Économie française en 2025

Économie française en 2025

Économie française en 2025 : alors que l’économie mondiale continue de faire face à des vents contraires, la France enregistre un timide redressement de son produit intérieur brut (PIB) au premier trimestre 2025. Toutefois, derrière ce léger mieux se cachent des fragilités structurelles et des perspectives prudentes pour les mois à venir. Entre une demande intérieure atone, un commerce extérieur défavorable et une inflation contenue, l’économie française pourrait bien rester engluée dans une stagnation prolongée. Analyse détaillée des forces et faiblesses qui façonnent l’économie hexagonale en ce début d’année.

Un rebond modeste mais fragile de l’activité économique

Au premier trimestre 2025, le PIB français a progressé de 0,1 % par rapport au trimestre précédent, effaçant à peine la contraction de -0,1 % enregistrée fin 2024. Ce redressement, bien que conforme aux attentes, révèle une dynamique économique fragile. Les dépenses de consommation des ménages, principal moteur de l’économie, sont restées stables, sans élan nouveau. La consommation publique, quant à elle, a fortement ralenti (+0,1 % après +0,4 % au trimestre précédent), impactée par les mesures de restrictions budgétaires adoptées en amont du vote du budget 2025.

Du côté des investissements, la tendance reste préoccupante : pour le septième trimestre consécutif, l’investissement global – qu’il provienne des ménages, des entreprises ou des administrations – est resté en berne. Ce manque d’investissement freine les perspectives de croissance future et traduit une confiance amoindrie des acteurs économiques. En parallèle, la demande intérieure n’a pas contribué à la croissance, son effet étant neutre sur l’évolution du PIB.

Fait notable, les variations de stocks ont apporté une contribution significative de +0,5 point à la croissance trimestrielle, masquant en partie la faiblesse de la demande réelle. À l’inverse, le commerce extérieur a pénalisé l’activité : les importations ont augmenté (+0,4 %), tandis que les exportations ont reculé de manière marquée (-0,7 %). Enfin, la production nationale a légèrement progressé (+0,2 %), soutenue par l’industrie manufacturière et les services.

Une stagnation persistante sur fond d’incertitudes

Au-delà de ce sursaut ponctuel, les signaux économiques confirment un risque de stagnation prolongée. Le soutien apporté par les stocks ne pourra se répéter indéfiniment, et l’absence de dynamisme de la demande intérieure laisse présager une croissance molle dans les prochains trimestres. La combinaison d’un marché du travail en refroidissement, d’un taux d’épargne élevé et d’une consommation des ménages bridée limite les chances d’un redémarrage vigoureux de l’économie.

Sur le plan international, les tensions commerciales continuent de peser. Les droits de douane supplémentaires imposés par les États-Unis, avec notamment une taxe de 10 % sur les importations, devraient réduire directement le PIB français d’environ -0,1 %, via la baisse des exportations. Cet effet direct s’ajoute aux impacts plus diffus liés à l’incertitude et au ralentissement du commerce mondial.

La politique budgétaire, plus restrictive en 2025, vient également freiner l’activité. Au total, la croissance trimestrielle devrait rester cantonnée entre 0 % et 0,1 % dans les mois à venir, maintenant l’économie française sur un plateau quasi stationnaire. Les prévisions tablent sur une progression annuelle limitée du PIB : +0,4 % en 2025 et +0,8 % en 2026, bien en deçà des rythmes de croissance pré-pandémie.

Une inflation contenue, sous l’influence des prix de l’énergie

Côté prix, l’inflation en France demeure exceptionnellement basse. En avril 2025, l’indice des prix à la consommation est resté stable à +0,8 % en glissement annuel, un niveau similaire à celui de mars. Ce faible rythme de hausse s’explique principalement par la chute des prix de l’énergie (-7,9 % sur un an), qui continue de tirer l’inflation globale vers le bas.

Les prix des biens manufacturés affichent également une légère baisse (-0,2 %), tandis que l’inflation des services se maintient à +2,3 %. Seule l’inflation alimentaire connaît un regain, passant de +0,6 % en mars à +1,2 % en avril, sous l’effet de hausses sur certains produits de base.

Les perspectives restent modérées pour le reste de l’année. La faiblesse persistante des prix de l’énergie – en lien avec des tarifs réglementés de l’électricité plus bas et une modération des prix du pétrole et du gaz – devrait continuer à peser. Le ralentissement de l’économie mondiale et l’appréciation de l’euro renforceront la tendance désinflationniste, notamment sur les biens importés.

Seul le secteur des services devrait maintenir une dynamique plus soutenue, mais convergente vers l’objectif de 2 % visé par la Banque centrale européenne (BCE). Globalement, l’inflation française devrait rester inférieure à la moyenne européenne, renforçant l’argument en faveur d’une poursuite de l’assouplissement monétaire par la BCE. Deux nouvelles baisses de taux sont anticipées d’ici le troisième trimestre, ramenant le taux de dépôt à 1,75 %.

Quelles perspectives pour l’économie française ?

À court terme, l’économie française semble condamnée à évoluer dans un contexte de faible croissance et d’inflation modérée. La combinaison d’une demande intérieure atone, d’un commerce extérieur sous pression et d’un environnement international incertain pèse sur la dynamique économique. La politique monétaire accommodante de la BCE pourrait apporter un soutien, mais ne suffira pas à elle seule à relancer la machine.

Pour espérer une accélération de la croissance, il faudra une amélioration de la confiance des ménages et des entreprises, ainsi qu’un redémarrage des investissements. Sans ces leviers, la France risque de s’installer dans une stagnation prolongée, avec des conséquences à la fois économiques et sociales.

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Premier trimestre 2025 : les fonds européens dopés

fonds européens

Le marché européen des fonds ouverts et des ETF a connu un excellent début d’année 2025, enregistrant des souscriptions nettes de 161 milliards d’euros au premier trimestre. Derrière cette performance globale, les flux de capitaux révèlent des arbitrages complexes : face aux incertitudes économiques et géopolitiques, les investisseurs cherchent un équilibre entre sécurisation et opportunités. Décryptage approfondi de ces tendances.

Les obligations : un refuge prisé dans un climat incertain

Le premier trimestre 2025 a été marqué par un engouement massif pour les fonds obligataires, qui ont attiré 83 milliards d’euros, représentant plus de la moitié des souscriptions totales. Cette préférence des investisseurs s’explique par un contexte économique et géopolitique sous tension, alimenté par des inquiétudes sur la croissance mondiale, des perspectives de politiques monétaires incertaines et la persistance de conflits régionaux.

Dans cet environnement, les stratégies les plus prudentes ont été plébiscitées. Les fonds obligataires à ultra court terme libellés en euros ont dominé la collecte. Ces produits, investis sur des échéances très courtes, permettent aux investisseurs de limiter leur exposition au risque de taux d’intérêt tout en bénéficiant d’un rendement supérieur aux liquidités classiques. Ce succès traduit une volonté de préserver la liquidité tout en maintenant une rentabilité minimale face à une inflation encore présente.

