Le monde s’efforce de lutter contre le changement climatique. Une nécessité de plus en plus pressante d’une économie mondiale sans combustibles fossiles est évidente. Toutefois, les objectifs de réduction des émissions de carbone sont-ils réalistes ? Comment déterminer si l’engagement d’une entreprise va réellement dans le sens de la neutralité ?
Par BNY Mellon Investment Management
La sécurité énergétique sur le devant de la scène
L’invasion de l’Ukraine par la Russie et la crise du coût de la vie ont propulsé la sécurité énergétique sur le devant de la scène. La flambée des prix de l’énergie menace de faire dérailler les efforts déployés pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris sur le changement climatique, exhortant les entreprises et les gestionnaires d’actifs à se mobiliser pleinement en faveur de la transition vers la neutralité carbone.
La crise énergétique a mis en lumière l’ampleur de la dépendance des pays, en particulier développés, vis-à-vis des combustibles fossiles, compliquant plus encore la tâche des gouvernements, des entreprises et des investisseurs au regard de leurs propres engagements climatiques. Les entreprises sont-elles sur la bonne voie et quel rôle les gestionnaires d’actifs peuvent-ils jouer dans la transition vers la neutralité carbone ?
Alan Lander, gérant et co-responsable de la recherche chez Walter Scott, salue les mesures prises par les entreprises mondiales ces dernières années pour lutter contre le changement climatique, mais il souligne que les investisseurs ne doivent pas s’emballer pour autant et qu’il convient d’examiner les objectifs de neutralité carbone avec la même rigueur que n’importe quelle autre stratégie à long terme.
« Les discours et les objectifs en faveur de la neutralité carbone ne se valent pas tous, et nous veillons à nous assurer qu’une entreprise ne se revendique pas indûment d’une démarche “zéro émission nette” ou n’emploie pas d’autres tactiques pour donner de ses activités une image plus verte qu’elles ne le sont réellement », déclare M. Lander. « Trop souvent, les arguments mis en avant sont vagues, ils n’entrent pas dans le détail et ne disent rien de la stratégie mise en œuvre, et dans la plupart des cas, les informations dont on dispose ne sont pas assez fournies pour déterminer si l’entreprise est sur la bonne voie. »
M. Lander fait par ailleurs observer que, en lui-même, un objectif de neutralité carbone n’impose pas à une entreprise de modifier son comportement à court terme et que, dans la mesure où il s’inscrit dans une démarche à long terme – courant souvent sur plusieurs décennies –, l’équipe de direction qui l’a annoncé ne sera généralement plus en poste pour assumer ses responsabilités s’il n’est pas atteint.
Comprendre la transition
Pour mieux comprendre la transition, Alan Lander souligne l’importance de déterminer quels types d’émissions sont pris en compte dans un objectif de neutralité carbone et dans quelle mesure des mécanismes de compensation seront utilisés pour atteindre cet objectif. Selon lui, les objectifs des entreprises doivent couvrir un large éventail d’émissions, y compris l’ensemble des émissions dites « scope 3 » selon le Protocole sur les émissions de gaz à effet de serre, qui fait autorité en la matière (voir l’encadré), et ne recourir qu’à des compensations de qualité pour les émissions difficiles à réduire à l’aide des technologies actuelles.
« S’il est bien pensé et correctement structuré, un objectif de neutralité carbone doit s’inscrire dans le cadre de la stratégie climatique globale d’une entreprise », ajoute-t-il.
Dans le contexte d’un portefeuille, Alan Lander estime que toutes les entreprises doivent être considérées comme faisant partie d’un « système énergétique mondial » compatible avec l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré. En d’autres termes, chaque entreprise doit être examinée au regard de la contribution qu’elle apporte par son impact sur le système dans son ensemble, et pas uniquement en fonction de sa consommation et sa production propres d’énergie.
Les émissions systémiques constituent le facteur le plus important, selon Alan Lander, car « une entreprise qui contribue à réduire les émissions à l’échelle du système (y compris ses émissions directes) peut être l’un des éléments de la solution pour limiter la hausse de la température mondiale (indépendamment de ses émissions directes) ».
« Le système énergétique mondial est trop complexe pour que l’on puisse adopter une solution uniforme en ce qui concerne la réduction des émissions », ajoute-t-il.
Éviter de désinvestir
Désinvestir n’est pas la bonne solution pour tendre vers la neutralité carbone selon Newton Investment Management, qui préconise de dialoguer avec les entreprises et de soutenir celles qui font tout leur possible pour mettre en place des plans de transition crédibles et efficaces.
Mais lorsqu’une entreprise ne manifeste aucun engagement en faveur de la transition et n’établit aucun plan en ce sens, il n’y a en définitive pas d’autre choix que de s’en désintéresser, explique Therese Niklasson, responsable mondiale de l’investissement durable chez Newton. Selon elle, les entreprises qui ne tiennent pas compte de leurs externalités n’offrent généralement pas les meilleures opportunités d’investissement à long terme.
« Dès lors que nos gestionnaires doivent s’assurer que nous investissons de manière aussi ‘juste’ que possible, il y aura nécessairement des gagnants et des perdants », ajoute-t-elle.
Insight Investment est également d’avis qu’un engagement aura probablement plus d’impact que de désinvestir et qu’en collaborant autant que possible avec les émetteurs, les professionnels de l’investissement peuvent contribuer à promouvoir de meilleurs résultats, pour les émetteurs eux-mêmes, mais aussi pour les investisseurs et la société dans son ensemble.
Types d’émissions selon le Protocole sur les gaz à effet de serre
Le Protocole sur les émissions de gaz à effet de serre est la norme la plus communément utilisée au niveau mondial en matière de gaz à effet de serre (GES). Il distingue trois types d’émissions, ou « scopes » :
- Scope 1 – émissions de GES directement produites par une entreprise, du fait des chaudières ou des véhicules qu’elle utilise, par exemple.
- Scope 2 – émissions indirectes d’une entreprise, liées par exemple à l’énergie produite pour son compte.
- Scope 3 – ensemble des émissions produites le long de la chaîne de valeur et dont une entreprise est indirectement responsable.
Source : Deloitte. Émissions de scope 1, 2 et 3. Ce que vous devez savoir
A propos de BNY Mellon Investment Management
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