Green Finance a sollicité Bercy afin d’obtenir son avis sur la course aux labels, notations Green…
Un échange constructif de Juliette Oury, conseillère financement de l’économie ( auprès de Bruno Le Maire ) avec Bruno Boggiani, nous donne un élément de réponse.
En effet, Bruno Boggiani ( CEO Green Finance – Strateggyz ) notait l’importance stratégique de la gestion gouvernementale sur les labels, notations et analyse ESG. labels labels
Ainsi, l’ensemble du cabinet de Bruno Le Maire ( Ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance ) a été sollicité pour répondre à plusieurs questions un peu piquantes.
( Retrouvez l’article Green Finance “Bruno Lemaire dans la tourmente !” )
Juliette Oury répond à Green Finance :
Face à la multiplication des labels verts et ESG publics et privés, la Commission européenne a identifié comme une priorité d’étendre l’Ecolabel existant aux produits financiers distribués aux particuliers. Le référentiel de ce label durable européen destiné au secteur financier (produits d’investissement, d’assurance-vie et comptes de dépôt à terme et d’épargne) est en cours d’élaboration, et l’objectif est de le finaliser courant 2021. Il est essentiel qu’à l’instar de la taxonomie européenne, l’Ecolabel soit à la fois un label bas-carbone et de transition. Il participera à une harmonisation des différents labels ayant émergé dans plusieurs Etats membres (Belgique, Allemagne, Pays-Bas, Autriche…), et pourrait constituer par exemple un minimum exigible en matière de labels dits « thématiques » dans l’Union, en vue de l’élaboration de standards minimaux pour les produits distribués comme durables et ESG.
Le label ISR, lancé début 2016 par le Ministère de l’Economie et des Finances, adopte une approche différente de celle de l’Ecolabel et de Greenfin. Son périmètre est tout d’abord plus large, prenant en compte les enjeux environnementaux, sociaux et de bonne gouvernance. Il vise également à garantir aux investisseurs que le fonds a développé une méthodologie d’évaluation des entreprises de son portefeuille sur la base des critères ESG, et qu’il intègre ces critères dans sa politique d’investissement. A date, 527 fonds sont labellisés ISR pour un encours de 211 Mds d’euros sont détenus par 86 sociétés de gestion attestant de la stabilité du label et de la persistance de son attractivité auprès des épargnants malgré la crise du Covid-19.
Comme nous l’avons mentionné durant notre appel, la Commission européenne publiera début 2021 une stratégie finance durable renouvelée. Dans le cadre de cette nouvelle stratégie, plusieurs priorités sont portées par la France. En particulier, la proposition de standards minimums applicables aux fonds d’investissement à dénomination ESG doit pouvoir clarifier, à l’échelle européenne, les conditions dans lesquelles un produit financier peut mettre fortement l’accent sur l’ESG. De tels standards offriraient ainsi aux investisseurs des garanties supplémentaires et assureraient des conditions de concurrence équitables. Ils pourraient s’accompagner d’un label européen « ESG », plus proche par construction du label ISR français, afin de clarifier l’offre européenne et de limiter une fragmentation pouvant aujourd’hui être source de barrières à la commercialisation.
Vous mentionniez le label « relance ». Il est important d’avoir en tête qu’il ne s’agit pas d’un label à visée exclusivement « verte ». Afin de faire face aux besoins de financements des entreprises consécutifs à la crise sanitaire, son objectif est de valoriser auprès des épargnants et des investisseurs professionnels les véhicules les plus à même d’accroître le financement en fonds propres des entreprises. La relance se doit d’être durable, et c’est pourquoi le Ministre Bruno Le Maire a souhaité que des critères ESG soient ajoutés aux conditions d’éligibilité du label, en lien avec la doctrine ESG de l’AMF, et que les financements charbon en soient exclus. Ce label temporaire est ainsi en parfaite cohérence avec la stratégie française en matière de labels et de standards ESG.
Afin de clarifier nos échanges de la semaine dernière, trois autres priorités sont par ailleurs mises en avant par la France dans le cadre de cette nouvelle stratégie finance durable européenne :
Nouvelle stratégie finance durable européenne : réponse en 3 points…
1. Une révision ambitieuse de la directive sur la publication d’informations extra-financières (NFRD), permettant une standardisation du reporting ESG des entreprises et ainsi l’amélioration de la disponibilité, de la fiabilité et de la comparabilité des données ESG, indispensables à la réorientation des capitaux vers la transition écologique et sociale.
2. Grâce à cette standardisation permise par la NFRD, l’élaboration d’une base de données ESG unique et libre d’accès, visant à une meilleure accessibilité et une plus grande transparence de la donnée publiée par les entreprises. Cette base de données rassemblerait de la donnée rendue publique par les entreprises (et non rassemblée dans le cadre de l’octroi d’un label).