Les fonds obligataires en francs suisses ont également bénéficié de leur statut de valeur refuge. La devise helvétique, historiquement perçue comme stable en période de turbulences monétaires, a attiré les investisseurs soucieux de se protéger contre les fluctuations du dollar et les incertitudes liées aux devises émergentes.

Par ailleurs, les fonds obligataires flexibles, capables d’ajuster leur exposition entre différentes maturités, devises et catégories d’émetteurs, ont poursuivi leur progression. Ces stratégies « tout-terrain » séduisent particulièrement dans un environnement volatil où les arbitrages tactiques deviennent essentiels pour préserver la performance. Enfin, signe encourageant, les fonds investis sur la dette des marchés émergents ont renoué avec des flux positifs après deux années de retraits massifs, traduisant un regain de confiance progressif malgré les risques persistants.

Les actions : un élan ralenti mais encore porteur

Les fonds actions européens ont poursuivi leur dynamique positive avec un cinquième trimestre consécutif de collecte, bien que le rythme ait ralenti par rapport au dernier trimestre 2024. La collecte nette a surtout été portée par les fonds d’actions mondiales de grande capitalisation, qui ont capté l’essentiel des flux grâce à l’attrait pour les stratégies passives, responsables de 70 % des entrées.

Cependant, les flux ont révélé une réorientation géographique notable. Alors que les fonds investis sur les actions américaines de grande capitalisation ont vu l’intérêt se tarir, en raison des incertitudes politiques et économiques autour de la politique budgétaire et commerciale américaine, les actions européennes ont connu un retour en grâce. Après trois années de sorties nettes cumulées, les investisseurs européens semblent redécouvrir les atouts du Vieux Continent, soutenus par des valorisations attractives et une stabilisation relative du cadre politique et réglementaire.

Certaines poches sectorielles se sont distinguées : les fonds axés sur les secteurs financiers ont poursuivi leur progression, profitant d’une meilleure visibilité sur les perspectives de marge et de croissance dans le secteur bancaire et assurantiel. En revanche, les fonds investis sur les actions britanniques continuent d’accumuler les retraits : le premier trimestre a enregistré 13 milliards d’euros de sorties supplémentaires, prolongeant une tendance de défiance persistante envers le marché britannique, fragilisé par les incertitudes post-Brexit et la faiblesse économique.

Matières premières et thématiques : entre regain tactique et désenchantement structurel

Les fonds investis dans les matières premières ont connu un net regain d’intérêt au premier trimestre, attirant plus de 5 milliards d’euros après plusieurs trimestres de décollecte. Cette inversion de tendance est portée par les craintes persistantes d’inflation, ravivées par les tensions géopolitiques, les perturbations des chaînes d’approvisionnement et la volatilité des prix de l’énergie. Les investisseurs cherchent ainsi à se protéger contre l’érosion du pouvoir d’achat de leurs portefeuilles en se tournant vers des actifs tangibles.

À l’inverse, les fonds thématiques ont continué de souffrir, accumulant depuis juin 2023 des retraits de 72 milliards d’euros. Ce désintérêt touche en particulier les fonds axés sur le « monde physique », comme l’énergie ou les ressources naturelles, confrontés à des cycles sectoriels défavorables et à une révision des attentes de croissance. Seule exception notable : les ETF axés sur le secteur de la défense, qui ont bénéficié d’un regain d’intérêt marqué à la suite des annonces de hausses des budgets militaires en Europe et aux États-Unis. Ces flux traduisent un repositionnement tactique des investisseurs vers des secteurs perçus comme stratégiques dans le nouvel ordre géopolitique mondial.

Les fonds durables : un essoufflement inattendu

Après plusieurs années de forte croissance, les fonds durables ont marqué le pas au premier trimestre 2025, avec un solde net de retraits de 1,1 milliard d’euros. Plusieurs explications se conjuguent pour expliquer ce ralentissement : des performances en demi-teinte, un cadre réglementaire de plus en plus contraignant, et un certain recul de l’engagement politique sur les sujets environnementaux dans plusieurs pays européens.

La décollecte a été particulièrement marquée sur les fonds actifs, qui ont subi 4,4 milliards d’euros de retraits, alors que les fonds passifs ont enregistré 3,3 milliards d’euros d’entrées nettes. Ce contraste suggère que si l’appétit pour les thématiques ESG persiste, les investisseurs se montrent désormais plus attentifs aux frais de gestion et privilégient les solutions indicielle pour leurs expositions durables. Par ailleurs, la multiplication des controverses autour du greenwashing et des critères ESG pourrait également expliquer cette prudence accrue des souscripteurs.

Les ETF européens : un moteur de croissance inédit

Le marché des ETF en Europe a battu un record historique au premier trimestre 2025, avec 91 milliards d’euros d’entrées nettes. Ce dynamisme témoigne de la montée en puissance continue de la gestion passive sur le continent, qui représente désormais près de 30 % des encours totaux des fonds européens, une part en passe d’égaler celle observée aux États-Unis.

Les ETF actions ont concentré l’essentiel de la collecte, même si la demande pour les expositions américaines s’est modérée. Les investisseurs européens ont en effet redirigé une partie de leurs flux vers les actions domestiques, reflétant un regain de confiance dans les perspectives économiques européennes, mais aussi une volonté de réduire l’exposition au risque de change lié au dollar.

Les ETF obligataires ont continué d’attirer, portés par la demande pour les obligations d’État, considérées comme des placements prudents dans un environnement d’incertitude macroéconomique. Quant aux ETF investis sur les matières premières, ils ont bénéficié d’un intérêt renouvelé, en ligne avec la tendance observée sur les fonds traditionnels, offrant aux investisseurs une exposition liquide et diversifiée aux actifs réels.

Les acteurs de la gestion d’actifs : BlackRock consolide son leadership, Aberdeen et Eurizon à la peine

Le premier trimestre a confirmé l’hégémonie de certains grands noms de la gestion d’actifs. BlackRock s’est imposé comme le grand gagnant, engrangeant 31 milliards d’euros de souscriptions, grâce à la force de son offre d’ETF et de fonds indiciels. La capacité du géant américain à capter la demande pour des solutions passives à bas coûts lui a permis de consolider sa position de leader sur le marché européen.

À l’opposé, Aberdeen (récemment rebaptisé Abrdn) et Eurizon ont enregistré chacune 6 milliards d’euros de sorties nettes, prolongeant les pertes déjà accumulées en 2024. Ces désinvestissements reflètent des difficultés structurelles liées à la performance de certains produits, mais aussi à un déficit d’attractivité face à la concurrence croissante des acteurs passifs.

En conclusion, le premier trimestre 2025 illustre les arbitrages subtils des investisseurs européens, entre recherche de sécurité et quête d’opportunités. Les flux massifs vers les obligations et les ETF traduisent une montée en puissance des stratégies défensives et passives, tandis que les actions européennes et certains secteurs stratégiques, comme la défense, retrouvent les faveurs du marché. Dans un environnement marqué par l’incertitude, la sélectivité et l’agilité resteront des atouts clés pour les mois à venir.

