
La finance bleue, fondée sur l’exploitation responsable et régénératrice des ressources océaniques, connaît un tournant décisif. Le Blue Economy and Finance Forum (BEFF), tenu à Monaco début juin 2025. A rassemblé près de 1 800 acteurs internationaux pour impulser un mouvement financier massif en faveur des océans. De nombreux engagements ont été pris, mettant en lumière une dynamique innovante. Et urgente visant à financer la protection, la restauration et la valorisation durable des écosystèmes marins. Cet événement marque une étape clé dans la structuration d’une finance bleue ambitieuse, qui intègre écologie, économie et justice sociale.
Un élan financier concret pour la transition océanique
Le BEFF a mis en avant une réalité financière déjà bien avancée. Plus de 25 milliards d’euros d’investissements ont été recensés dans des projets concrets touchant des domaines variés. Allant de la décarbonation des transports maritimes à la restauration des écosystèmes marins. En passant par les énergies marines renouvelables ou les biotechnologies. Cette mobilisation multisectorielle démontre que la finance bleue dépasse désormais le stade de concept pour devenir une force économique tangible. Elle s’appuie sur une synergie entre acteurs publics, privés, philanthropiques et financiers qui, ensemble, portent la transition vers une économie océanique régénérative.
De surcroît, le forum a permis d’annoncer 8,7 milliards d’euros d’engagements financiers supplémentaires à l’horizon 2030. Ces fonds se répartissent entre 4,7 milliards issus d’investisseurs privés et philanthropes. Et 4 milliards mobilisés par des institutions financières publiques. Ce volume, représentant environ 8 % des flux annuels actuels estimés à 25 milliards d’euros dans la finance bleue. Témoigne d’un véritable accélérateur d’initiatives concrètes, particulièrement dans un contexte marqué par les récentes avancées internationales sur la biodiversité marine. Notamment les accords BBNJ et le cadre global pour la biodiversité (GBF).
Des coalitions stratégiques pour un engagement durable
L’un des grands acquis du BEFF réside dans la création et le renforcement de coalitions puissantes qui structurent la finance bleue à l’échelle mondiale. Parmi celles-ci, l’initiative « business in ocean » regroupe 80 entreprises de 25 pays, cumulant 600 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Elles s’engagent à intégrer les risques océaniques dans leurs stratégies, à rendre compte de leurs impacts. À investir dans des solutions positives et à soutenir une transition équitable pour les communautés côtières.
Par ailleurs, la naissance de la coalition « philanthropists and investors in ocean » marque une volonté affirmée de canaliser les investissements à impact écologique et social. Avec une attention particulière portée aux pays du Sud. Cette alliance vient compléter le pacte #BackBlue, qui rassemble des acteurs financiers détenant 3 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion. Déterminés à inclure l’océan dans leurs critères d’investissement.
Enfin, la coalition « finance in common » regroupe 20 banques de développement engagées à mobiliser plus de 5 milliards de dollars par an pour la protection marine, en alignement avec l’Objectif de développement durable 14. Ces initiatives témoignent d’une structuration sans précédent, montrant la capacité du secteur financier à répondre aux urgences environnementales marines.
Vers un avenir océanique durable : le message de monaco
Le Prince Albert II de Monaco a résumé l’esprit du forum en soulignant que « en deux jours, certaines choses ont changé ». Il a rappelé l’importance des synergies entre responsables politiques et acteurs économiques pour identifier de nouvelles façons d’agir, adapter les réglementations aux solutions durables et faciliter leur financement. Pour lui, le BEFF pose les jalons d’une économie bleue ambitieuse et responsable, essentielle pour préserver la planète.
Cet événement démontre qu’il est possible de conjuguer croissance économique et protection des océans, tout en assurant une transition juste pour les populations dépendantes. Le Blue Economy and Finance Forum incarne ainsi un tournant majeur, offrant un cadre concret et mobilisateur pour une finance bleue efficace, innovante et solidaire. Grâce à ces engagements et coalitions, l’avenir des océans s’écrit désormais avec une volonté commune et des moyens à la hauteur des enjeux.
À lire aussi : La crise politique française : entre légitimité et nécessité d’une nouvelle phase démocratique