Des mesures climatiques demandées aux Etats du G20

  • Dans le cadre des contributions déterminées au niveau national (NDC), une coalition mondiale  d’investisseurs représentant 5 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion sous l’égide du  réseau d’investisseurs FAIRR, demande aux gouvernements du G20 de dévoiler des objectifs  spécifiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) pour le secteur agricole  en vue de la COP26.  
  • Ce groupe d’investisseurs est soutenu par Ban Ki-Moon, ancien Secrétaire Général des Nations  Unies et l’un des principaux architectes de l’Accord de Paris, afin d’alerter sur l’implication du secteur agricole dans le changement climatique.  
  • Les recherches de FAIRR révèlent qu’aucune NDC publiée par les membres du G20 ne  comporte actuellement d’objectifs nationaux clairs en matière de réduction des émissions carbone dans le secteur agricole. En comparaison, 50% des données NDC du G20 ont des  objectifs pour le secteur énergétique.  
  • « Les gouvernements ont l’occasion de faire preuve de leadership et d’être transparents quant  à la part de leurs engagements climatiques qui proviendra de l’agriculture. Les marchés  financiers ont besoin de ces données », déclare Jeremy Coller, président du réseau  d’investisseurs FAIRR Une coalition mondiale d’investisseurs et l’ancien Secrétaire Général des  Nations Unis Ban Ki-moon appellent toutes les nations du G20 à publier des objectifs spécifiques de  réduction des émissions du secteur agricole dans le cadre de leurs contributions déterminées au  niveau national (NDC), en vue des négociations climatiques de la COP26 prévue en novembre prochain.  

Une coalition mondiale d’investisseurs appuyée par l’ancien Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-Moon, un architecte de premier plan de l’Accord de Paris, dépose une déclaration appelant les pays du G20 à divulguer au plus tôt des cibles spécifiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre provenant du secteur agricole dans le cadre des Contributions déterminées au niveau national (CDN) d’ici la tenue des pourparlers de la COP26 sur le climat en novembre. Cette offensive s’inscrit également dans la perspective de la réunion des pays du G20 qui aura lieu à Venise le 11 juillet.

« Un effet bœuf sur le climat »

Des investisseurs représentant 5 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion et coordonnés par le mouvement FAIRR, recommande aux  gouvernements d’être encore plus transparents sur la manière d’atteindre leurs objectifs de  contributions déterminées au niveau national, et en particulier, sur la part de réduction des émissions  de GES prévues pour le secteur agricole.  

Le secteur agricole compte présentement pour un tiers des émissions mondiales . Cependant, aucune des CDN actuellement publiés ne comprend de cibles nationales claires pour la réduction des émissions attribuables au secteur agricole. Ce n’est pas le cas d’autres secteurs à fortes émissions : 50 % des CDN actualisées du G20 ont des cibles pour le secteur énergétique et 20 % pour le transport (voir les détails dans la Note à l’éditeur).

L’atteinte d’émissions net-zéro sera impossible sans une réorganisation radicale du secteur agricole. Les investisseurs exigent donc une plus grande clarté de la part des leaders mondiaux quant au rôle que jouera ce secteur souvent ignoré dans leurs plans de réduction de carbone si les billions de dollars requis pour une transition à faibles émissions doivent être débloqués avec succès.

Jeremy Coller, Président de FAIRR et Responsable des investissements chez Coller Capital, déclare :  

« Les vaches sont le nouveau charbon. Les émissions liées à l’agriculture et à l’utilisation connexe des  terres sont au même niveau que les gaz à effet de serre émis par l’Union européenne, les États-Unis et  le Japon réunis. Si le processus de la COP26 peut exposer de manière transparente les plans de chaque  pays pour s’attaquer à l’empreinte climatique de l’agriculture, cela renforcerait la confiance des  investisseurs pour mobiliser des capitaux vers une alimentation et une agriculture plus durable. 