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La durabilité et l’ESG : une opportunité stratégique

durabilité et l’ESG

Dans un monde où les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) deviennent incontournables. Les entreprises et les individus doivent repenser leurs rôles face aux crises mondiales qui se profilent. La durabilité n’est plus simplement une question de responsabilité sociale ou d’image, mais un véritable levier stratégique. Les deux extraits ci-dessous révèlent des perspectives essentielles sur la manière dont les entreprises peuvent tirer profit de l’intégration de l’ESG. Tout en soulignant l’importance de la responsabilité individuelle.

La durabilité comme avantage stratégique pour les entreprises

La quête de sens des jeunes générations

La génération des milléniaux, plus jeune et souvent plus consciente des enjeux mondiaux. Place la recherche de sens au cœur de ses priorités professionnelles. Contrairement aux générations précédentes, les jeunes travailleurs cherchent plus qu’un simple emploi. Ils souhaitent s’engager dans des entreprises qui partagent leurs valeurs et où ils peuvent avoir un impact tangible. Cette prise de conscience se traduit par un désir de rester plus longtemps. Dans une entreprise offrant un environnement de travail aligné avec leurs aspirations. Cette fidélisation n’est pas seulement un bénéfice pour l’employé. Mais aussi pour l’entreprise, qui évite des coûts élevés de recrutement et de formation en gardant ses talents plus longtemps.

L’ESG comme levier de réduction des risques

Les entreprises qui perçoivent l’ESG uniquement comme une obligation administrative. Une “case à cocher”, risquent de manquer de vue les avantages stratégiques qu’une approche plus intégrée pourrait offrir. Au lieu d’être un fardeau financier, l’ESG devrait être perçu comme un levier pour gérer les risques. Et assurer la pérennité de l’entreprise à long terme. L’adoption de pratiques durables permet, par exemple, d’anticiper les crises environnementales (inondations, incendies, pénuries d’eau). Et d’être mieux préparé face aux défis sociaux (instabilité, conflits). Si une entreprise ne prend pas ces risques au sérieux. Elle pourrait se retrouver avec des coûts d’assurance prohibitifs. Ou, pire encore, sans couverture, ce qui la rend vulnérable aux crises climatiques.

Les événements récents, comme les émeutes du KwaZulu-Natal, illustrent l’importance de maintenir des relations positives avec les communautés locales. Les entreprises qui sont perçues comme un “avantage” par leur environnement local bénéficient d’un soutien crucial en période de crise. Une telle connexion ne se développe pas simplement en remplissant des cases. Mais en étant authentiquement impliqué dans les enjeux sociaux et environnementaux.

L’ESG et la double matérialité : une approche sur-mesure pour chaque entreprise

L’importance de la double matérialité

Une des clés pour intégrer efficacement l’ESG réside dans le concept de double matérialité. Qui pousse les entreprises à évaluer leurs risques et impacts à deux niveaux :

  1. Les risques externes. L’entreprise doit identifier les risques environnementaux, sociaux et de gouvernance qui pourraient avoir un impact direct sur ses opérations. Par exemple, une entreprise agricole en Afrique de l’Est pourrait être exposée à des risques accrus d’inondations ou de sécheresse. Selon l’évolution climatique de la région.
  2. Les impacts internes de l’entreprise sur la société et l’environnement. Ce volet implique de réfléchir aux effets de l’activité de l’entreprise sur la communauté locale, l’environnement, la biodiversité, etc. Un fabricant automobile devra ainsi évaluer ses impacts environnementaux liés à la production de véhicules. Tout en anticipant les évolutions technologiques dans l’industrie.

Cette approche permet aux entreprises de définir des stratégies sur mesure pour gérer les risques ESG en fonction de leurs spécificités sectorielles. Régionales et organisationnelles. De plus, elle aide à anticiper les changements réglementaires et à se préparer à l’avenir. Notamment en ce qui concerne les rapports de durabilité qui deviendront de plus en plus essentiels.

Gérer les risques interconnectés

Un aspect crucial de l’ESG est la gestion des risques interconnectés. Dans de nombreuses industries, un risque mal géré peut entraîner un effet domino, impactant d’autres domaines de l’entreprise. Par exemple. Une entreprise minière située dans une région vulnérable aux inondations pourrait se retrouver non seulement avec des pertes financières liées aux dégâts matériels. Mais aussi avec des perturbations sociales si les communautés locales sont touchées par les mêmes événements climatiques.

Les risques ESG doivent donc être identifiés, suivis et gérés de manière holistique, afin d’éviter qu’un événement isolé ne génère une chaîne de conséquences négatives. Une gestion proactive des risques ESG permet non seulement de limiter les dégâts, mais aussi de renforcer la résilience de l’entreprise face aux crises futures.

La responsabilité individuelle face aux enjeux de durabilité

La durabilité, une responsabilité collective

Si la durabilité est souvent perçue comme l’affaire des grandes entreprises. Il est essentiel de se rappeler que chacun d’entre nous a un rôle à jouer. La prise de conscience des enjeux environnementaux, sociaux et économiques doit dépasser les murs de l’entreprise pour toucher le quotidien de chaque individu. Éteindre les lumières, réduire sa consommation de plastique, recycler. Ces gestes peuvent paraître insignifiants, mais à l’échelle mondiale, ils ont un impact considérable. Le problème réside dans le fait que beaucoup considèrent ces actions comme ne relevant que des grandes entreprises. Et non de leurs propres responsabilités.

Cependant, cette attitude doit changer, car, comme l’affirme l’interviewé, seuls les narcissiques et les psychopathes sont réfractaires à cette prise de conscience. Le défi est d’éduquer et de sensibiliser les individus, pour que la durabilité devienne une norme dans la vie quotidienne de tous, et non une simple tendance passagère.

L’ESG, un acteur clé du futur

Les entreprises qui intègrent véritablement l’ESG dans leur stratégie bénéficient non seulement d’une réduction des risques, mais aussi d’une création de valeur durable. En prenant en compte la double matérialité et en anticipant les risques interconnectés, elles s’assurent de pouvoir prospérer dans un monde de plus en plus incertain. Cependant, la durabilité ne se limite pas aux grandes entreprises : elle est l’affaire de tous. En tant qu’individus, il est de notre responsabilité de contribuer à un avenir plus durable, en adoptant des comportements plus responsables et en sensibilisant notre entourage. La durabilité bien mise en œuvre débloque une valeur réelle, non seulement pour nous-mêmes et nos entreprises, mais aussi pour les générations futures.

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Assurance et changement climatique

Assurance

Assurance : le dérèglement climatique n’est plus une menace abstraite mais une réalité tangible, dont les effets bouleversent en profondeur de nombreux secteurs économiques, au premier rang desquels figure celui de l’assurance. En 2023, les sinistres climatiques ont représenté un coût de 6,5 milliards d’euros en France, faisant de cette année l’une des plus onéreuses jamais enregistrées. D’ici 2050, les projections annoncent une aggravation de cette tendance, avec une augmentation potentielle des dommages comprise entre 27 % et 85 % selon les scénarios étudiés. Face à cette intensification des risques, les fondements même du système assurantiel – la mutualisation et la diversification des risques – sont mis à rude épreuve. Comment, dans un contexte de bouleversements climatiques systémiques, préserver l’assurabilité des biens et des personnes, et adapter les mécanismes assurantiels à une nouvelle donne environnementale ?

