
Eramet : le 28 mai 2025, Emmanuel Macron a effectué une visite officielle en Indonésie, marquée par la signature de contrats industriels d’une valeur totale de 17 milliards d’euros. Parmi les entreprises françaises impliquées figure le groupe minier Eramet, qui cherche à renforcer sa présence dans le secteur stratégique du nickel, essentiel à la transition énergétique mondiale.
Le soutien français à l’expansion d’Eramet en Indonésie
Lors de cette visite, Eramet a signé un protocole d’accord avec le fonds souverain indonésien Danantara, visant à développer un écosystème intégré de matières premières critiques, notamment le nickel. Le nouveau directeur général d’Eramet, Paulo Castellari, faisait partie de la délégation française, soulignant l’importance stratégique de ce partenariat pour la France.
Eramet est déjà présent en Indonésie à travers la coentreprise PT Weda Bay Nickel (WBN), exploitant la plus grande mine de nickel au monde sur l’île d’Halmahera. Cette mine est essentielle pour répondre à la demande croissante en nickel, notamment pour la fabrication de batteries de véhicules électriques.
Des impacts environnementaux et sociaux préoccupants
Cependant, l’exploitation de la mine de Weda Bay a suscité de vives critiques en raison de ses impacts environnementaux et sociaux. Des rapports ont mis en évidence des cas de pollution des rivières, de déforestation massive et de violations des droits des communautés locales. En particulier, la tribu autochtone des Hongana Manyawa, vivant en isolement volontaire, est menacée par l’expansion de l’activité minière sur ses terres ancestrales.
En 2024, Eramet et son partenaire BASF ont annulé un projet de raffinerie de nickel et de cobalt en Indonésie, d’une valeur de 2,6 milliards de dollars, en raison des préoccupations environnementales et des risques pour les populations autochtones.
Un contraste entre discours et réalité
La visite d’Emmanuel Macron en Indonésie met en lumière un paradoxe : alors que la France affirme son engagement en faveur de la transition écologique et du respect des droits humains, elle soutient des projets industriels ayant des impacts négatifs sur l’environnement et les communautés locales.
Ce contraste soulève des questions sur la cohérence des politiques françaises en matière de développement durable et de responsabilité sociale des entreprises. Il met également en évidence les défis liés à l’approvisionnement en matières premières critiques, nécessaires à la transition énergétique, mais souvent extraites dans des conditions controversées.
Vers une exploitation plus responsable ?
Face aux critiques, Eramet affirme adopter une approche responsable et transparente dans ses opérations en Indonésie, en mettant en œuvre des technologies avancées pour minimiser l’impact environnemental et en collaborant avec les autorités locales.
Néanmoins, les ONG et les communautés locales appellent à une plus grande vigilance et à des actions concrètes pour protéger l’environnement et les droits des peuples autochtones. La situation en Indonésie illustre la nécessité d’un équilibre entre développement industriel et respect des principes éthiques et environnementaux.
En conclusion, la visite d’Emmanuel Macron en Indonésie et le soutien apporté à Eramet soulignent les tensions entre les ambitions économiques et les impératifs écologiques. Il est essentiel que les décisions politiques et industrielles prennent en compte les impacts à long terme sur l’environnement et les communautés locales, afin de garantir une transition énergétique véritablement durable et équitable.
À lire aussi : Les Family Offices misent sur l’innovation… et la planète