
Une réponse financière aux défis climatiques
Face à l’urgence climatique, les besoins de financement liés à la transition écologique deviennent cruciaux. Pour y répondre, les obligations vertes se sont imposées comme une solution efficace. Ces titres de créance permettent de financer des projets à impact environnemental positif, tout en assurant une rentabilité aux investisseurs.
Qu’est-ce qu’une obligation verte ?
Une obligation verte, ou green bond, est un emprunt émis sur les marchés financiers par une entreprise, une collectivité ou un État. Contrairement à une obligation classique, les fonds levés servent uniquement à financer des projets durables. Il peut s’agir d’énergies renouvelables, de transports propres, de gestion des déchets ou encore de préservation de la biodiversité.
Un marché en forte croissance depuis l’accord de paris
Depuis l’Accord de Paris en 2015, les obligations vertes ont connu une forte expansion. Elles font désormais partie des outils incontournables de la finance verte. Leur succès s’explique par la montée des préoccupations environnementales, mais aussi par l’intérêt croissant des investisseurs pour des placements responsables.
Selon la Commission européenne, les besoins en investissements verts s’élèveraient à 620 milliards d’euros par an d’ici 2030. Les obligations vertes répondent en partie à ce défi.
Comment fonctionnent les obligations vertes ?
Sur le plan financier, une obligation verte fonctionne comme une obligation classique. L’émetteur reçoit des fonds en échange d’un engagement à rembourser le capital à l’échéance, avec des intérêts versés régulièrement. L’investisseur peut conserver l’obligation jusqu’à son terme ou la revendre sur le marché secondaire.
Ce qui change, c’est l’usage des fonds. L’émetteur s’engage à utiliser les capitaux pour des projets durables, et à publier des rapports de suivi. Ces exigences renforcent la transparence et la confiance des investisseurs.
Encadrement et lutte contre le greenwashing
Pour garantir la crédibilité de ces produits, plusieurs référentiels volontaires ont vu le jour, comme les Green Bond Principles. Ils recommandent une transparence accrue sur les projets financés.
En novembre 2023, l’Union européenne a franchi une étape supplémentaire. Elle a introduit une norme volontaire pour les obligations vertes européennes (European Green Bonds ou EuGB). Pour obtenir ce label, l’émetteur doit affecter au moins 85 % des fonds à des projets alignés sur la taxonomie verte européenne. Un organisme externe, enregistré auprès de l’Autorité européenne des marchés financiers, contrôle cette conformité.
Ce règlement fixe aussi des règles minimales pour les obligations vertes non labellisées et les obligations liées à la durabilité.
Des projets concrets et variés
Les obligations vertes permettent de financer une large palette d’infrastructures. Par exemple :
- des réseaux de transports à faible émission (train, métro, pistes cyclables),
- des véhicules propres (bus électriques ou au biogaz),
- des projets d’efficacité énergétique ou de recyclage.
Un marché porté par une grande diversité d’acteurs
Les premiers green bonds ont été émis par la Banque européenne d’investissement (2007) et la Banque mondiale (2008). Depuis, entreprises, collectivités, banques et États ont suivi.
En France, l’Agence France Trésor a lancé en 2017 la première obligation souveraine verte d’envergure : 7 milliards d’euros sur 22 ans. Le succès a été immédiat. En 2024, une quatrième émission a été lancée pour 8 milliards d’euros. Fin 2024, l’encours total des OAT vertes atteignait 76 milliards d’euros, contre 42 milliards en 2021.
L’Union européenne a aussi mobilisé cet outil dans le cadre du plan « Next Generation EU », avec 73 milliards d’euros levés depuis 2021.
Qui investit dans les obligations vertes ?
Les investisseurs sont variés : banques, compagnies d’assurance, fonds, collectivités ou simples particuliers. Ce qui les unit ? Leur volonté d’investir dans des projets à la fois rentables et respectueux de l’environnement.
Les fonds d’investissement composés de green bonds peuvent obtenir des labels comme ISR ou Greenfin. Ces distinctions assurent une qualité environnementale des projets financés.
Un levier, mais pas une solution unique
Malgré leur essor, les obligations vertes ne représentent qu’une partie des financements nécessaires à la transition bas-carbone. Fin 2024, leur encours mondial s’élevait à plus de 3 000 milliards de dollars. C’est important, mais encore insuffisant au regard des enjeux climatiques.
Pour conclure
Les obligations vertes sont devenues un pilier essentiel de la finance durable. En combinant rendement financier et impact environnemental, elles attirent de plus en plus d’acteurs publics et privés. Grâce à un encadrement renforcé et à des exigences de transparence, elles participent activement à la crédibilité de la transition écologique sur les marchés financiers.
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