Un climat en mutation : la pression monte sur les équilibres économiques

L’évolution rapide et souvent imprévisible des aléas climatiques transforme profondément le paysage du risque. Les événements extrêmes deviennent à la fois plus fréquents et plus intenses, provoquant des dégâts matériels considérables et récurrents. Cette situation inédite entraîne une montée en puissance des coûts pour les assureurs, qui doivent faire face à une sinistralité désormais quasi structurelle.

Au-delà de la simple fréquence des événements, c’est aussi la concentration des richesses dans certaines zones exposées qui amplifie les pertes potentielles. La valeur des actifs assurés ne cesse de croître, en particulier dans les zones urbaines et littorales, ce qui augmente mécaniquement les indemnisations à verser en cas de catastrophe. Cette combinaison de facteurs – fréquence, intensité, concentration – remet en cause l’équilibre économique des modèles actuels d’assurance.

L’essoufflement du modèle de mutualisation face à la systémicité des risques

Depuis ses origines, l’assurance repose sur un principe de solidarité : chacun contribue, par sa prime, à un fonds commun qui indemnise ceux frappés par un sinistre. Ce système suppose que les risques soient dispersés dans l’espace et dans le temps. Or, avec les effets du changement climatique, cette hypothèse est de moins en moins vérifiée.

Les événements climatiques majeurs affectent désormais simultanément de larges portions du territoire et un nombre important d’assurés. Ce phénomène de corrélation accrue affaiblit le principe même de mutualisation, car il ne s’agit plus de répartir un dommage ponctuel, mais d’absorber des chocs collectifs et systémiques. L’assurance devient alors plus coûteuse, moins accessible, voire techniquement inopérante dans certaines zones particulièrement exposées. Il devient donc indispensable de réfléchir à des dispositifs complémentaires, plus souples, capables de s’adapter à la nouvelle nature des risques.

Prévention et adaptation : des leviers sous-exploités mais indispensables

Dans un contexte où le transfert du risque par l’assurance atteint ses limites, la prévention apparaît comme un levier stratégique de premier ordre. En anticipant les catastrophes plutôt qu’en se contentant de les indemniser, les acteurs du secteur peuvent réduire considérablement les coûts futurs. Les études montrent qu’un euro investi dans la prévention permet d’en économiser six à long terme.

Cela suppose cependant un changement de paradigme. Il faut passer d’une logique de réparation à une logique de résilience. Les actions de prévention peuvent prendre des formes variées : renforcement des bâtiments, aménagements urbains adaptés, dispositifs anti-inondations. Ces investissements doivent être évalués économiquement, afin de démontrer leur rentabilité et leur efficacité. Mais pour qu’ils soient réellement efficaces, ils doivent être pensés collectivement, en impliquant l’ensemble des parties prenantes : collectivités locales, entreprises, citoyens, mais aussi les assureurs eux-mêmes.

Le rôle clé de la Caisse Centrale de Réassurance dans la stabilité du système

Face à ces défis, la Caisse Centrale de Réassurance (CCR) joue un rôle pivot dans la gestion de l’assurabilité en France. Créée en 1946, elle a pour mission de protéger la capacité du marché à offrir des solutions assurantielles, même en cas de catastrophes majeures. Grâce au régime des catastrophes naturelles (Cat-Nat), la CCR garantit une couverture minimale à tous les assurés français, quel que soit leur profil ou leur exposition au risque.

Ce régime repose sur une surprime prélevée sur chaque contrat d’assurance dommages. En contrepartie, les assureurs peuvent se réassurer auprès de la CCR, qui intervient en cas de sinistre majeur, avec la garantie financière de l’État. Cette architecture permet d’amortir les chocs, mais elle suppose aussi une gestion rigoureuse des engagements financiers. C’est pourquoi la CCR s’appuie sur une stratégie d’investissement prudente et une modélisation fine des risques, fondée notamment sur des partenariats avec Météo France.

L’adaptation du régime, comme le montre le relèvement récent de la surprime de 12 à 20 %, illustre la nécessité d’ajuster en permanence les outils de solidarité aux évolutions du climat. En parallèle, la CCR s’est vue confier de nouvelles missions, telles que la cartographie de l’assurabilité du territoire ou l’accompagnement de projets de prévention à travers le fonds Barnier.

Repenser l’assurabilité : une démarche systémique et prospective

La soutenabilité de l’assurance dans un monde confronté aux dérèglements climatiques ne pourra reposer uniquement sur des mécanismes financiers. C’est l’ensemble de la chaîne de gestion du risque qui doit être repensée. Cela implique une meilleure évaluation des vulnérabilités, une intégration des normes de résilience dans la construction, et une mobilisation accrue de la donnée pour modéliser les aléas et anticiper les impacts.

Il devient également crucial d’articuler les stratégies assurantielles avec les politiques publiques d’aménagement du territoire et de transition écologique. L’enjeu dépasse la simple protection des biens : il s’agit de préserver la valeur économique des territoires, la stabilité des investissements, et plus globalement la cohésion sociale face à des événements climatiques de plus en plus disruptifs.

Une transformation inévitable pour un avenir assurantiel durable

L’assurance, en tant qu’infrastructure sociale essentielle, est aujourd’hui confrontée à une épreuve majeure. Le dérèglement climatique oblige le secteur à se réinventer, à intégrer pleinement la prévention, à renforcer sa capacité de résilience, et à redéfinir les règles du jeu de la mutualisation. Si cette transformation est menée avec lucidité, concertation et innovation, l’assurance pourra non seulement survivre au défi climatique, mais aussi en devenir un acteur clé de la transition vers un modèle de société plus durable et plus solidaire.

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CYCL’EAU Bordeaux 2025

CYCL’EAU

CYCL’EAU : à l’heure où le changement climatique impose une reconfiguration urgente de notre rapport à la ressource en eau, la 25e édition du salon CYCL’EAU revient à Bordeaux les 21 et 22 mai 2025. Cet événement professionnel de référence, ancré dans une approche territoriale depuis sa création en 2017, rassemblera 150 exposants et plus de 3 000 visiteurs au Palais 2 l’Atlantique. L’objectif ? Réunir les acteurs publics, privés, industriels et innovants pour repenser la gestion de l’eau au prisme des enjeux d’aujourd’hui et de demain. Cette édition anniversaire s’illustre par une ouverture sur l’international avec le lancement d’AFRICACOOP’, un nouvel espace dédié aux problématiques africaines liées à l’eau.

Une plateforme d’échanges au service d’une gestion durable de l’eau

CYCL’EAU Bordeaux 2025 s’annonce comme un rendez-vous stratégique pour renforcer les synergies entre les acteurs du secteur de l’eau. Ce salon territorial — le sixième à Bordeaux et le 25e depuis sa création — incarne une dynamique de réseau fondée sur la proximité, le partage d’expertises et l’adaptation aux réalités locales.

