
Schroders publie son tout premier Group Nature Report
Paris, 2 juin 2025 – Le gestionnaire d’actifs mondial Schroders a annoncé la publication de son tout premier Group Nature Report, marquant un engagement fort dans la gestion active des risques liés à la nature et dans la satisfaction des attentes croissantes de ses clients en matière d’investissement durable.
“Ce rapport révèle comment la nature entre au cœur des enjeux financiers mondiaux. Ignorer ce virage, c’est investir dans le passé”. exprime Bruno Boggiani, CEO de Strateggyz – Finance,
Ce rapport suit les recommandations de la Taskforce on Nature-related Financial Disclosures (TNFD) publiées en 2023. L’objectif : identifier les risques et opportunités liés à la nature et détailler la manière dont Schroders y répond. Créée en 2021, la TNFD a reçu le soutien du G7, du G20 et de l’envoyé spécial de l’ONU pour le climat et la finance, Mark Carney. Schroders devient ainsi l’un des premiers acteurs financiers à publier ce type de divulgation.
Ce rapport fait suite au lancement en début d’année de NatCapEx, un outil propriétaire d’analyse de l’exposition à la nature, aligné sur la TNFD, qui couvre près de 9 000 entreprises cotées. Cet outil complète le modèle SustainEx, déjà largement utilisé chez Schroders.
Une approche active, assumée
Andy Howard, responsable mondial de l’investissement durable chez Schroders, déclare :
« En tant que gestionnaire actif, nous montrons l’exemple en divulguant proactivement nos risques et opportunités liés à la nature, et en développant des outils comme NatCapEx pour combler le manque de données disponibles. »
Il insiste : face à la dégradation rapide des écosystèmes, il devient indispensable de mesurer et gérer les risques écologiques liés aux investissements.
Schroders espère également que cette initiative volontaire encouragera d’autres acteurs à suivre le mouvement, en particulier les entreprises dans lesquelles le groupe investit.
Risques financiers et opportunités économiques
Le rapport souligne que la dégradation de la nature – comme la baisse de la qualité des sols ou la raréfaction de l’eau – engendre une perte de services écosystémiques essentiels à l’économie, ce qui représente un risque financier significatif pour les rendements futurs des investisseurs.
Selon la Banque mondiale, l’effondrement partiel de trois services écosystémiques clés (pollinisation, pêche, production de bois) pourrait coûter 2,3 % du PIB mondial chaque année.
À l’inverse, la transition vers des pratiques « nature-positives » pourrait générer jusqu’à 10 100 milliards USD d’opportunités économiques par an pour les investisseurs.
Focus sur les portefeuilles et engagements
Schroders a évalué l’ensemble de ses positions en actifs cotés et non cotés afin de cartographier ses principales dépendances et impacts vis-à-vis de la nature. Les domaines les plus concernés : émissions de carbone, usage de l’eau, pression sur les écosystèmes terrestres. Les dépendances majeures concernent surtout l’accès à l’eau.
En 2024, l’entreprise a revu ses attentes vis-à-vis des sociétés investies via son Engagement Blueprint, pour les aligner avec le Cadre mondial pour la biodiversité et les recommandations de la TNFD. Il est désormais demandé aux entreprises de divulguer des données de localisation sur leurs actifs, opérations et fournisseurs de matières premières à fort impact.
Schroders a également participé à six engagements collaboratifs sectoriels dans le cadre de l’initiative Nature Action 100, visant des secteurs comme les mines, la chimie ou les biens de consommation.
Exemplarité interne
Le rapport met aussi en lumière les efforts de Schroders sur ses propres sites :
- Le siège londonien a réduit ses déchets de 36 % par rapport à 2019
- Le taux de recyclage est passé de 75 % à 92 %
- Des études de biodiversité ont été réalisées sur le campus de Horsham, situé près d’une zone sensible
Pourquoi la nature devient un sujet financier majeur
La crise climatique n’est que la partie visible de l’iceberg. Le rapport montre que l’érosion de la biodiversité, la dégradation des sols, la disparition des récifs coralliens ou encore la perte de forêts naturelles constituent des risques matériels pour les portefeuilles.
Près de 50% du PIB mondial dépend modérément ou fortement de la nature.
On ne parle pas d’éthique, mais de « nature as a risk factor ».
Risques systémiques et divulgation obligatoire
Les régulateurs (TNFD, TCFD, SFDR, CSRD…) mettent en place une grille de lecture commune pour que les entreprises et les investisseurs puissent évaluer les dépendances et impacts sur la nature.
« Nature is the new climate » : après le carbone, place à l’analyse de risque naturel.
Le rapport alerte sur un décalage entre le rythme de destruction de la nature et la vitesse à laquelle les outils de gestion de risque se mettent en place. Il appelle à une accélération.
Métriques, données et modèles : la course à la fiabilité
Le rapport insiste sur la nécessité de construire des modèles de mesure robustes, adossés à des jeux de données crédibles. Plusieurs initiatives sont présentées :
- ENCORE : outil d’évaluation de dépendance secteur-nature
- IBAT : base de données biodiversité géolocalisée
- Nature Risk Profile, développé par le WWF et Swiss Re
On assiste à une normalisation des métriques « nature-based » dans les rapports de durabilité.
Cas concrets et cartographie des impacts
Le rapport fournit une série d’études de cas sur des chaînes de valeur (ex : soja, textile, métaux rares) et leur empreinte écologique.
- L’exploitation du cuivre dans les Andes pèse sur les écosystèmes locaux
- La déforestation liée au bœuf et au soja impacte les puits de carbone
- Les industries du textile perturbent l’usage de l’eau douce et la biodiversité aquatique
Cartographier les hotspots naturels devient une priorité d’investissement.
Réorienter les flux financiers : du « nature-negative » au « nature-positive »
Le rapport présente une typologie des instruments financiers susceptibles d’accompagner la transformation :
- Green bonds liés à la conservation
- Sustainable linked loans avec KPIs écologiques
- Fonds thématiques biodiversité
Le but ? Faire de la nature un actif et non un passif ignoré.
La mobilisation de la finance est indispensable pour créer un « tipping point » écologique.
Conclusion : Vers une gouvernance écologique de la finance
Ce rapport est une feuille de route. Il ne s’agit plus de verdir les rapports, mais bien d’intégrer la nature dans les mécanismes fondamentaux d’allocation de capital.
Il appelle à l’action des régulateurs, des investisseurs institutionnels, des banques, des asset managers, et même des citoyens.
La question n’est plus « faut-il agir ? » mais « est-ce que la finance survivra sans nature ? »
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