La crise silencieuse des fonds Qualité et Croissance

fonds Qualité et Croissance

Pendant de nombreuses années, les stratégies d’investissement axées sur la qualité et la croissance ont été saluées comme des approches robustes pour naviguer dans les complexités des marchés émergents. En combinant la recherche d’entreprises financièrement saines avec un potentiel de croissance élevé, elles promettaient stabilité et rendement à long terme. Pourtant, la dernière demi-décennie a sérieusement remis en question leur efficacité. Morningstar a récemment publié une analyse révélant l’ampleur du revers subi par ces stratégies. Dans un environnement macroéconomique et géopolitique particulièrement hostile. Cet article revient en profondeur sur les causes de ce déclin, ses conséquences, et les perspectives d’avenir.

La fin d’une époque dorée pour les marchés émergents

Autrefois perçus comme des moteurs de croissance pour les portefeuilles mondiaux, les marchés émergents ont perdu de leur éclat. Depuis cinq ans, ces marchés ont nettement sous-performé par rapport aux marchés développés. Plusieurs facteurs structurels et conjoncturels expliquent ce repli. La montée du dollar américain, des politiques monétaires plus restrictives, des tensions commerciales. Mais surtout un ralentissement économique marqué en Chine. Ce cocktail d’obstacles a érodé la compétitivité des actions émergentes, rendant leur performance bien moins attractive qu’auparavant.

Une stratégie croissance déstabilisée

Les fonds orientés vers la croissance, qui privilégient les entreprises affichant un fort potentiel d’expansion des bénéfices, ont été durement touchés. Contrairement aux marchés développés où les valeurs de croissance ont su résister malgré les soubresauts. Les stratégies de croissance dans les marchés émergents ont enregistré un effondrement durable. Cette sous-performance s’est avérée particulièrement marquée pour les fonds combinant critères de croissance et de qualité. Malgré leur réputation d’être mieux armés face à la volatilité.

La Chine, cœur du problème

La Chine, qui représente une part significative des indices des marchés émergents, a été au centre de cette déconvenue. Son ralentissement économique, les interventions réglementaires renforcées. Et la crise persistante du secteur immobilier ont tiré l’ensemble des marchés émergents vers le bas. Même les fonds ayant adopté une posture prudente vis-à-vis de la Chine n’ont pu échapper à l’impact de mauvaises sélections d’actifs. Pendant que des marchés comme l’Inde ou Taïwan affichaient des performances solides, la Chine pesait lourdement sur les résultats globaux.

Quand croissance ne rime plus avec qualité

La promesse de croissance régulière des bénéfices. Pilier de l’investissement Qualité et Croissance — s’est heurtée à la réalité d’une contraction des valorisations et à des résultats décevants. Notamment en Chine. Les fonds qui misaient sur les géants de la tech et de la consommation chinoise. Réputés pour leur forte rentabilité et leur faible endettement. Ont été pénalisés par des politiques de répression réglementaire et une reprise post-pandémique en demi-teinte. En parallèle, des entreprises d’État ou des valeurs à rendement élevé, longtemps boudées pour leur faible gouvernance, ont paradoxalement surperformé.

Une hémorragie de capitaux sans précédent

L’impact sur la confiance des investisseurs a été majeur : plus de 20 milliards de dollars de sorties nettes ont été enregistrés sur ces fonds en cinq ans. Ce désamour a entraîné une vague de fermetures de fonds et une perte de part de marché significative dans la catégorie des actions des marchés émergents. Même les stratégies les plus emblématiques ont vu leur encours chuter et leurs équipes internes fragilisées.

Résilience, sélectivité et diversification : les nouveaux mots d’ordre

Malgré cette tempête, certaines stratégies ont démontré une certaine capacité de résistance, notamment grâce à une sélection rigoureuse des titres et une construction de portefeuille disciplinée. Toutefois, pour qu’un redressement plus large s’opère, une amélioration tangible des fondamentaux, notamment en Chine, reste indispensable. En attendant, la prudence est de mise : les gérants s’orientent désormais vers des sociétés à croissance plus défensive, dotées d’un meilleur niveau de prévisibilité des bénéfices. Dans ce contexte incertain, la diversification des styles d’investissement s’impose comme la meilleure protection contre les aléas des marchés émergents.

Le modèle Qualité et Croissance

Le modèle Qualité et Croissance, autrefois star des marchés émergents, traverse l’une des périodes les plus critiques de son histoire. La combinaison d’un contexte économique défavorable, de dynamiques géopolitiques complexes et de chocs spécifiques à la Chine a mis en lumière ses vulnérabilités. Mais ce revers ne sonne pas nécessairement le glas de cette approche. Avec davantage de rigueur, de sélectivité et de diversification, les investisseurs peuvent encore tirer parti des opportunités qu’offrent les marchés émergents… à condition de savoir naviguer entre les tempêtes.

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