Sur une surface de 7 000 m², les visiteurs auront accès à une multitude d’espaces thématiques : conférences, ateliers de retours d’expériences, démonstrations de solutions innovantes et villages d’experts. L’événement se distingue par la diversité de ses participants, allant des institutions publiques aux start-ups, en passant par les TPE/PMI et les grands groupes industriels. Cette hétérogénéité favorise un brassage fertile d’idées et de pratiques.

Selon Jean-Claude Lasserre, président de CYCL’EAU, « l’enjeu de l’eau est devenu central dans les politiques publiques et les stratégies industrielles. CYCL’EAU a accompagné cette évolution en devenant un catalyseur d’innovation et de coopération au plus près des territoires. »

AFRICACOOP’ : l’eau en Afrique au cœur des discussions internationales

Grande nouveauté de cette édition 2025 : l’espace AFRICACOOP’, une initiative inédite qui met en lumière les enjeux spécifiques liés à l’eau sur le continent africain. Sur 1 500 m², un parcours immersif scénarisé et des expositions thématiques donneront la parole aux experts africains et internationaux autour de questions structurantes : accès à l’eau potable, financement des infrastructures, réutilisation des eaux usées (REUT), gestion urbaine de l’eau, sécurité hydrique, ou encore diplomatie de l’eau.

Cette initiative s’inscrit dans une démarche de coopération décentralisée et de diplomatie économique. Elle entend faciliter les partenariats, les transferts de compétences et les co-développements technologiques entre l’Europe et l’Afrique. Le tout porté par un symbole fort : un totem réalisé par les Compagnons du Devoir pour matérialiser cette volonté d’unir les savoir-faire au service des territoires.

Une réponse aux crises hydriques : innovations, réformes et mobilisation collective

Depuis 2017, la France est confrontée à une intensification des sécheresses et à une raréfaction de la ressource. CYCL’EAU s’inscrit dans ce contexte de transition, en accompagnant la mise en œuvre des politiques publiques et en valorisant les solutions concrètes développées par les acteurs locaux.

Les crises hydriques répétées (notamment en 2019, 2022 et 2023) ont poussé les autorités à renforcer les cadres réglementaires, à adopter un Plan Eau national ambitieux en 2023, et à soutenir la réutilisation des eaux usées. CYCL’EAU reflète cette dynamique en mettant en valeur les innovations dans le domaine : compteurs intelligents, gestion des eaux pluviales, optimisation des réseaux pour limiter les fuites, ou encore désalinisation.

Le rôle des Agences de l’eau, des Schémas d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) et des collectivités territoriales est désormais central dans l’élaboration et l’exécution des politiques de l’eau. CYCL’EAU se positionne comme un trait d’union entre ces différents niveaux de gouvernance.

Un écosystème engagé pour une gestion territoriale et résiliente

CYCL’EAU ne se limite pas à l’organisation de salons. L’association développe un véritable écosystème d’accompagnement de la filière, à travers des journées d’études, des forums locaux et une veille permanente des évolutions réglementaires et technologiques. Chaque édition régionale est adaptée aux spécificités hydrologiques, économiques et sociales du territoire hôte.

Cette approche décentralisée permet d’apporter des réponses sur mesure aux défis locaux tout en s’alignant sur les objectifs nationaux et européens. CYCL’EAU agit comme un levier de transformation vertueuse, en rassemblant les forces vives de la filière et en promouvant les bonnes pratiques.

Une vision d’avenir : innovation, coopération et conscience collective

L’eau est devenue un bien stratégique, un vecteur de coopération mais aussi un facteur de vulnérabilité. CYCL’EAU 2025 illustre une volonté forte de faire de cette ressource un levier d’innovation et de solidarité, à l’échelle régionale comme internationale.

En articulant expertise technique, innovation sociale et volonté politique, le salon entend contribuer à l’émergence d’une culture partagée de la gestion de l’eau, fondée sur l’anticipation, l’adaptation et la résilience. Un défi commun qui exige la mobilisation de tous.

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Investir durablement : un engagement pour l’avenir, pas une tendance passagère

Investir durablement

Alors que les débats autour de l’avenir de l’investissement ESG (Environnement, Social, Gouvernance) s’intensifient, notamment dans un climat géopolitique tendu et une volatilité accrue des marchés, certains acteurs refusent de céder au pessimisme ambiant. À l’occasion de la Journée de la Terre 2025, l’European Circular Bioeconomy Fund (ECBF) affirme haut et fort que l’investissement durable n’est ni une bulle spéculative ni une mode éphémère, mais un pilier essentiel pour bâtir une économie résiliente, innovante et respectueuse des limites planétaires. Retour sur une prise de position engagée, à contre-courant de la frilosité actuelle des marchés.

L’ESG en question : entre scepticisme de marché et nécessité structurelle

Depuis plusieurs mois, les signaux semblent contraires à l’essor de l’investissement ESG. Les performances spectaculaires des industries traditionnelles, comme celle de l’armement, contrastent avec le recul des fonds durables. Certains commentateurs n’hésitent plus à parler de « fin de l’ère ESG » ou d’éclatement d’une « bulle verte ».

Face à ces discours, Michael Brandkamp, Managing Partner de l’ECBF, invite à prendre du recul : « Ce n’est pas parce que les marchés boursiers réagissent aux tendances de court terme que les dynamiques profondes de transformation se sont arrêtées. » Selon lui, la bioéconomie – fondée sur l’utilisation de ressources renouvelables et circulaires – amorce seulement son véritable déploiement économique. Les fondamentaux restent solides : transition énergétique, sécurité des ressources, innovation industrielle, attentes sociétales… Autant de moteurs durables pour une finance alignée avec les défis du XXIe siècle.

La bioéconomie, un levier stratégique pour une croissance durable

Loin des effets d’annonce, l’ECBF développe depuis 2020 une stratégie ciblée : investir dans des entreprises européennes innovantes qui remplacent les matières premières fossiles par des alternatives biosourcées, qui décarbonent les chaînes de valeur, et qui construisent des modèles circulaires dans l’industrie comme dans la consommation.

Pour Michael Brandkamp, la bioéconomie est une réponse crédible, concrète et déjà opérationnelle : « Nous accompagnons des entreprises qui créent des substituts biodégradables aux plastiques, des procédés industriels à faible empreinte carbone, des solutions technologiques qui redéfinissent la performance environnementale. Il ne s’agit pas d’utopie, mais d’économie réelle. »

Avec un portefeuille structuré autour d’entreprises à fort impact, l’ECBF démontre que l’investissement durable peut concilier innovation, rentabilité et résilience. Ces projets, souvent moins visibles dans l’actualité financière, constituent pourtant les bases d’une économie de demain moins dépendante, plus souveraine et compatible avec les impératifs climatiques.