3. Une règlementation des fournisseurs de données et des produits dérivés de la donnée ESG, en particulier la notation extra-financière, afin d’assurer leur transparence et leur qualité.
Sur un autre plan, Green Finance trouve un exemple concret :
En effet, la course aux lables, notations et analyse ESG se poursuit, avec l’exemple de Invesco
Invesco ESGintel
Développé par Invesco et SIP Technology, l’outil propriétaire mondial de notation et d’analyse soutiendra l’objectif d’intégration complète des facteurs ESG dans toutes les stratégies d’investissement d’Invesco. L’outil permettra de générer des notations, indicateurs, points de données et axes de changement sur des questions ESG concernant plus de 8 000 entreprises. Son usage créera de nouvelles opportunités de solutions d’investissement durable pour les clients d’Invesco.
1er décembre 2020 – Invesco annonce aujourd’hui le lancement d’Invesco ESGintel, un outil de notation et d’analyse ESG axé sur les questions les plus importantes pour la création de valeur durable et la gestion des risques.
L’équipe ESG d’Invesco s’est associée à l’équipe SIP Technology (équipe Technologie, Innovation et Planification d’Invesco) pour développer un outil propriétaire de notation ESG. Cet outil fournit une couverture complète des informations, indicateurs, données et axes de changement sur les questions ESG concernant plus de 8 000 entreprises.
Invesco considère cet outil comme un pilier essentiel pour soutenir son objectif d’intégrer systématiquement les facteurs ESG dans toutes ses stratégies d’investissement. Invesco ESGintel sera utilisé dans un premier temps pour les produits domiciliés au Luxembourg, en Irlande et au Royaume-Uni ayant une exposition aux titres d’entreprises, ainsi que pour diverses stratégies basées dans d’autres régions. La plateforme fournira une couverture plus étendue que la plupart des fournisseurs extérieurs grâce à la diversité de ses sources de données et à notre capacité d’inclure des modèles pour les entreprises pour lesquelles il n’existe pas de données ou de notation publiques.
Cathrine De Coninck-Lopez, Global Head of ESG chez Invesco explique : « Invesco a adopté une approche intégrée de la manière dont la chaîne de valeur d’une entreprise est affectée par les différents paramètres ESG. Les informations recueillies lors de l’analyse de ce qui impacte le modèle économique d’une société sous le prisme des critères ESG peuvent être utilisées par nos équipes d’investissement pour étayer leurs processus décisionnels. Nous considérons cet outil comme une composante essentielle à la construction d’une opinion transparente et indépendante sur les caractéristiques ESG de toutes les sociétés en portefeuille, en considération des besoins de nos clients. »
Pour Invesco, il est nécessaire de suivre le cheminement d’une entreprise à mesure qu’elle développe et améliore son approche ESG dans l’ensemble de son modèle économique. Voilà pourquoi l’outil Invesco ESGintel fournira des notations et des scores de tendance au niveau de l’entreprise et au niveau des indicateurs, en toute transparence. Cela permettra de se concentrer sur des questions spécifiques aux sociétés présentant un niveau de risque élevé.
Cathrine De Coninck-Lopez ajoute : « Le fait de disposer de notre propre expertise ESG interne et de données concrètes pour formuler notre opinion nous permettra de continuer à faire évoluer notre méthodologie en permanence. À mesure que l’outil se développe, nous incorporons des paramètres supplémentaires et étendons l’univers des entreprises actuellement couvertes pour une plus grande transparence, sur la base des besoins et des intérêts de nos investisseurs. »
ESGintel adopte une approche dynamique qui combine différentes sources de données et de nouveaux paramètres. Parmi ces sources on peut citer Bloomberg ESG, Controversies de Sustainalytics et, jusqu’à présent, les outils relatifs au changement climatique suivants ont été intégrés : scores de gestion de la Transition Pathway Initiative (TPI), données carbone d’ISS, Science-Based Targets (SBT) et un score de transparence sur les émissions de carbone du Carbon Disclosure Project (CDP). Invesco entend ajouter de nouvelles sources de données et accroître considérablement le nombre d’entreprises notées avant la fin de l’année.
Stephanie Butcher, Chief Investment Officer, Henley-on-Thames, Royaume-Uni, conclut : « ESGintel nous fournit un moyen de nous forger en interne une opinion sur les risques ESG et les opportunités qui peuvent intéresser nos sociétés d’investissement. L’outil fournit une couverture étendue tout en offrant la souplesse nécessaire pour parvenir à une vision globale des performances ESG en intégrant nos propres connaissances sur les entreprises concernées et notre engagement auprès d’elles. En combinant notre propre analyse avec différentes sources externes, nous obtenons des informations plus riches qu’en utilisant l’opinion d’un seul fournisseur extérieur. »