Paris, le 18 Septembre 2023. Une vision de Pictet AM sur l’agriculture.
L’agriculture moderne est la principale cause de la dégradation climatique. Il faut remplacer le bœuf nourri à l’herbe par des crêpes faites à partir de l’air, explique le militant britannique pour l’environnement, George Monbiot.
George Monbiot explique que son travail consiste à dire aux gens ce qu’ils ne veulent pas entendre.
Et s’il y a bien une vérité qui dérange et que ce journaliste britannique et militant pour l’environnement est déterminé à nous faire comprendre, c’est que nous dévorons littéralement la planète.
Selon lui, l’agriculture moderne s’est accompagnée d’une «prolifération agricole» au détriment du monde naturel, et elle est aujourd’hui la principale cause de déforestation, de perte de biodiversité, de pollution et de dégradation du climat.
«Chaque hectare que nous occupons à nos propres fins est un hectare qui ne peut pas être occupé par des écosystèmes sauvages», a-t-il déclaré récemment lors d’une conférence organisée par l’Oxford Sustainable Business and Entrepreneurship Society.
«On nous dit que le problème est l’agriculture intensive. Mais le problème n’est pas l’adjectif, c’est le nom.
Le problème… c’est l’agriculture. C’est une vérité qui dérange et qui est vraiment difficile à admettre, mais l’agriculture est, de loin, plus destructrice (pour la planète) que toute autre industrie.»
Bien que l’agriculture soit essentielle pour couvrir les besoins nutritifs, elle a une empreinte environnementale élevée à cause de ses émissions de gaz à effet de serre (GES) et de son utilisation de l’eau douce et des terres.
Plus d’un quart des émissions de GES sont liées à la nourriture, tandis que l’agriculture s’arroge la moitié des terres habitables dans le monde. Trois quarts de la déforestation (soit 5 millions d’hectares de forêt détruits chaque année) sont imputables à l’agriculture, ce qui est désastreux pour la biosphère et l’atmosphère.
L’industrie laitière et de la viande est ici la principale responsable, explique Monbiot qui est végétalien depuis 2015.
Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, le bétail est responsable d’environ 15% des émissions mondiales totales de gaz à effet de serre.
Mais il est difficile de faire passer ce message à cause de ce que Monbiot appelle l’«aura de nostalgie» qui entoure les élevages laitiers et d’animaux à viande.
Une chose qui le fait particulièrement bondir est d’entendre des cuisiniers célèbres et des influenceurs culinaires dire que le secteur peut réduire son impact environnemental en donnant de l’herbe à manger aux vaches et aux agneaux plutôt que des céréales comme le maïs et le soja.
«Les pires aliments que l’on puisse manger sont le bœuf et l’agneau nourris à l’herbe,» explique-t-il.
«Leur coût d’opportunité écologique et carbone est énorme et ils ont de nombreux autres effets néfastes, tels que des niveaux très élevés (d’émissions) de méthane et de protoxyde d’azote.»
La classe scientifique semble lui donner raison. Une étude de l’Université d’Oxford montre que les pâtures (pour la production de viande et le lait) occupent plus d’un quart des terres tout en produisant 1% seulement des protéines mondiales.
«Nous pourrions tous manger de la viande qui a grandi dans des pâturages si nous avions à disposition environ 12 planètes totalement dépourvues d’écosystèmes sauvages…
L’élevage extensif est de loin la principale cause d’expansion [de l’agriculture]», explique Monbiot. «C’est une illusion doublée de romantisme que de croire que nous pouvons utiliser un système de production néolithique pour nourrir la population du 21e siècle… C’est tout simplement une image bucolique et nostalgique.»
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* données au 31/12/2022