Transparence et rigueur : la réponse au greenwashing

L’une des critiques majeures formulées à l’encontre de l’ESG réside dans les accusations de greenwashing. Des pratiques de communication trompeuses, des critères flous, ou encore des promesses peu vérifiables ont terni la confiance des investisseurs.

L’ECBF ne nie pas ces dérives, mais les transforme en mission : « Le greenwashing a fragilisé la crédibilité de l’investissement durable. C’est pourquoi nous devons aller plus loin dans la transparence, l’exigence et la mesure des résultats », déclare Brandkamp.

Le fonds milite ainsi pour des standards clairs, des indicateurs d’impact rigoureux, et une approche fondée sur des résultats tangibles, et non sur le marketing. Dans cette optique, chaque investissement est analysé selon son potentiel de transformation systémique, sa viabilité économique, et sa capacité à générer un changement mesurable.

La Journée de la Terre : un rappel des enjeux à long terme

Le 22 avril, Journée de la Terre, rappelle chaque année que l’activité humaine doit désormais se concevoir à l’intérieur des limites planétaires. Loin d’être un simple symbole, cette journée est l’occasion pour les acteurs économiques de réaffirmer leur rôle dans cette transition écologique.

Pour l’ECBF, cette date souligne l’urgence de transformer les modèles d’investissement : « L’investissement vert n’est pas une option morale ou une image de marque, c’est un outil de transformation », insiste Michael Brandkamp. En rendant possible le financement de technologies propres, de procédés circulaires ou d’innovations biosourcées, l’ESG devient une force de propulsion pour l’industrie et une réponse aux risques environnementaux.

Une conviction face aux doutes

Alors que les vents sont contraires, l’ECBF maintient le cap sur une vision de long terme : celle d’une économie régénérative, centrée sur les ressources renouvelables et l’impact positif. L’investissement durable, loin d’être en fin de cycle, entre plutôt dans une phase de maturité, où les critères deviennent plus stricts, les objectifs plus ambitieux et les résultats plus observables.

Dans ce contexte, la bioéconomie n’est pas un pari risqué, mais une évidence stratégique pour l’Europe. Comme le rappelle l’ECBF, il ne s’agit pas d’un combat idéologique, mais d’un choix rationnel pour garantir compétitivité, durabilité et souveraineté industrielle.

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Chute historique des fonds durables

fonds durables

Le début de l’année 2025 marque une rupture significative pour le secteur de l’investissement durable. Selon la dernière analyse publiée par Morningstar, les fonds durables. Qu’ils soient sous forme de fonds ouverts ou d’ETF – ont connu un net désintérêt de la part des investisseurs. Ce retournement s’inscrit dans un contexte global incertain. Où les tensions géopolitiques et une contestation croissante des critères ESG (Environnement, Social, Gouvernance) redéfinissent les priorités des marchés. Ce phénomène, inédit par son ampleur, remet en question l’enthousiasme qui animait jusqu’ici le développement de la finance durable.

Une décollecte record qui reflète un retournement de tendance

Après avoir enregistré 18,1 milliards de dollars de souscriptions nettes au dernier trimestre 2024. Les fonds durables ont subi une perte nette de 8,6 milliards de dollars au cours du premier trimestre 2025. Ce contraste saisissant illustre un changement brutal dans les comportements des investisseurs. Désormais plus prudents, voire défiants, vis-à-vis des stratégies ESG.

Les investisseurs américains ont poursuivi leur désengagement pour un dixième trimestre consécutif. Tandis que l’Europe, longtemps considérée comme le bastion de la finance durable. A enregistré pour la première fois des sorties nettes à hauteur de 1,2 milliard de dollars. En Asie, la tendance est également à la baisse. Tandis que seules quelques régions comme le Canada et l’Australie/Nouvelle-Zélande enregistrent encore des entrées nettes.

Les actifs ESG sous pression : une valeur en repli

La valeur totale des actifs gérés dans les fonds durables à l’échelle mondiale a légèrement diminué. S’établissant à 3 159 milliards de dollars fin mars 2025. Ce repli est en partie attribué à la mauvaise performance des marchés actions. En particulier aux États-Unis, mais il témoigne aussi d’un essoufflement de la dynamique ESG.

Ce recul ne concerne pas uniquement les montants investis : il s’accompagne d’une transformation en profondeur de l’offre elle-même. Les sociétés de gestion réévaluent leurs gammes de produits durables. Souvent dans un souci de clarification ou d’adaptation aux critiques croissantes.

Des lancements au ralenti et une consolidation marquée

Le nombre de nouveaux fonds ESG lancés au premier trimestre 2025 s’élève à seulement 54 dans le monde. Un chiffre modeste qui traduit un net ralentissement de l’innovation dans ce secteur. Ce repli est particulièrement visible en Europe, où les gérants de fonds semblent opter pour une approche plus prudente, en raison d’une pression réglementaire croissante et d’un climat politique moins favorable à l’ESG.

Parallèlement, les opérations de changement de nom de fonds se sont accélérées. En Europe, 335 produits ont été renommés, et parmi eux, 116 ont choisi d’abandonner toute référence explicite à l’ESG. Cette tendance reflète une volonté de repositionner les produits pour éviter d’éventuelles accusations de “greenwashing” ou de promesses non tenues.

Fermetures et fusions : vers une rationalisation de l’offre

Autre signal fort de la réorientation du marché : de nombreux fonds ESG ont été soit liquidés, soit fusionnés. En Europe, 94 produits ont ainsi disparu, tandis qu’aux États-Unis, 20 fonds ont été fermés, un record pour un seul trimestre.

Cette vague de rationalisation pourrait être interprétée comme une forme de maturité du marché : après une phase d’expansion rapide, les acteurs cherchent désormais à consolider leurs positions, à mieux cibler leurs offres et à s’adapter à une demande devenue plus exigeante et plus sélective.

Un avenir incertain entre scepticisme et repositionnement stratégique

« Ce trimestre marque un véritable tournant, tant au niveau des flux que dans la perception même de l’investissement durable ». Observe Hortense Bioy, responsable de la recherche sur l’investissement durable chez Morningstar Sustainalytics. Selon elle, les défis ne manquent pas : montée de la défiance envers les critères ESG, tensions géopolitiques croissantes. Complexité réglementaire accrue… autant de facteurs qui pourraient continuer de freiner l’élan ESG.

Toutefois, ce contexte pourrait aussi être l’occasion pour les gestionnaires d’actifs de réaffirmer la pertinence de l’investissement durable en clarifiant leurs approches, en améliorant la transparence et en développant des produits plus robustes. Le secteur entre donc dans une phase de transition, où seuls les acteurs les plus solides et les plus crédibles parviendront à tirer leur épingle du jeu.

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Retour sur le Greenwashing : analyse critique

Greenwashing

Depuis plusieurs années, le terme « greenwashing » s’impose dans le débat public comme une forme de manipulation marketing visant à verdir artificiellement l’image d’une entreprise. Si le développement durable et la transition écologique sont devenus des enjeux incontournables, certaines entreprises n’hésitent pas à exploiter ces préoccupations pour se donner bonne conscience ou éviter des critiques, sans pour autant transformer en profondeur leurs pratiques industrielles ou commerciales.

