
À l’heure où le changement climatique s’impose comme une menace planétaire, une question se pose pour les investisseurs : leurs placements sont-ils suffisamment protégés contre les risques environnementaux, notamment le coût croissant du carbone ? Une étude récente menée sur les 50 plus grands fonds d’investissement en actions européennes et zone euro, immatriculés en France, révèle des résultats alarmants. Bien que les critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) soient de plus en plus utilisés pour orienter les décisions d’investissement, ces fonds ne sont pas suffisamment préparés à une tarification carbone accrue. En effet, 72% des fonds analysés présentent un risque financier élevé face à une éventuelle hausse du prix du carbone. Cet article explore les résultats de cette étude et les implications de ce phénomène pour l’avenir de l’investissement durable.
Le Score Carbone : un indicateur de risque sous-estimé
La méthode innovante du Score Carbone, développée par Axylia, permet d’évaluer la capacité des entreprises à supporter le coût des émissions de CO2. Ce score est calculé en prenant en compte les émissions directes et indirectes des entreprises (Scopes 1, 2 et 3), et il reflète l’impact potentiel sur leur rentabilité face à une tarification du carbone. Les résultats de l’étude montrent qu’aucun des 50 fonds analysés n’obtient le score maximal de “A”, ce qui signifie qu’aucun fonds ne serait totalement à l’abri des impacts financiers d’un prix du carbone élevé. En fait, 72% des fonds (soit 36 fonds représentant 46 milliards d’euros d’encours) obtiennent un score négatif, indiquant une vulnérabilité importante à une hausse des prix du carbone.
Les fonds ISR et l’illusion de la protection
Les fonds d’investissement socialement responsables (ISR) sont censés intégrer des critères ESG stricts pour limiter les impacts négatifs sur l’environnement et la société. Cependant, l’analyse révèle que 64% des fonds ISR présents dans l’échantillon présentent également des scores carbone négatifs. L’approche ISR semble donc insuffisante pour se protéger contre les risques climatiques majeurs. Bien qu’une proportion plus élevée de fonds ISR (36%) obtiennent un score positif comparativement aux fonds conventionnels (20%), cette différence n’est pas suffisante pour garantir une véritable résistance aux risques environnementaux.
La réglementation SFDR : un outil de transparence limité
La réglementation européenne SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation), entrée en vigueur en 2021, impose aux gestionnaires d’actifs de classifier leurs fonds selon leur intégration des critères ESG. Les fonds dits articles 8 et 9, censés avoir une forte ou très forte qualité ESG, devraient théoriquement afficher un risque carbone réduit. Pourtant, l’étude montre que 67% des fonds labellisés article 9 (les plus exigeants en matière de critères ESG) ont un score carbone négatif. De plus, seulement 20% des fonds de type article 6, qui ne revendiquent aucune qualité ESG particulière, affichent un score carbone positif. Ainsi, la réglementation SFDR, bien qu’un premier pas vers la transparence, ne permet pas de prédire avec précision l’exposition au risque carbone des fonds. La nécessité d’une évaluation plus fine des risques environnementaux devient donc cruciale.
Le prix du carbone : une menace pour les résultats des entreprises et des fonds
Le prix du carbone, en constante augmentation, représente un défi majeur pour les entreprises, en particulier celles dont les activités reposent sur des secteurs fortement polluants. Selon les estimations des économistes du climat, chaque tonne de CO2 émise a un coût de 108 euros, bien supérieur au prix actuel des quotas européens (environ 60 euros). Ce coût est souvent ignoré par les entreprises, qui ne sont pas tenues de le prendre en compte dans leurs résultats financiers. Le Score Carbone proposé par Axylia ajuste ces résultats en prenant en compte l’impact financier des émissions de CO2, permettant ainsi de déterminer un “résultat financier ajusté du carbone”. Ce stress test financier permet aux investisseurs de mieux comprendre la vulnérabilité des entreprises aux coûts liés aux émissions de carbone et, par extension, d’évaluer les risques associés à leurs investissements.
L’urgence de repenser l’investissement durable
Face à cette situation, il devient évident que l’investissement durable, tel qu’il est pratiqué aujourd’hui, n’est pas suffisamment préparé aux défis environnementaux du futur. L’approche ESG classique, qui se concentre principalement sur les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance de manière séparée, ne prend pas suffisamment en compte les risques financiers liés à la transition énergétique. Le passage à une économie bas-carbone nécessite une révision complète des critères utilisés pour évaluer la durabilité des investissements. Les investisseurs doivent adopter des outils de mesure plus précis et plus transparents, comme le Score Carbone, pour évaluer les risques environnementaux réels auxquels leurs fonds sont exposés.
Vers une transparence accrue : la plateforme ScoreCarbone.fr
Pour répondre à ces enjeux, Axylia a lancé une plateforme dédiée à l’affichage du Score Carbone des entreprises et des fonds d’investissement. Cette initiative vise à offrir aux investisseurs particuliers et institutionnels un accès direct aux informations sur les risques carbone de leurs placements. En intégrant une démarche collaborative, où les internautes peuvent importer et partager des inventaires de fonds, la plateforme ambitionne de couvrir l’ensemble du marché français, avec l’objectif de rendre transparent le véritable impact des investissements sur l’environnement. Cette initiative pourrait constituer une réponse efficace au phénomène du greenwashing, en permettant aux investisseurs de faire des choix éclairés et responsables.
Une nouvelle ère pour l’investissement responsable
L’étude sur les fonds d’investissement en actions européennes démontre qu’une majorité de ces placements ne sont pas préparés aux risques financiers liés à une tarification accrue du carbone. Malgré l’essor des critères ESG, la réglementation SFDR et l’approche ISR, ces outils ne suffisent pas à protéger les investisseurs des menaces climatiques croissantes. Il est désormais impératif de réévaluer les pratiques d’investissement durable et d’adopter des méthodologies plus précises et transparentes, comme le Score Carbone, pour garantir que les fonds et entreprises respectent véritablement les principes du développement durable. La mise en place de plateformes de transparence, telles que scorecarbone.fr, représente un pas important vers un avenir où les investissements financiers sont véritablement alignés avec les objectifs climatiques globaux.
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