Perspectives mondiales à l’automne 2020 : quel rebond après une chute historique ? Un numéro réalisé par Maël Blanchet, Antoine Boiron, Xavier Coeln, Célia Colin, Vincent Davoine, Estelle de Beaucé, Per Yann Le Floc’h, Matthias Loise et Chloé Ramet.
Après avoir ralenti en 2019 (+2,9 %), la croissance mondiale reculerait fortement en 2020 (–4,1 %) du fait de l’épidémie de covid-19 et des mesures de confinement, puis rebondirait en 2021 (+5,2 %), sous l’hypothèse d’une
levée progressive des incertitudes sanitaires. Les économies émergentes rattraperaient globalement d’ici fin 2021 leur niveau d’activité de 2019, mais pas les économies avancées où le choc serait plus fort et le rebond plus limité.
L’activité de la zone euro, pénalisée au 1er semestre par la sévérité de l’épidémie, connaîtrait un recul inédit en 2020 (–7,9 %) et se redresserait en 2021 (+6,3 %), sans retrouver son niveau d’avant-crise. La reprise serait
hétérogène : l’Allemagne serait moins pénalisée (perte cumulée de –1,8 %) que l’Espagne (–4,6 %) et l’Italie (–5,0 %).
Le Royaume-Uni connaîtrait une forte contraction de l’activité en 2020 (–10,5 %) du fait de la sévérité de l’épidémie et la durée des mesures d’endiguement, qui pèseraient également sur le rebond en 2021, tout comme le Brexit. Aux États-Unis, l’activité reculerait moins qu’en Europe en 2020 (–5,2 %), du fait d’un confinement moins strict, mais la reprise serait limitée en 2021 (+3,0 %) par l’incertitude sanitaire et l’endettement privé élevé qui affecterait les faillites et le marché du travail. La Chine accuserait un ralentissement historique en 2020 (+1,5 %), la politique économique très accommodante soutenant un rebond dès le 2e trimestre malgré
l’effondrement du 1er trimestre. Le commerce mondial se replierait violemment en 2020 (–10,0 %) du fait de la chute de l’activité, et ne se redresserait que partiellement en 2021
(+6,1 %), demeurant durablement affecté par une reprise partielle dans les économies avancées et un contexte protectionniste peu porteur.
Les aléas autour de ce scénario sont nombreux. La reprise de l’activité dépendra de l’évolution de l’épidémie, de la préservation du tissu productif,
de la normalisation du marché du travail et des tensions commerciales, toutes incertaines.
La contraction de l’activité au 1er semestre 2020 est d’une ampleur inédite
L’activité a très fortement reculé dans les économies avancées au 1er semestre. L’impact économique de l’épidémie est également très sensible dans les pays émergents, mais selon des calendriers différents.
La croissance mondiale chuterait lourdement en 2020 avant de se
reprendre en 2021
L’épidémie aurait des effets sévères et persistants sur les grandes économies avancées. La vigueur de la reprise dans les pays émergents dépendrait des marges disponibles de politique économique
On peut distinguer ainsi trois grandes typologies de pays :
- les pays exportateurs de matières premières, dont le niveau de PIB par habitant est relativement faible et qui ont une faible part de VA étrangère dans leurs exportations (les exportations de matières premières ne nécessitant que peu d’intrants);
- des pays plus riches et plus intégrés dans les chaînes de valeur mondiales : il s’agit ici surtout de pays de l’Europe centrale et orientale et de l’Asie du Sud-Est ;
- et, enfin, les pays développés, au niveau de PIB par habitant plus élevé, davantage spécialisés dans la production de biens et services à forte valeur ajoutée, nécessitant une plus faible part de VA importée.
Les échanges mondiaux demeureraient durablement affectés par cette épidémie
Les aléas sont particulièrement nombreux et importants
Les aléas autour de ce scénario sont particulièrementv importants, compte tenu à la fois de l’ampleur du choc économique et des incertitudes sur l’évolution de la situation sanitaire.