Dans une interview récemment relayée, plusieurs cas emblématiques sont analysés, illustrant comment des groupes industriels ou des entreprises bien connues utilisent des arguments écologiques dans leur communication, tout en perpétuant des modèles économiques à fort impact environnemental. Nous revenons ici sur cette vidéo à travers un résumé structuré, en mettant en lumière les exemples concrets de greenwashing évoqués, les acteurs impliqués, et les réactions que cela suscite dans la société.

Ceci est un extrait d’une interview, sélectionné par votre média Green Finance, qui donne la parole à tous, même si cela peut vous déplaire, et nous déclinons toutes responsabilités sur la source et les propos de cet extrait.

Comprendre le greenwashing : des slogans verts aux réalités opaques

Le greenwashing, ou écoblanchiment, consiste à utiliser des arguments environnementaux dans une stratégie de communication pour masquer des pratiques qui, en réalité, ne le sont pas du tout. Cette méthode est de plus en plus utilisée à mesure que la conscience écologique des consommateurs progresse.

Dans la vidéo, l’un des cas évoqués est celui de TotalEnergies, un acteur majeur du secteur énergétique. L’entreprise se présente désormais comme « multi-énergies », mettant en avant ses investissements dans les énergies renouvelables. Pourtant, ses activités principales restent centrées sur l’extraction et la commercialisation d’hydrocarbures. La stratégie est habile : en mettant en avant ses projets solaires ou éoliens (souvent minoritaires dans ses comptes), TotalEnergies cherche à améliorer sa réputation tout en continuant à engranger des bénéfices massifs grâce au pétrole et au gaz. Cette contradiction entre communication et réalité alimente les accusations de greenwashing.

Un autre exemple frappant est celui de Carrefour. L’entreprise a largement communiqué sur des campagnes d’agriculture biologique et des initiatives locales ou responsables. Toutefois, comme le souligne un intervenant dans la vidéo, une grande partie des produits de la grande distribution reste issue de l’agriculture industrielle, intensive, avec des impacts environnementaux et sociaux significatifs. Là encore, il s’agit davantage d’un affichage que d’un changement profond de modèle.

La stratégie du greenwashing repose donc sur une forme de duplicité : dire sans faire, afficher sans transformer. Elle fonctionne parce que les consommateurs ont peu de moyens de vérifier la véracité des promesses écologiques avancées par les marques. De plus, les labels et certifications parfois utilisés peuvent être confus ou peu exigeants, renforçant la difficulté à distinguer le vrai du faux en matière d’engagement environnemental.

Quand les campagnes de communication maquillent l’inaction écologique

La vidéo met aussi en lumière la manière dont certaines entreprises orchestrent des campagnes de communication massives autour de leur prétendu engagement écologique, en réponse à une pression croissante des citoyens et des régulateurs.

Un cas cité est celui de Coca-Cola. L’entreprise a multiplié les actions de sensibilisation autour du recyclage et de la réduction du plastique, tout en étant régulièrement classée parmi les plus gros pollueurs plastiques au monde. Elle met en avant des bouteilles « 100 % recyclées », des partenariats avec des ONG environnementales, mais cela ne masque pas l’ampleur de sa production plastique annuelle. Il ne s’agit pas seulement d’un décalage : certains analystes y voient une stratégie visant à détourner l’attention des vrais leviers de changement, comme la réduction de la production à la source ou la mise en place de consignes.

Autre exemple marquant : celui de H&M. L’enseigne de prêt-à-porter a développé des lignes de vêtements dites « Conscious », supposément plus respectueuses de l’environnement. Mais la production de masse du fast fashion, les conditions de travail dans les pays producteurs et l’obsolescence programmée des collections jettent une ombre sur ces initiatives. Pour de nombreux observateurs, l’effet d’annonce prime largement sur les résultats concrets. H&M incarne ainsi le paradoxe d’une industrie très polluante qui prétend se réinventer sans revoir son modèle économique.

Les campagnes publicitaires « vertes » ne sont donc pas toujours révélatrices d’un réel virage écologique. Elles participent parfois d’une stratégie de façade destinée à rassurer les consommateurs, tout en retardant les transformations structurelles nécessaires.

Le greenwashing comme outil politique et juridique : éviter les sanctions, façonner l’opinion

Dans certains cas, le greenwashing dépasse le simple cadre commercial et devient un outil politique. Il permet aux entreprises de gagner du temps, de continuer à opérer selon des logiques anciennes, tout en évitant des régulations plus strictes ou des sanctions.

L’interview souligne que des géants comme Shell, BP, ou encore Air France s’engagent dans des campagnes de « neutralité carbone » sans pour autant réduire drastiquement leurs émissions. L’idée de « compensation carbone », par exemple, est mise en avant pour justifier certaines pratiques polluantes. Pourtant, nombre d’experts dénoncent cette approche comme un leurre : planter quelques arbres ne suffira pas à compenser des millions de tonnes de CO₂ rejetées dans l’atmosphère.

De plus, certaines entreprises cherchent à influencer directement les normes réglementaires ou les discours publics. Des cabinets de lobbying sont missionnés pour atténuer les législations environnementales, ou pour faire passer des messages rassurants dans les médias. Le greenwashing devient alors un levier de soft power, permettant aux grands groupes de préserver leur pouvoir économique et politique.

Ce phénomène a aussi un effet délétère sur la démocratie écologique : il brouille les repères, désoriente les citoyens, et ralentit les décisions collectives. Le discours écologique est ainsi vidé de sa substance, utilisé à des fins de manipulation plutôt que de transformation.

Les réactions citoyennes et associatives face à l’écoblanchiment

Face à cette montée du greenwashing, des contre-discours émergent. Des associations, des journalistes, mais aussi des citoyens engagés, dénoncent publiquement les abus et tentent de rétablir la vérité. La vidéo évoque notamment les actions de groupes comme Greenpeace, les Amis de la Terre, ou encore Reclaim Finance, qui publient des rapports détaillés sur les pratiques réelles des entreprises derrière leurs campagnes de communication.

Des influenceurs et militants sur les réseaux sociaux jouent aussi un rôle croissant. Ils décryptent les messages publicitaires, appellent au boycott de certaines marques, et sensibilisent à la nécessité de consommer autrement. Cette forme de vigilance citoyenne contribue à rendre le greenwashing plus risqué pour les entreprises, qui s’exposent à des bad buzz ou à des actions judiciaires.

La pression populaire a d’ailleurs commencé à produire quelques effets : certaines publicités jugées mensongères ont été interdites, des procédures judiciaires sont en cours, et certaines entreprises modèrent désormais leurs claims écologiques pour éviter les critiques. Mais le combat est encore long, car le greenwashing est souvent subtil, bien habillé, et difficile à démêler sans expertise.

Comment lutter efficacement contre le greenwashing ?

