Le débrief de l’interview d’Emmanuel Macron

Dans un entretien sur France 2, le chef de l’Etat Emmanuel Macron a tenu un discours de pédagogie sur la politique sociale et économique de son gouvernement. Il a dénoncé le «cynisme» des oppositions de gauche et du RN, avant de tendre la main aux LR.

Ce qu’il faut retenir de l’interview d’Emmanuel Macron

Mercredi 26 octobre, Emmanuel Macron devait redonner le cap de son second mandat en accordant un entretien sur France 2. Mais le deuxième épisode de l’émission « L’Evénement », qui devait être consacré aux affaires intérieures, après avoir abordé, quinze jours plus tôt, les dossiers internationaux, aura avant tout été le récit des crises que traverse à nouveau le chef de l’Etat : crise énergétique, crise sociale, crise politique et, enfin, crise climatique. « Une crise, des crises même », qui « touchent nos vies », admet-il. « Ce choc, on le subit », a-t-il décrit, détaillant d’entrée l’inflation des prix du gaz, de l’électricité, de l’alimentation.

« C’est dur, mais on doit tenir », plaide-t-il, assurant que « l’Etat va prendre sa part » pour aider les plus faibles, rappelant que notre modèle « protège plus que les copains ».

Face aux perturbations, Emmanuel Macron en appelle à la raison des Français, sans infléchir sa politique. « Il nous faut être sérieux », a-t-il déclaré, professoral, en défendant sa stratégie économique à l’aide de graphiques montrant que les taux d’intérêt français « ne s’envolent pas ». « On ne peut pas faire n’importe quoi », a prévenu l’ancien ministre de l’économie, opposé à la hausse des impôts et à l’explosion de la dette publique.

L’utilisation du 49.3

“Le gouvernement a eu raison de faire voter ce budget, y compris face à toutes les oppositions qui étaient parfois dans la démagogie”, justifie Emmanuel Macron, estimant avoir ainsi “évité plusieurs milliards de dépenses à perte peu utiles”.

La Nupes “prête à se mettre main dans la main avec le RN”

Sans surprise, Emmanuel Macron n’a pas été tendre avec les oppositions. Le chef de l’État a vivement critiqué le “cynisme, mais aussi la “coalition baroque” des députés de la Nupes avec ceux du Rassemblement national, alors que le RN a voté plus tôt dans la semaine la motion de censure déposée par la Nupes. “Ils ont prouvé une chose, c’est qu’ils n’ont pas de majorité, et surtout qu’ils sont prêts à se mettre main dans la main avec le RN, alors qu’il y a la guerre en Europe, qu’il y a la crise, qu’il y a le désarroi de tant de familles”, a-t-il taclé, avant de tendre, lui, la main aux députés Les Républicains et centristes. “Ils ont envoyé un message clair : nous, on ne veut pas bloquer le gouvernement”, a-t-il souligné, affichant sans sourciller son profond désir d'”alliance” avec ces députés.

Sur la réforme des retraites

Emmanuel Macron l’a assuré mercredi soir, selon lui, “si nous ne faisons pas de réforme des retraites, ce sera du pouvoir d’achat en moins”. Et d’insister : “Si on veut réussir, on n’a pas d’autre choix que de travailler davantage.” L’inflation, la guerre en Ukraine, rien ne devrait donc avoir raison de la réforme des retraites. Le cap est maintenu : “À partir de l’été 2023, on devra décaler l’âge légal de départ de quatre mois par an. On passera à horizon 2031 à 65 ans.” Affichant clairement son objectif, Emmanuel Macron s’est toutefois dit ouvert à la discussion. “On a commencé la concertation avec les partenaires sociaux. Si certains disent : ‘On est prêt à aller jusqu’à 64 ans’ et en contrepartie, on travaille plus de trimestres, je suis ouvert”, a-t-il déclaré face à Caroline Roux.

Gaz et Electricité

Avant cela, Emmanuel Macron est longuement revenu sur les questions qui animent l’actualité, inflation en tête. Pour rappel, les prix ont augmenté de 5,6% sur un an, selon l’Insee. Alors que les tarifs de l’énergie sont particulièrement affectés, Emmanuel Macron a confirmé la prolongation du bouclier tarifaire sur le gaz et l’électricité en 2023. “Il y aura une hausse de 15% sur les premiers mois de l’année”, a-t-il toutefois prévenu, précisant que “c’est beaucoup, mais si on laissait les choses se passer, ça devrait être des hausses de plus de 100%”. Et de rassurer : “On a déjà amorti, on va continuer d’amortir.”

Quant aux petites et moyennes entreprises et aux collectivités, elles ne seront pas laissées sur le bord de la route, a assuré Emmanuel Macron, qui veut leur “garantir un prix raisonnable” de l’électricité. Un plan doit être présenté vendredi 28 octobre par la Première ministre Élisabeth Borne. Les autres entreprises, de taille intermédiaire ou les grands groupes, se verront, eux, proposer un “guichet d’aide”.

Pas d’indexation des salaires sur l’inflation en vue

Alors qu’à gauche, de nombreuses voix s’élèvent pour mettre en place une indexation des salaires sur l’inflation, Emmanuel Macron a coupé court à cette proposition :  “Ces Françaises et Français qui travaillent, c’est notre modèle. Je crois à la France du travail et du mérite. La solution, ce n’est de pas de réindexer les salaires sur l’inflation.” Et le président de la République de justifier : “Sinon, on entretient une hausse des prix et cette boucle prix-salaires, on ne l’arrête plus. Le premier point, c’est d’aider les Français à retrouver du travail. Deuxième chose : qu’on gagne mieux avec ce travail.”

Poursuivant sur la question des salaires, Emmanuel Macron a souligné que “les augmentations des salaires, ce n’est pas l’État qui décide”. Le locataire de l’Élysée a dit “croire dans le dialogue social au niveau de l’entreprise”, mais a estimé que “quand il y a une augmentation des dividendes pour les actionnaires, il doit y avoir un mécanisme similaire pour les salariés”.

Sur les superprofits

Le président de la République a aussi abordé le sujet des “superprofits” qui fait débat depuis plusieurs mois dans la société française : “On confond parfois tout dans le débat public. Qu’est-ce que c’est que les superprofits ? C’est les profits qu’on fait en raison de l’envolée des prix de l’énergie. Ces profits-là, on les reprend et on les redistribue dans des aides.” Emmanuel Macron a par ailleurs annoncé mercredi soir une “grande conférence sur le partage de la valeur”, qui sera menée dans le cadre du Conseil national de la refondation.

Retrouvez l’interview en vidéo, en intégralité ci-dessous, et les principaux points développés par Emmanuel Macron.