Cinq ans après l’Accord de Paris pour la protection climatique, les émissions de CO2 continuent d’augmenter et les délais d’atténuation pour les objectifs climatiques de 1,5 ° C et 2 ° C deviennent de plus en plus stricts.
Les scénarios d’atténuation du changement climatique
Les scénarios d’atténuation du modèle d’évaluation intégrée (IAM) rapportés par le rapport spécial du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sur 1,5 ° C (SR1.5) reposent sur des quantités controversées d’élimination du dioxyde de carbone et / ou sur des changements technologiques sans précédent. Simultanément, tous supposent une croissance continue du produit intérieur brut (PIB), entre autres raisons parce que cela est jugé nécessaire pour soutenir le bien-être de la société. Cependant, la croissance continue du PIB est largement associée à des défis d’atténuation croissants, par exemple à une consommation croissante d’énergie et de matières. En revanche, les voies alternatives d’atténuation examinées par la littérature croissante sur la décroissance sont presque complètement négligées par la communauté IAM et le GIEC. Ainsi, leur potentiel pour éviter les émissions négatives et le changement technologique reste inexploré.
Comme première étape pour remédier au manque de scénarios d’atténuation du changement climatique basés sur l’IAM décrivant la décroissance et pour encourager des recherches plus approfondies dans ce domaine, cet article évalue les performances des scénarios de décroissance par rapport aux archétypes de scénario IAM SR du GIEC concernant les indicateurs de risque relatifs clés pour la faisabilité et la durabilité. La définition de la faisabilité, à la suite du GIEC2, comme «la capacité d’un système dans son ensemble à atteindre un résultat spécifique», dans ce cas, un scénario. Il y a distinction en outre la faisabilité socio-technique, en gros suivant Loftus (c’est-à-dire le découplage énergie-PIB, la vitesse et l’échelle de la transition des énergies renouvelables et le déploiement des TNE), ainsi que la faisabilité sociopolitique, qui inclut la faisabilité économique, suivant largement Jewell & Cherp25. Ce dernier définit un résultat comme politiquement réalisable “ s’il existe un agent ou un groupe d’agents qui ont la capacité de mener un ensemble d’actions qui mèneront à ce résultat dans un contexte donné ”. Il s’agit d’appliquer un modèle quantitatif simplifié du lien mondial carburant-énergie-émissions, en arrivant à plusieurs scénarios d’atténuation du changement climatique et à leurs valeurs d’indicateurs. Cette approche de modélisation est choisie pour compléter les IAM complexes en améliorant la transparence et la compréhension ainsi qu’en évitant les limitations communes des IAM, en particulier en ce qui concerne la modélisation de la décroissance (voir Méthodes et discussion). Il y a ensuite une évaluation de la performance relative des scénarios concernant les indicateurs de risque modélisés pour la faisabilité et la durabilité sociotechniques, l’équité ainsi que la faisabilité sociopolitique. Les résultats indiquent que les scénarios de décroissance minimisent de nombreux risques clés pour la faisabilité et la durabilité, mais des défis importants subsistent en ce qui concerne la faisabilité politique. Enfin, La discussion des limites des indicateurs et de l’approche de modélisation, ainsi que des implications pour la recherche et la modélisation futures de l’IAM et des communautés d’atténuation du changement climatique. Ici, nous concluons que les futures recherches de modélisation devraient examiner en profondeur les scénarios de décroissance.