Le retour du revenu de base

Au Royaume-Uni, 170 parlementaires de différents partis ont adressé une lettre au gouvernement britannique lui demandant l’instauration d’un revenu universel d’urgence le temps de la pandémie tandis que le gouvernement espagnol envisage sérieusement une telle option. En France, un collectif de travailleurs précaires (auteurs, pigistes, auto-entrepreneurs, acteurs…), les Sons Fédérés, a également appelé à la mise en place immédiate d’un revenu de base face aux annulations en série dans le secteur événementiel. Des chercheurs suisses ont même imaginé de verser ces sommes sur une carte personnelle permettant seulement certaines dépenses jugées utiles à la transition écologique…

Cela pourrait prendre tout son sens en cette période de crise, alors que des millions de salariés sont confinés chez eux, en télétravail, au chômage technique ou en arrêt, et que des millions d’autres se trouvent en première ligne, sans pouvoir exercer leur droit de retrait, malgré des rémunérations qui sont souvent trop faibles au regard de leur utilité sociale. 

Il s’agirait de verser à chacun, individuellement, et sans conditions de ressource, de la naissance à la mort,  un revenu dont le montant serait fixé collectivement, en complément des allocations chômage, des indemnités maladies ou des pensions de retraite.

Le revenu de base apporterait en effet une sécurité à tous, mais il ne doit pas servir seulement de pansement pour endiguer la crise actuelle. Sa mise en place doit impérativement s’accompagner d’un débat démocratique sur ses conditions de mise en œuvre au regard de la société que l’on souhaite voir émerger. Le contexte actuel est propice pour réfléchir à des modes de vie plus sobres, alliant transition écologique et justice sociale“, estime Elena Ambuhl du Mouvement français pour un revenu de base (MRFB)

Un revenu de base permettrait d’identifier les métiers réellement utiles qu’il faudrait alors mieux rémunérer et dont les conditions de travail devraient être améliorées. Au-delà, il permettrait de changer de paradigme : ne plus travailler coûte que coûte mais donner la possibilité aux citoyens de s’impliquer dans des activités réellement utiles et aujourd’hui non rémunérées – œuvrer pour la transition écologique, s’informer et débattre, s’investir dans la vie démocratique et associative locale – car ce sont eux les moteurs de la transition“, plaide Elena Ambühl.