Retour de Donald Trump : quel avenir pour l’investissement durable ?

Retour de Donald Trump

Le retour probable de Donald Trump à la présidence des États-Unis soulève de nombreuses interrogations sur l’avenir de l’investissement durable à l’échelle mondiale. Lors de son premier mandat, Trump a marqué l’histoire par un déclin significatif des politiques environnementales américaines, une approche favorable aux énergies fossiles et une remise en question des initiatives climatiques internationales. Si Trump venait à être réélu, ses politiques pourraient-elles freiner la dynamique de la finance durable ou, au contraire, l’accélérer par des ajustements stratégiques ? Cet article explore les conséquences d’un tel mandat sur l’avenir de l’investissement responsable, notamment aux États-Unis, en Europe et dans le reste du monde.

Les États-Unis et l’investissement durable : une ère de turbulences ?

Sous la présidence de Trump, l’accent a été mis sur la relance des industries des énergies fossiles au détriment des efforts de transition vers des sources d’énergie plus propres. Cette approche pourrait compromettre les réformes progressistes mises en place par le gouvernement Biden, notamment la loi sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act), qui a favorisé les investissements dans les énergies renouvelables et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Toutefois, bien que la législation sur le climat puisse subir des pressions en cas de réélection de Trump, une abrogation totale semble improbable. En effet, la loi offre des avantages économiques non négligeables, notamment en termes de création d’emplois dans les secteurs des énergies renouvelables.

Pour les investisseurs, le retour de Trump pourrait signifier la réduction des mesures climatiques fédérales et un affaiblissement des normes de reporting environnemental. Si Trump nomme un nouveau responsable à la SEC, ce dernier pourrait tenter de réduire les exigences de transparence sur les risques climatiques, comme en témoigne l’opposition d’un de ses candidats aux règles de reporting climatique actuelles. Cependant, plusieurs États comme la Californie et New York, ainsi que de grands investisseurs institutionnels, continueront probablement à exiger des normes ESG strictes. La forte pression exercée par les préoccupations financières liées aux risques climatiques pourrait encore encourager les investissements durables, malgré un environnement politique plus hostile.

L’Europe : un bastion de la finance durable ?

Alors que les États-Unis pourraient adopter une position plus régressive en matière de finance durable, l’Europe semble se diriger vers un renforcement de ses engagements climatiques. Le mandat de Trump pourrait accentuer le fossé entre les deux continents, incitant les régulateurs européens à durcir encore leurs normes environnementales. Ces efforts pourraient consolider le rôle de l’Europe en tant que leader mondial des actifs durables, en attirant davantage de capitaux dans des entreprises européennes respectant des critères ESG rigoureux.

Avec la priorité donnée à la déréglementation aux États-Unis, les pays européens pourraient intensifier leurs politiques climatiques, en particulier à travers des mécanismes commerciaux qui pénalisent les secteurs à fortes émissions de carbone. Cette approche créerait des pressions sur les entreprises américaines, les incitant à se conformer à des normes ESG globales pour rester compétitives sur le marché européen. Un tel développement pourrait également influencer les pratiques des multinationales opérant à l’échelle mondiale, forçant une convergence vers des standards environnementaux plus stricts.

Les répercussions mondiales : vers une reconfiguration de la finance climatique ?

Le retour de Trump à la présidence pourrait avoir des conséquences majeures sur l’engagement mondial en faveur de la lutte contre le changement climatique. Une sortie des États-Unis de l’Accord de Paris, bien que moins probable qu’auparavant, pourrait diminuer l’efficacité des efforts mondiaux pour limiter le réchauffement climatique. Si cela se produisait, les États-Unis se retrouveraient avec des obligations moins strictes en matière de réduction des émissions et d’aide au financement climatique, ce qui risquerait de déstabiliser les efforts internationaux.

Néanmoins, les autres puissances économiques, telles que la Chine, le Japon, l’Australie et le Canada, continueraient probablement de pousser pour des stratégies ambitieuses de décarbonisation et des initiatives d’investissement en énergies renouvelables. Des partenariats internationaux, comme ceux proposés dans le cadre des Emirats Arabes Unis pour la résilience climatique mondiale, seraient essentiels pour maintenir l’élan de la transition énergétique, malgré le retrait potentiel des États-Unis du leadership climatique mondial.

L’avenir de l’investissement durable : une résilience face aux turbulences politiques

Malgré les incertitudes politiques qui accompagnent un second mandat de Trump, l’investissement durable semble bien positionné pour résister aux fluctuations politiques. Le virage mondial vers la durabilité est désormais ancré dans les pratiques des investisseurs, et la demande pour des investissements transparents et responsables devrait continuer de croître. Même si les politiques américaines pourraient ralentir certains aspects de la transition énergétique, le secteur privé, notamment en Europe et en Asie, pourrait combler les lacunes laissées par une action publique plus limitée.

Le rôle des grandes institutions financières, telles que BlackRock, Goldman Sachs et Bank of America, qui se sont déjà engagées à investir massivement dans le financement durable, sera crucial. Ces entités continueront probablement à promouvoir l’investissement ESG, quelles que soient les politiques américaines. En effet, la pression des consommateurs, des régulateurs et des actionnaires pourrait pousser les entreprises à adopter des pratiques plus durables, même en l’absence de soutien fédéral.

La dynamique de l’investissement durable est-elle menacée ?

Si le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis pourrait compliquer la progression de l’investissement durable, il est peu probable qu’il mette fin à cette dynamique mondiale. En dépit des défis politiques et économiques, les forces du marché, les attentes des consommateurs et la pression croissante des régulateurs continueront à soutenir la transition vers une économie plus verte et plus responsable. Le secteur privé, notamment en Europe et dans d’autres régions du monde, devra jouer un rôle de plus en plus important pour garantir la résilience de l’investissement durable face aux incertitudes politiques à venir.

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