare.
Cette chute des rendements se traduit par une situation financière catastrophique pour les exploitants. Selon les estimations d’Argus Media, les agriculteurs pourraient perdre plus de 200 euros par hectare de blé cultivé cette année. En comparaison, la marge était de 400 euros par hectare en 2021 et atteignait même 800 euros en 2022. Presque toutes les régions sont touchées, avec des baisses de production variant de -9 % en Bourgogne-Franche-Comté à -43 % en Nouvelle-Aquitaine.
Un impact économique majeur pour toute la filière
Les conséquences de cette récolte catastrophique ne se limitent pas aux seuls agriculteurs. L’ensemble de la filière, de la collecte au transport en passant par le stockage, est affecté. Moins de blé récolté signifie moins d’activité pour chaque maillon de la chaîne, ce qui se traduit par une diminution des exportations. Les volumes disponibles pour l’exportation hors Union européenne ont chuté de 60 %, tombant à 4,1 millions de tonnes. Cette baisse des exportations représente une perte de chiffre d’affaires estimée à 1,4 milliard d’euros pour la France.
Des perspectives mondiales et des incertitudes
Au niveau mondial, la situation est tout aussi complexe. Les prix du blé, qui se situent actuellement autour de 200 euros la tonne à Paris, ne devraient pas connaître de hausse significative à court terme. Bien que la récolte en Russie ait légèrement baissé, elle reste l’une des meilleures de l’histoire du pays avec 82,6 millions de tonnes. De plus, les productions en Ukraine, aux États-Unis, en Australie et en Argentine sont globalement satisfaisantes, ce qui maintient l’équilibre entre l’offre et la demande mondiale.
Cependant, deux incertitudes majeures subsistent : la demande de blé en Inde et en Chine. En Inde, malgré une récolte correcte, les besoins d’importation sont évalués à 3 millions de tonnes. Quant à la Chine, les importations pourraient atteindre 11 millions de tonnes, mais le pays n’a pas encore commencé ses achats, ce qui ajoute une dose d’incertitude sur le marché mondial.
En conclusion
La filière du blé française du blé fait face à l’une des pires crises depuis des décennies. Avec une récolte historiquement basse et des prix stagnants, les agriculteurs et l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement subissent de plein fouet les conséquences de cette année 2024 catastrophique. Les perspectives à court terme restent moroses, avec peu d’espoir de reprise rapide des prix du blé sur le marché mondial. La situation appelle à une réflexion profonde sur les stratégies à adopter pour renforcer la résilience de la filière face aux aléas climatiques de plus en plus fréquents.
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