Invesco : Pourquoi les actions européennes affichent-elles des valorisations attractives ?

Les actions européennes affichent des valorisations attractives par rapport aux autres marchés régionaux d’actions et obligataires. Elles sont toutefois exposées aux risques d’une éventuelle récession et d’un atterrissage économique brutal et sont également soumises au risque lié à la direction que prendront les taux d’intérêt. Des réglementations ont été mises en place pour soutenir la démarche en faveur de l’investissement net zéro, encourageant les investissements dans les entreprises ayant fait de l’investissement durable leur fer de lance.

Oliver Collin
Co-Head of European Equities

Pourquoi les actions européennes affichent-elles des valorisations attractives ?

Les actions européennes affichent des valorisations attractives par rapport aux autres marchés régionaux d’actions et d’obligations.

Les inquiétudes planant au-dessus du cycle mondial, des coûts énergétiques et de l’inflation au sens plus large ainsi que la guerre en Ukraine ont lourdement pesé sur les flux d’actions européennes, rendant les actions européennes intéressantes du point de vue de la valorisation. Il s’agit potentiellement d’un très bon point de départ pour les rendements des actionnaires.

Même si les données économiques de 2023 ont confirmé une récession technique mineure, les bilans des entreprises européennes sont solides et, dans le cadre de notre stratégie européenne, les entreprises affichent des niveaux d’endettement très faibles, voire nuls.

Ces facteurs sont déterminants car la faiblesse des bilans en cas de tassement économique peut se traduire par une difficulté à émettre des actions. C’est ce qui s’est produit dans le secteur bancaire après la crise financière mondiale de 2008, par exemple. Si les bilans sont robustes, comme aujourd’hui, ce risque est faible.

S’agissant des banques, elles sont aujourd’hui non seulement bien capitalisées, mais la génération de capital s’accompagne également de taux d’intérêt plus élevés, qui leur permettent de verser d’importants dividendes et d’entreprendre des rachats d’actions d’envergure. La situation est aujourd’hui totalement différente de celle de la dernière décennie.

Nous pensons également que les taux d’intérêt resteront « plus élevés pendant une longue période » – nous y reviendrons plus tard – ce qui rend les arguments en matière d’investissement à long terme encore plus convaincants pour les banques.

Quels sont, d’après vous, les risques qui pèsent sur les actions européennes ?

Les principaux risques sont principalement ceux d’une récession et du type d’atterrissage économique à venir (sera-t-il doux ou brutal ?) ainsi que la direction des taux d’intérêt.  Ces deux questions auront des répercussions sur l’ensemble des marchés, et pas seulement sur le marché des actions européennes.

En réponse aux préoccupations liées à la récession, les chiffres macroéconomiques européens et les rapports financiers d’entreprises révèlent que le secteur manufacturier est celui qui a été le plus durement touché par la récente morosité économique, notamment par un important déstockage cyclique. En revanche, les secteurs des services et de la consommation ont été bien plus résistants, soutenus par un niveau d’emploi élevé, une croissance des salaires, une solide épargne et une demande jusqu’alors refoulée.

Cette scission au sein de l’économie s’est reflétée dans le cours des actions des entreprises en amont, comme le secteur manufacturier, qui a vu ses bénéfices diminuer et ses valorisations se dégrader – parfois, plus fortement qu’en 2009.  Parallèlement, les bénéfices des sociétés de services orientées vers le consommateur sont restés solides ; les mesures de valorisation demeurant élevées par rapport aux chiffres passés.

En cas d’atterrissage économique « en douceur », les secteurs manufacturiers en amont rebondiraient, tant sur le plan opérationnel qu’en termes de valorisations. Ces derniers ont été les premiers à entrer en récession et seront, d’après nous, les premiers à s’en sortir.  En cas d’atterrissage « brutal », nous pensons que les retombées négatives sur les segments cycliques du marché seraient plus limitées compte tenu des baisses extrêmes déjà anticipées. À l’inverse, pour le segment des services et de la consommation, le risque de baisse et de valorisation serait important.  Dans le cadre de notre stratégie européenne globale, notre exposition cyclique est davantage centrée sur les secteurs manufacturier et industriel. Nous nous tenons à l’écart des titres centrés sur le consommateur et les titres de services qui sont à la fois exposés au risque cyclique et de valorisation.

Pour en revenir aux taux d’intérêt, il est improbable que les taux d’intérêt renouent avec les plus-bas enregistrés au cours de la décennie qui a suivi la grande crise financière. Le taux de chômage est faible, les salaires continuent d’augmenter et l’inflation continue de dépasser la tendance.  Le risque, selon nous, est que les taux d’intérêt restent élevés pendant une longue période (c’est « la Montagne de la Table » contre le « Cervin »).  Les actions de croissance, ou à duration longue, telles que les valeurs technologiques, qui ont tiré parti des faibles taux d’intérêt au cours de la dernière décennie pour financer leur expansion et soutenir leurs multiples de valorisation, pourraient bien ne plus dominer les performances.

Où se trouvent d’après vous les principales opportunités en Europe ?

Comme tous ces éléments le suggèrent, les perspectives des actions européennes ne sont pas à sens unique : il y a des nuances à la fois au niveau sectoriel et au niveau des actions individuelles et les investisseurs ne peuvent se fier à une simple approche de croissance, de valeur ou à toute autre approche à facteur unique. 

Notre approche éprouvée dans la sélection de titres en fonction de leurs fondamentaux, ainsi que l’attention que nous portons à la transition vers la qualité, sont parfaitement adaptées à cet environnement d’investissement plus complexe.  Nos stratégies bénéficient de nombreux thèmes différents. Comme nous l’avons déjà mentionné, les titres qui ne visent pas les consommateurs, les titres manufacturiers et à forte intensité de capital sont intrinsèquement plus attrayants, mais nous sommes également exposés aux sociétés pharmaceutiques de grandes capitalisations dont le cours des actions ne possède pas ou peu de potentiel de croissance future via la R&D.

Le secteur énergétique est également extrêmement intéressant dans la conjoncture actuelle car les cours du pétrole pourraient être soutenus à court terme par une pénurie sur le front de l’offre américaine. Plus important encore, les grands groupes intégrés du secteur énergétique sont un autre domaine dans lequel beaucoup ont une dette extrêmement faible ou négligeable ; ils génèrent d’énormes quantités de flux de trésorerie disponibles qu’ils restituent ensuite aux actionnaires via des dividendes et des rachats d’actions – un thème identique à celui des titres bancaires. 

L’ESG sera au cœur des investissements

Ce serait une erreur de ne pas mentionner la transition énergétique ici : les bilans solides et les flux de trésorerie disponibles sont synonymes de forte capacité à investir dans des programmes impliquant des énergies renouvelables avec des rendements potentiellement élevés. Á mesure que la communauté ESG réalisera le rôle clé que jouent ces entreprises dans la décarbonation mondiale, ces dernières bénéficieront également d’une plus grande attention de la part de la communauté des investisseurs.

L’ESG est un thème central en Europe : Des réglementations continuent d’être introduites à tous les niveaux pour soutenir la démarche vers l’investissement net zéro et encourager les investissements dans cette direction. Encore une fois, il s’agit d’un autre thème clé de notre stratégie européenne.