Deux ans après, la taxonomie européenne reste un outil précieux pour les investisseurs, commente Jan Vandermosten, senior policy analyst, UE, PRI.
L’influence de la taxonomie
Près de deux ans après l’adoption de la taxonomie de la finance durable de l’UE, les investisseurs progressent sur la manière d’évaluer et de déclarer leurs activités.
Les données des PRI montrent qu’environ 400 signataires des PRI ont utilisé la taxonomie de l’UE pour mesurer les résultats en matière de durabilité en 2021 – soit près de 10 % des signataires à l’époque, et ce avant que le reporting ne devienne obligatoire. Ces résultats soulignent le potentiel de la taxonomie pour orienter les décisions d’investissement vers des objectifs de durabilité.
Ce nombre d’investisseurs utilisant la taxonomie de l’UE pour mesurer leurs résultats devrait augmenter à mesure que le cadre se développe et que des exigences supplémentaires en matière de reporting entrent en vigueur.
Au fur et à mesure que la réglementation évolue, il est important que les acteurs des marchés de capitaux puissent apprendre les uns des autres et innover dans la manière dont ils mettent en œuvre la taxonomie.
Les régulateurs mondiaux se tournent de plus en plus vers les marchés de capitaux pour atteindre les objectifs de durabilité et promouvoir de meilleures pratiques.
Il est encourageant de constater que les signataires que nous avons interrogés pour notre nouveau rapport intitulé “Implementing the EU taxonomy” utilisent ce cadre pour développer des produits innovants, adapter les processus et améliorer les reporting.
Pour ne citer que quelques développements prometteurs, les investisseurs :
- Mettent en place des groupes de travail interfonctionnels au sein de leur organisation pour superviser la mise en œuvre.
- Effectuent un contrôle préalable de toute évaluation de données tierces afin d’obtenir des données crédibles et s’engager auprès de leurs clients.
- Améliorent les reporting en fournissant des chiffres corroborés dans les calculs des indicateurs clés de performance (KPI), en utilisant des validateurs tiers pour vérifier les informations d’alignement de la taxonomie et en fournissant des explications écrites contextualisées sur ces KPI.
- S’engagent avec les décideurs politiques et les superviseurs sur la portée et le contenu de la réglementation.
- Informent les investisseurs finaux pour les sensibiliser
Défis importants restent à relever
Malgré les exemples d’innovation fournis par les membres de notre groupe de praticiens de la taxonomie, certains défis importants restent à relever pour les investisseurs, notamment :
- Calendrier : Les investisseurs sont tenus de faire des rapports au niveau des produits avant que les modèles de déclaration n’aient été précisés par la loi.
- Données : Il existe peu de données publiques sur l’alignement vis-à-vis de la taxonomie tant des entités que des actifs des investisseurs.
- Interprétation : Les investisseurs ne savent pas comment interpréter certains seuils de performance.
Il convient également de noter que l’interopérabilité et la cohérence de la taxonomie avec d’autres réglementations relatives à la finance durable (par exemple, la norme européenne sur les obligations vertes, l’écolabel européen, les préférences de durabilité de MIFID, etc.) nécessitent d’être confirmées.
La taxonomie fournit néanmoins aux investisseurs un cadre inestimable pour promouvoir les pratiques d’investissement durable. Il s’agit également d’un outil crucial pour donner du poids aux demandes de l’industrie en matière d’investissement responsable, en évaluant et en rendant compte des progrès réalisés par les investisseurs.