Green Finance, Paris, le 03 Novembre 2021, Le média Green Finance a sollicité plusieurs gérants dans un dossier thématique sur le High Yield et/ou Green (comprenant l’ensemble des critères ESG) afin d’obtenir leur avis sur la fin 2021 et le devenir de 2022.
2021 pourrait se résumer de la façon suivante : “Recovery”; “Reprise économique” ; “Récupération” ; “Inflation” ; “Dette” ; “Décarbonation ; “Absence de défaut majeur”
2022 s’annonce de la façon suivante : “Normalisation” ; “Transitoire” ; “Transition” ; “Tournant monétaire” ; “Climat” ; “Dispersion” ; “Volatilité”
Pensez vous que le Green va continuer à prendre plus d’importance en 2022 ?
Découvrez l’avis de Maud Bert, OFI AM, Responsable de la Gestion High Yield
Pouvez vous nous dire quelques mots sur vous ?
Maud Bert, Responsable de la Gestion High Yield. Je cogère la gamme High Yield comprenant un fonds OFI RS Euro High Yield et deux fonds datés à échéance 2023 et 2027. Les encours sous gestion sont de 568 Millions d’Euros au 30/10/2021.
Faites vous du High Yield ?
Notre expertise en gestion High Yield est ancienne et solide. Notre gamme, tournée vers les entreprises non-financières qui émettent en euros, se décline en un fonds ouvert, des fonds à échéance et un fonds dédié pour un grand institutionnel. L’équipe de gestion est structurée autour d’un binôme de gérants-analystes ultra-séniors et d’un desk-analyst dédié aux émetteurs notés B+ et inférieur. Cela nous permet une très grande réactivité pour un marché, c’est le maître-mot.
Faites vous du Green ( l’ensemble des critères ESG ) ?
Le positionnement d’OFI RS Euro High Yield a connu une évolution majeure en octobre. En effet, le process de gestion inclut maintenant une double dimension : l’ESG et la transition énergétique et écologique. Sont ainsi exclus de l’univers d’investissement les 20 % représentant les émetteurs les plus en retard dans la gestion des enjeux ESG (catégorie ISR « Sous Surveillance »). Les émetteurs ayant une démarche active dans la transition énergétique et écologique sont favorisés.
Un seul mot qui résume 2021 ?
Inflation
Et un seul mot qui annonce 2022 ?
Tournant monétaire
Quel impact aura, selon vous, le Tapering de la FED sur le marché ?
La communication a été très bien préparée et son annonce « officielle » ne devrait pas avoir un impact très fort sur les taux longs. Ce qui sera davantage déterminant, c’est la perception qu’auront les investisseurs du rythme auquel la FED va sortir de sa politique monétaire actuelle : si elle laisse entendre qu’elle remontera rapidement ses taux dès la fin du tapering, les courbes devraient s’aplatir et il y a un risque que les taux longs baissent.
Selon vous, comment va se terminer 2021 ?
Nous anticipons des taux longs un peu plus hauts qu’ils ne le sont actuellement. Nos cibles sur les taux allemands à 10 ans sont 0 % et 2 % pour son homologue américain. La volatilité sur les taux devrait rester forte car nous sommes à un tournant dans les politiques monétaires de la FED et de la BCE. Cette dernière va annoncer mi-décembre le recalibrage de ses programmes d’achats d’obligations avec l’annonce effective de la fin du PEPP fin mars 2022.
Votre principale crainte pour 2021 ?
La volatilité pourrait être exacerbée par la faible appétence des investisseurs à se positionner si proche de la fin d’année. La communication des banques centrales sera déterminante pour éviter une situation identique à celle de fin 2018.
En outre, avec l’entrée dans l’hiver, la survenance d’une nouvelle vague épidémique ne peut être totalement exclue, ce qui aurait pour conséquence le prolongement des tensions sur la chaine d’approvisionnement.
Votre principale crainte pour 2022 ?
Pour poursuivre sur le volet sanitaire, il est clair que le « black swan » serait l’arrivée d’un énième variant et, cette fois-ci, résistant aux vaccins. Cela impacterait drastiquement les perspectives de croissance, prolongerait le pic inflationniste, et obligerait sans aucun doute les banques centrales à opérer un « U-turn » sur leur stratégie de sortie.
L’autre crainte serait que l’économie mondiale ralentisse bien plus vite que prévu sous l’effet d’un pouvoir d’achat érodé par une inflation qui durerait plus longtemps qu’anticipé. Les marges des entreprises seraient prises en ciseaux entre une demande plus faible et des coûts de production élevés. Les spreads seraient très négativement impactés.
Selon vous, comment va se dérouler 2022 ?
Notre scénario le plus probable est que les économies vont continuer à croître à un rythme soutenu, même si effectivement le pic est derrière nous. Les plans de soutien colossaux mis en place par les États ont préservé l’outil de production et contenu les pertes d’emplois, permettant une reprise très forte et rapide. De plus, ils ont fait la part belle aux projets d’infrastructure ce qui augmente la croissance potentielle qui était en déclin lors du cycle précédent. Enfin, nous pensons que l’inflation reconvergera vers les cibles des banques centrales ce qui leur permettra d’achever leurs stratégies de sortie de politique monétaires ultra-expansionnistes.
Pensez vous que le Green ( l’ensemble des critères ESG ) va continuer à prendre plus d’importance en 2022 ?
La prise en compte de critères ESG commence à imprégner de plus en plus de gestions High Yield en Europe. La difficulté de la collecte de données sur les enjeux extra-financiers contraint encore l’intégration de cette dimension dans un certain nombre de gestions. Néanmoins nous sommes persuadés que la prise en compte des données ESG en 2022 sera primordiale et déterminante et, que ce virage est inéluctable. Nous en voulons pour preuve l’évolution de la communication des entreprises high yield sur ce sujet en plein essor depuis le début de l’année 2021.
Avez vous déjà envisagé d utiliser comme instrument pour votre fonds des CLN respectant les critères ESG ?
Nous n’avons pas envisagé d’avoir recours à ce type d’instrument puisque nous mettons déjà en œuvre notre propre stratégie ESG.
Retrouvez les réponses de :
- Frederic Salmon, Pictet Asset Management, Responsable de la gestion crédit marchés développés
- Guillaume Truttmann, Meeschaert Amilton AM, Gérant Obligataire des fonds MAM High Yield et MAM Taux Variable
- Bernard Lalière, DPAM, Head of High Yield, et Marc Leemans, DPAM,Senior Portfolio Manager
- Laurent Calvet, Gérant de portefeuille, et gérant principal de Tikehau Impact Credit au sein de Tikehau Capital
- Romain Lacoste, IVO Capital Partners, Gérant du fonds IVO Short Duration.
- Laurent Bonhomme, Orano, Responsable des activités Financement, Front Office et Trade Finance