Le soutien des actionnaires aux résolutions de gouvernance a fortement progressé lors des Assemblées Générales de 2024. Parallèlement, les résolutions portant sur l’environnement et le social (E&S) continuent de perdre du terrain, selon une récente étude de Morningstar Sustainalytics. Les résolutions sociales ont dominé en volume dans la catégorie E&S, mais elles sont les seules à voir leur nombre augmenter cette année.
Lindsey Stewart, directrice de la recherche et des politiques de gouvernance chez Morningstar Sustainalytics, souligne que « les résolutions d’actionnaires visant des résultats sociaux dominent encore la catégorie E&S. En 2024, elles sont les seules résolutions ESG à croître, en grande partie à cause des partisans anti-ESG. Bien que les résolutions environnementales aient eu plus de soutien que les sociales en 2022, cet écart s’est réduit. »
En revanche, le soutien aux résolutions relatives à la gouvernance s’est renforcé. En 2024, leur taux de soutien moyen est passé de 30 % à 36 %, reflet de l’intérêt grandissant des investisseurs institutionnels pour les droits des actionnaires. À l’inverse, les propositions E&S ont vu leur soutien chuter de 22 % à 20 %, marquant un scepticisme croissant chez les grands gestionnaires d’actifs.
Principaux enseignements de l’étude de Morningstar Sustainalytics :
- Soutien moyen des résolutions ESG
En 2024, le soutien moyen des résolutions ESG aux États-Unis s’est stabilisé à 23 %, après une baisse importante en 2023. Si l’on exclut les résolutions déposées par des partisans anti-ESG, le soutien moyen atteint 27 %, contre 26 % l’année précédente. - Rebond des résolutions de gouvernance
Le soutien aux résolutions de gouvernance a augmenté en 2024, atteignant 36 %, après un niveau de 30 % en 2023. Cela reflète un intérêt accru pour les droits des actionnaires. Pendant ce temps, les résolutions environnementales et sociales continuent de perdre du soutien, passant de 22 % à 19 %. Bien que la baisse persiste, elle s’est ralentie cette année. - Résolutions clés en déclin
Le nombre de résolutions clés, définies comme celles obtenant au moins 40 % de soutien des actionnaires indépendants, est tombé à 37 en 2024, contre 103 en 2022. Cette baisse s’explique par le scepticisme croissant des grands gestionnaires d’actifs, qui remettent en question la pertinence de nombreuses propositions environnementales et sociales. - Résolutions de soutien ajusté
Lorsque l’analyse inclut les propositions ayant reçu un soutien ajusté (hors actionnaires dirigeants) d’au moins 30 %, on observe une relative stabilité, voire une légère croissance des résolutions de la catégorie bronze. Ces résolutions, avec un soutien compris entre 30 % et 39,99 %, sont plus régulièrement soutenues par d’autres gestionnaires d’actifs.
Soutien des grands gestionnaires d’actifs
Les grands gestionnaires américains comme BlackRock, Vanguard et State Street ont encore réduit leur soutien aux propositions E&S en 2024. Ces entreprises jugent de plus en plus que de nombreuses résolutions sont soit trop normatives, soit redondantes, soit peu pertinentes pour leurs portefeuilles. Notamment, State Street, qui avait historiquement adopté une approche modérée mais stable vis-à-vis de l’ESG, a fortement réduit son soutien cette année.
En Europe, les gestionnaires continuent de soutenir fortement les résolutions ESG. Contrairement aux trois grands gestionnaires américains, les quatre autres gestionnaires analysés dans l’étude ont maintenu un soutien relativement stable, bien qu’en légère baisse.
Ce qu’il faut retenir
En 2024, les tendances divergentes entre les résolutions de gouvernance et celles relatives à l’environnement et au social se poursuivent. Alors que les résolutions de gouvernance gagnent en popularité parmi les investisseurs, celles liées à l’ESG continuent de reculer, en particulier aux États-Unis, où les grands gestionnaires d’actifs remettent en cause leur pertinence. Cette évolution marque un changement important dans les priorités des investisseurs institutionnels et met en lumière le défi de trouver un équilibre entre les préoccupations sociales, environnementales et la gouvernance d’entreprise.
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