Réforme des retraites : oui, non, peut-être…

4 Octobre 2022 : La réforme des retraites est plus que jamais d’actualité. Inquiets pour le système et leur propre retraite, les Français sont contre l’augmentation de l’âge légal de départ mais pour une réforme visant à réduire les inégalités hommes-femmes.

Retraites : non à une augmentation de l’âge légal mais oui à une réforme

Plus de la moitié des non-retraités (57%) n’ont pas confiance dans l’avenir de notre système de retraite. Pire, ils sont 66% à penser que, le jour où ils pourront partir, les caisses de retraite n’auront pas la capacité de leur verser une pension à la hauteur de leurs attentes. C’est 10 points de moins que leurs voisins européens !

Et s’ils ne se sentent pas bien informés sur les démarches à effectuer pour la préparer (64%), ils n’ont pas non plus confiance dans leurs employeurs pour les y aider (59%).

Par ailleurs, quand on évoque une réforme avec report de l’âge légal de départ à 64 ou 65 ans, on assiste à une levée de boucliers : 67% des Français sont contre. En toute logique, seuls un quart des ouvriers et des 50-64 ans y sont favorables. Chiffre qui n’atteint que 42% chez les cadres, 37% chez les habitants de l’agglomération parisienne et 36% chez les 18-24 ans.

Résignation ou réalisme ?

On peut donc dire que la défiance règne et que certaines mesures paraissent inacceptables. Pour autant, les Français semblent s’être résignés sur un autre point crucial.  Conscients qu’ils partiront plus tard qu’ils ne le souhaitent, ils « rêvent moins grand et cauchemardent moins fort » : pour la première fois, en effet, l’âge de départ souhaité et l’âge de départ anticipé se rejoignent à 62 ans (en valeur médiane). Rappelons que, pendant longtemps, ils disaient vouloir partir à 60 ans tout en étant persuadés qu’ils ne seraient « libérés » qu’à 65.

Quoi qu’il en soit, même en souhaitant partir à 62 ans, les Français restent plus précoces que leurs voisins européens, qui placent le curseur à 64 ans (médiane). Surtout, alors que 45% des Italiens, 48% des Allemands et 50% des Britanniques souhaitent partir à 65 ans ou plus, ce n’est le cas que de 20% des Français.

Le clivage entre ceux qui préparent leur retraite et les autres

Les Français sont-ils également les mauvais élèves de l’Europe quand il s’agit de préparer leur retraite ? On pourrait le croire quand on constate que seuls 43 % déclarent avoir commencé à s’en occuper, contre 65% des Britanniques et 60% des Allemands.

En réalité, en bons champions de l’épargne, ils s’en occupent sans le savoir ou sans le dire : ainsi, 61% ont mis en place une action d’épargne visant, ou pouvant servir, à financer leur retraite. Avec comme triptyque gagnant : l’accession à la propriété de leur résidence principale (27%), l’épargne sur livret (26%) et les placements financiers de type assurance-vie (22%). Sans compter l’épargne salariale (13%) et l’épargne retraite individuelle (11%).

En revanche, le clivage est très marqué entre ceux qui s’y préparent (43%) et les autres. Les premiers ont commencé très tôt (à 32 ans en moyenne) et mettent de côté 222 € par mois. Un Français sur cinq y consacre même plus de 500 euros ! Les seconds prévoient de s’y mettre en moyenne à 46 ans, voire après 50 ans pour la moitié d’entre eux et après 60 ans pour un quart d’entre eux…

Des femmes toujours aussi lésées

Les Français sont conscients que le système doit être réformé. D’une part pour le pérenniser (ils ne croient pas en sa solidité), d’autre part pour réduire les inégalités d’accès à une retraite à taux plein, notamment concernant les femmes.

Comme nous le soulignions dans notre précédent sondage, sur ce sujet, elles sont plus inquiètes ou frustrées que les hommes. Et pour cause. Près d’une femme sur deux a connu au moins une fois l’une de ces situations de précarité : cessation d’activité pour être mère au foyer ou s’occuper des enfants (24%) ; mère célibataire (17,5%) ; activité non salariée, faiblement ou non rémunérée dans le cadre d’un travail avec ou pour leur conjoint (9,5%). Conséquence : plus de la moitié d’entre elles envisagent de continuer à travailler une fois à la retraite.

Ces situations de précarité augmentent avec l’âge : 53% des 50 à 64 ans en ont déjà connu une (contre 24% des jeunes). Mais l’inégalité sociale et territoriale est encore plus manifeste : les indépendantes en souffrent bien plus que les salariées (59% vs 49%), les ouvrières que les cadres (63% vs 37%) et les femmes les moins diplômées bien plus que leurs homologues diplômées du supérieur (55% vs 38%).

Globalement, en matière de retraite, les femmes sont lésées à tous les niveaux par rapport aux hommes : seules 44% se considèrent bien informées sur les démarches à effectuer (vs 49% des hommes), seules 17% ont souscrit un PER (vs 24%), seules 40% font confiance à leur employeur pour les aider à préparer leur retraite (vs 49%). En toute logique, elles sont 55% à ne pas avoir confiance dans notre système de retraite (quand 56% des hommes ont confiance).

Quelles solutions pour améliorer le revenu des Français à la retraite ?

Pour réduire l’inégalité hommes/femmes, les Français approuvent largement trois mesures proposées dans ce sondage : l’attribution de points de retraite complémentaire pour toute interruption de travail liée à l’éducation des enfants ou au soutien des aînés (79%), la mise en place d’un dispositif permettant de transférer des droits à la retraite entre conjoints (76%) et la création d’un PER « interruption de carrière » avec des avantages plus importants (71%).

A la question de savoir comment améliorer leurs revenus à la retraite, les Français mettent en première position une réponse… franco-française : épargner plus ! A titre individuel (40%) ou au sein de leur entreprise (22%). D’ailleurs, 80% pensent que celles-ci ont un rôle à jouer en mettant en place des produits d’épargne spécifiques pour leurs salariés.

S’il le faut, ou pour ceux qui ne l’excluent pas, ils préfèrent travailler plus longtemps à temps partiel dans le cadre de la retraite progressive (34%) ou cumuler emploi et retraite (29%). Mais en aucun cas les options qui leur sont souvent présentées comme la seule alternative : travailler plus longtemps à taux plein (15%) ou cotiser plus durant leur carrière (16%).

« La réduction des inégalités d’accès à une retraite à taux plein pour les femmes doit être l’un des objectifs de la réforme en préparation.. » Jean-François Garin, Directeur général adjoint du Groupe Groupama,
en charge des activités Vie

Consulter ci-dessous le Baromètre Retraites Odoxa pour Groupam