Si les investisseurs ne savent pas où ils vont, n’importe où fera l’affaire. Réduire les émissions sans feuille  de route pour y parvenir est non seulement inefficace, mais aussi très préjudiciable pour les  investisseurs et les entreprises soucieux d’assurer une transition juste et équitable vers une économie  nette zéro. Les gouvernements ont l’occasion de montrer l’exemple et d’être transparents quant à la  part de leurs engagements en matière de climat qui proviendra de l’agriculture. Les marchés financiers  ont besoin de ces données. C’est pourquoi je me joins aujourd’hui aux investisseurs gérant plus de 5 000  milliards de dollars d’actifs pour avertir que “les vaches sont le nouveau charbon” et demander aux  dirigeants du G20 : « Un effet bœuf sur le climat ».

Ban Ki-Moon, huitième Secrétaire Général des Nations unies, et l’un des architectes de l’Accord de  Paris en 2015, déclare :  

« Les gouvernements progressent avec des promesses ambitieuses de réduction des émissions, mais si  nous voulons atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, les pays doivent également préciser comment  ils vont s’attaquer au niveau élevé d’émissions du secteur agricole dans le cadre de leurs engagements  climatiques nationaux. Je soutiens les investisseurs et la campagne « Un effet bœuf sur le climat ». afin que les gouvernements soumettent des plans climatiques actualisés avant la COP26. Des objectifs  transparents de réduction des émissions aideront les investisseurs et les parties prenantes à mesurer  les progrès accomplis vers le “net zéro” et à planifier la transition vers une agriculture plus durable. Les  gouvernements doivent travailler avec les agriculteurs pour construire un secteur agricole durable et  intelligent sur le plan climatique, qui préserve les moyens de subsistance et les communautés qui  dépendent de l’agriculture dans le monde entier. » 

La déclaration s’intitule « Un effet bœuf sur le climat », car le secteur agricole englobe la production  de viande bovine, qui est actuellement le secteur le plus émetteur de l’agriculture animale et qui, à lui  seul, est responsable de 15% de toutes les émissions de gaz à effet de serre. Le secteur agricole dans  son ensemble est actuellement exposé à des risques climatiques potentiellement dévastateurs. Une  analyse montre, par exemple, que 40 des plus grandes entreprises de viande du monde risquent de  perdre jusqu’à 11 milliards de dollars en cas de taxation du carbone. La coalition souligne que l’absence  d’objectifs nationaux clairs dissuade les entreprises agricoles d’agir en faveur du climat. Alors que la  réglementation mondiale évolue vers une accélération de la décarbonisation, des objectifs nationaux  clairs pour l’agriculture conduiront à une transition mieux gérée, plus opportune et mieux maîtrisée  pour tous. 

Dans le cadre de leurs CDN :

  • L’Union européenne s’est engagée à réduire ses émissions de carbone de 55 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990.
  • Le Royaume-Uni s’est engagé à réduire ses émissions de 78 % d’ici 2035 par rapport aux niveaux de 1990.
  • Les Etats-Unis se sont engagés à réduire de moitié leurs émissions d’ici 2030.
  • Le Japon prévoit réduire ses émissions de 46 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2013.
  • Le Canada réduira ses émissions de 40 à 45 % au cours de la prochaine décennie.
  • Toutefois, aucune de ces CDN ne cible spécifiquement une réduction des émissions provenant du secteur agricole. Les investisseurs soutiennent qu’il est urgent de le faire, compte tenu du fait que le tiers des plus importantes producteurs mondiaux de protéines animales a enregistré une augmentation de ses émissions en 2019. 

Pour conclure, la coalition encourage aussi les pays à aller plus loin en établissant des cadres stratégiques vers une transition plus saine et des régimes alimentaires durables qui stimulent la santé humaine tout en demeurant dans les limites planétaires, par exemple en y incorporant davantage d’options protéiniques durables. À l’heure actuelle, on produit chaque année dans le monde 340 millions de tonnes de viande, plus de trois fois ce qu’on produisait il y a 50 ans. Le GIEC souligné le potentiel de régimes à base de plantes dans les changements climatiques. La coalition invite donc les gouvernements du G20 à expliquer à leurs populations comment elles peuvent incorporer des sources additionnelles de protéines durables à leurs régimes afin de s’attaquer à l’insécurité alimentaire, de bâtir des chaînes logistiques plus solides, de protéger la biodiversité et de réduire les émissions de gaz à effet de serre.