Le 19 octobre dernier, Bruno Lemaire a acté la création du label « France Relance », énième label français à venir garantir le caractère vert, responsable ou solidaire, ou les trois à la fois, des fonds d’investissement. Inciter les ménages français à participer à la relance économique de la France en orientant son épargne vers les PME et les ETI green, telle est la réponse de Bercy à la crise sanitaire et économique sans précédent que nous traversons. Après plusieurs appels sans réponse [ 1 ; 2 ; … ], Bruno Boggiani, CEO de Green Finance Strateggyz, réinterpelle le gouvernement.
Normes, labels, notations : comment structurer la green finance ?
Multiplication des critères ESG, opacité des systèmes de notation ou redondance des labels créés : difficile d’identifier avec précision les entreprises réellement green. Pourtant, un peu comme dans le domaine alimentaire, les investisseurs devraient pouvoir se fier à un contrôle qualité notoirement fiable. Pour cela, encore faudrait-il qu’une réelle méthodologie ait été préalablement définie. Quelles sont les conditions d’accès au label ?
Il suffit de payer son audit 10K EUR ? 15K EUR ? De telles vérifications doivent-elles être menées au niveau public ou privé ? La surface financière AUM (Asset Under Management) de l’instance concernée pèse-t-elle dans la balance ? Doit-on avoir davantage confiance en un Asset Manager de premier niveau européen, un top ten niveau mondial, un Asset Manager de type A par exemple ? 1.6 Trillons AUM est plus crédible qu’un petit dans son analyse ? Enfin, peut-on espérer un rayonnement européen voire international d’une norme édictée ? Autant de questions laissées sans réponse et qui autorisent le fleurissement de toutes sortes d’appellations sans crédibilité aucune.
Label « France Relance » : quelle pertinence ?
Le Ministère des Finances et de l’Économie vient d’ajouter le label « France Relance » à la longue liste des labels français censés garantir les produits financiers durables dans l’hexagone. Destinée à rasurer les investisseurs et à orienter leur épargne vers des financements labellisés, cette nouvelle étiquette, miraculeuse trouvaille de Bercy, est supposée calmer la colère sourde des entreprises touchées de plein fouet par la crise. En réalité, Bruno Lemaire se met progressivement à l’eau pétillante… Dans cette course effrénée aux labels, les Asset Managers, quelle que soit leur taille, agitent leur marque tel un hochet à la barbe des investisseurs pour tenter de capter à eux les flux investis dans les fonds durables. Ont-ils tous oublié que l’éco-système économique n’échappe pas aux lois de la sélection naturelle ? A l’image des fameux PRI (Principes pour l’investissement Responsable) engourdis dans une molle léthargie depuis plus de deux ans, quelle est la pertinence d’un nouveau label dont l’espérance de vie est d’ores et déjà menacée ?
Novethic se réveille enfin ! ( sincèrement, tant admiré par Green Finance )
Enfin un article, ( autre que le bilan carbone du cornet de frite ) qui met en avant les véritables difficultés du Green.
Quid de la détention des DATAS?
Label ISR, Label Greenfin, Label « France Relance » : est-ce vraiment la question qui nous intéresse ? La question sous-jacente à toutes ces gesticulations autour des normes, notations et labels est bien plus lourde de conséquences et concerne les datas. Pour obtenir mon précieux, combien de datas dois-je céder en contrepartie ? Et qui va les collecter, les posséder, en disposer et en user ? Pendant que l’on s’égare sur les chemins tortueux de la multiplicité normative, le Luxflag , ( du Luxembourg Stock Exchange – LGX Green Exchange ) quant à lui poursuit son petit bonhomme de chemin Européen. Une leçon qui n’est pas sans rappeler l’écueil des agences de notation qui distribuaient les triple A à tout va avant la crise de 2008. Plus de dix ans après, Bercy a-t-il délibérément choisi de reproduire les même erreurs ? Comme un scénario dont la fin serait tristement prévisible…