Élections roumaines : chaos institutionnel et risque politique à la veille du scrutin

Élections roumaines

Élections roumaines : le paysage politique roumain connaît l’une de ses plus graves instabilités institutionnelles depuis la chute du régime communiste. À seulement quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle reprogrammée, la Cour d’appel de Ploiești a suspendu l’annulation d’un scrutin initialement invalidé pour ingérence russe, remettant ainsi potentiellement en lice le candidat d’extrême droite et anti-européen Călin Georgescu. Ce retournement spectaculaire fragilise la crédibilité démocratique du pays et interpelle la communauté financière sur les risques politiques croissants en Europe de l’Est.

Rappel des faits : une élection annulée pour cyber-espionnage et financement opaque

En novembre 2024, Călin Georgescu, candidat d’extrême droite à la rhétorique ouvertement anti-européenne, arrive en tête du premier tour de l’élection présidentielle. Mais le 6 décembre, la Cour constitutionnelle de Roumanie invalide le scrutin. En cause : des preuves fournies par les services de renseignement révélant une opération de manipulation électorale orchestrée par la Russie, principalement via TikTok et d’autres plateformes sociales, ainsi que des irrégularités graves dans le financement de la campagne.

La décision, qualifiée de « juridiquement contraignante et sans recours ». Visait à préserver l’intégrité démocratique et à contenir l’influence étrangère dans un pays membre de l’Union européenne et de l’OTAN.

25 avril 2025 : une décision judiciaire qui défie l’ordre constitutionnel

Contre toute attente, la Cour d’appel de Ploiești annule la décision de la Cour constitutionnelle. Arguant que celle-ci aurait outrepassé ses prérogatives. Cette décision — sans précédent — a provoqué une crise juridique majeure. Un tribunal inférieur s’arroge le droit de contester une décision constitutionnelle réputée définitive.

La classe politique et les juristes dénoncent une “aberration judiciaire”. Pendant que le Conseil supérieur de la magistrature diligente une enquête contre le juge concerné. L’élection présidentielle est, quant à elle, maintenue au 4 mai (premier tour), malgré l’incertitude sur la liste définitive des candidats.

Un risque politique en forte hausse : retour possible de l’anti-européanisme

La décision de Ploiești pourrait rétablir la candidature de Georgescu, ce qui ferait basculer la Roumanie dans un scénario où un président eurosceptique, soutenu de l’extérieur, pourrait prendre le pouvoir malgré une tentative institutionnelle de régulation.

Ce scénario présente plusieurs risques :

  • Risque géopolitique : rupture de confiance avec Bruxelles et tensions au sein de l’OTAN.
  • Risque de gouvernance : fragilisation des institutions judiciaires, soupçons de manipulation de la magistrature.
  • Risque de contagion : renforcement des extrêmes dans d’autres États membres, notamment en Europe centrale.

Lecture ESG : un cas d’école de gouvernance fragilisée

Du point de vue des investisseurs responsables, cet épisode met en lumière plusieurs failles :

Gouvernance (G) :

  • Effondrement de la hiérarchie constitutionnelle et risque d’ingérence dans les processus électoraux.
  • Perte de prévisibilité juridique pour les investisseurs, en particulier sur les secteurs régulés.
  • Déstabilisation potentielle de la politique énergétique, agricole et budgétaire en cas d’élection d’un président hostile aux standards européens.

Social (S) :

  • Division accrue au sein de la société roumaine, marquée par une polarisation entre pro-européens et populistes.
  • Diminution de la confiance des citoyens dans l’État de droit, avec un impact indirect sur la cohésion sociale et la stabilité politique.

 Environnement (E) :

  • Bien que moins directement concernée à court terme, une victoire de l’extrême droite pourrait remettre en question les engagements climatiques de la Roumanie, son alignement sur le Green Deal européen, et ralentir les investissements durables.

À suivre : Haute Cour, élections, et pression européenne

Dans les jours à venir :

  • La Haute Cour de Cassation pourrait invalider la décision de la Cour d’appel de Ploiești, ou au contraire confirmer un précédent aux conséquences juridiques dévastatrices.
  • Le premier tour est maintenu au 4 mai, avec un second tour prévu le 18 mai, dans un climat de confusion institutionnelle totale.
  • L’Union européenne et les agences de surveillance électorale se tiennent prêtes à observer un scrutin perçu comme un test démocratique majeur.

Conclusion : la démocratie roumaine au bord du point de rupture

La crise actuelle en Roumanie dépasse le cadre national. Elle questionne la solidité des systèmes démocratiques face aux menaces hybrides (cyber, judiciaires, médiatiques). Pour la communauté Green Finance, cela souligne combien la gouvernance, la stabilité politique et la résistance institutionnelle sont désormais des critères d’analyse ESG incontournables, même en Europe.

Retour sur l’article Green Finance, qui avait anticipé cette situation,
avec un record d’audience et très critiqué par les Pro-Européens sans aucun argument : Le bouclier de la dictature

Le dépouillement des élections locales de 2025 au Royaume-Uni est en cours, mais les premiers résultats indiquent une forte progression du parti Reform UK, dirigé par Nigel Farage. Ce parti, aux positions critiques vis-à-vis de l’Union européenne, de la Cour européenne des droits de l’homme et de l’OMS, enregistre une avancée notable : six conseils locaux remportés contre aucun auparavant, ainsi que 470 sièges gagnés, alors que la moitié des votes reste à dépouiller.

Le parti a également remporté une élection législative partielle. Ces résultats semblent traduire un soutien croissant à une ligne politique de souveraineté nationale renforcée et une volonté d’approfondir la sortie du Royaume-Uni des institutions européennes. Des sondages récents laissent entrevoir une dynamique favorable à Nigel Farage pour les prochaines législatives.

À lire aussi : ETS2 : Le nouveau marché carbone européen pour les bâtiments et le transport routier