Pour répondre à ce phénomène, plusieurs pistes sont évoquées dans l’interview. Tout d’abord, la régulation. En France, la loi Climat et Résilience tente d’encadrer les allégations environnementales, en exigeant des preuves et en interdisant certains termes vagues comme « neutre en carbone » sans fondement solide. Mais les moyens de contrôle restent limités.

Ensuite, l’éducation des consommateurs est centrale. Il s’agit de donner à chacun les clés pour comprendre les messages marketing, reconnaître les pratiques douteuses, et faire des choix éclairés. Les médias spécialisés, les ONG et les éducateurs ont ici un rôle essentiel à jouer.

Enfin, le véritable antidote au greenwashing réside dans la transformation des modèles économiques. Tant que la croissance infinie restera l’objectif premier, les stratégies de façade prévaudront sur les changements profonds. Il faut donc repenser la place de l’entreprise dans la société, sa mission, ses obligations écologiques, et les critères de sa performance.

Le greenwashing est un miroir aux alouettes : séduisant en surface, mais souvent vide de sens. Dans une société en quête de transition écologique, il détourne l’attention des enjeux essentiels, ralentit les évolutions nécessaires, et mine la confiance du public.

Cette interview, en exposant les cas de TotalEnergies, Carrefour, Coca-Cola, H&M, Shell, BP, ou encore Air France, montre l’ampleur du phénomène. Elle souligne aussi l’urgence d’une réponse collective : juridique, citoyenne, politique et culturelle.

Le greenwashing n’est pas un détail : c’est un révélateur des résistances au changement. Et c’est à chacun, à son échelle, d’y répondre.

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L’Amérique et la Chine au bord du gouffre

Amérique et la Chine

L’affrontement économique entre l’Amérique et la Chine franchit une nouvelle étape critique, ébranlant les fondations du commerce mondial. Ce conflit, qui dépasse aujourd’hui la simple rivalité commerciale, soulève des inquiétudes majeures sur les perspectives économiques globales. En multipliant les tarifs douaniers, les deux plus grandes puissances mondiales risquent de précipiter leurs économies — et celles de leurs partenaires — dans une spirale de récession, d’inflation et d’incertitudes financières. Décryptage d’une situation explosive aux multiples répercussions.

Une confrontation tarifaire sans précédent

Le climat économique mondial est dominé par une escalade sans équivalent dans l’histoire récente : les l’Amérique et la Chine se livrent une bataille commerciale ouverte, où chaque pays réplique avec des mesures douanières toujours plus lourdes. Depuis le début du mois d’avril 2025, les droits de douane sur certaines importations ont explosé, atteignant plus de 125 % de part et d’autre.

Les produits ciblés ne laissent aucun doute sur la gravité du conflit : vêtements, jouets, appareils électroniques, machines-outils et produits agricoles sont au cœur de ces sanctions, touchant aussi bien les entreprises que les consommateurs. Ces mesures punitives bouleversent les équilibres commerciaux traditionnels, rendant les échanges quasiment impossibles entre les deux nations.

La vision stratégique de Donald Trump : une logique de rupture

L’initiative américaine ne relève pas du hasard : elle s’inscrit dans une vision politique assumée par l’ancien président Donald Trump. Fidèle à sa doctrine économique, Trump considère les tarifs douaniers comme un levier pour transformer l’économie américaine. Il y voit un moyen de réduire le déficit commercial, relocaliser la production industrielle et, à terme, renforcer l’indépendance économique du pays.

Dans cette optique, rompre avec des partenaires commerciaux jugés “profiteurs”, comme la Chine, n’est pas un risque mais une opportunité. Le commerce mondial, selon Trump, doit être redéfini pour servir en priorité les intérêts américains. Son entourage politique, peu enclin à tempérer cette stratégie, et l’inaction du Congrès sur le sujet, laissent peu de place à un revirement dans l’immédiat.

Le spectre d’une récession américaine

Les conséquences économiques ne se font pas attendre. L’augmentation soudaine des coûts d’importation se répercute sur les prix à la consommation, risquant d’alimenter une inflation galopante. Les chaînes d’approvisionnement, encore fragilisées par les perturbations post-pandémiques, peinent à s’adapter.

Des secteurs-clés de l’économie américaine — automobile, technologie, chimie — pourraient voir leur production ralentir, voire se contracter. Les prévisions les plus pessimistes anticipent une inflation dépassant les 4 % d’ici la fin de l’année, couplée à un taux de chômage oscillant entre 5 et 6 %. Le cocktail inflation-chômage pourrait faire basculer l’économie américaine en récession.

Fuite des capitaux et instabilité financière : un scénario redouté

Au-delà de la contraction économique, c’est la confiance dans les institutions américaines qui pourrait vaciller. Si les investisseurs commencent à douter de la stabilité de la politique économique, les conséquences seraient massives : fuite des capitaux, chute du dollar, tensions sur les marchés financiers.

Depuis le début de la crise tarifaire, le dollar a déjà perdu près de 5 % face à l’euro, tandis que les taux des bons du Trésor se sont tendus. L’indice S&P 500 accuse une baisse significative de 7,6 %, traduisant la nervosité des marchés. Si ce climat d’incertitude persiste, la balance des paiements américaine pourrait se dégrader rapidement, fragilisant encore davantage l’économie.

La Chine s’appuie sur son marché intérieur pour encaisser le choc

Face à l’offensive américaine, la Chine mise sur sa consommation interne pour amortir l’impact. Le marché domestique représente encore plus de 80 % de l’activité industrielle du pays, tandis que les exportations vers les États-Unis ne comptent que pour 2,7 %. Cela permet à Pékin d’envisager une stratégie de résilience fondée sur des politiques de relance ciblées.

Lors de la prochaine réunion du Politburo, des annonces sont attendues : subventions aux PME, soutien accru aux exportateurs affectés, allègement fiscal, etc. Toutefois, malgré ces mesures, les incertitudes mondiales freinent la reprise. Les entreprises comme les ménages demeurent prudents, retardant investissements et emprunts, même en présence de taux avantageux.

Répercussions mondiales : entre réalignements et tensions commerciales

L’impact de cette guerre commerciale ne se limite pas aux deux protagonistes. Les pays tiers, pris en étau, doivent redéfinir leur positionnement. Vaut-il mieux protéger ses industries nationales en se tenant à distance, ou s’aligner sur la position américaine dans l’espoir de traitements de faveur ?

Dans ce contexte, la Chine pourrait chercher à renforcer ses liens avec des partenaires plus ouverts au libre-échange. Notamment en Asie et en Europe. Mais ce virage nécessite de restaurer la confiance. Notamment en adoptant des mesures contre le dumping. Telles que des quotas d’exportation ou des planchers de prix, pour apaiser les craintes.

Une guerre entre l’Amérique et la Chine de positions aux conséquences planétaires

La confrontation entre l’Amérique et la Chine dépasse désormais la simple question des droits de douane. Elle traduit une lutte d’influence sur les règles du commerce mondial. À mesure que les tensions s’intensifient, les conséquences économiques, sociales et géopolitiques s’accumulent.

Pour éviter un effondrement des équilibres globaux, une désescalade semble indispensable. Mais tant que les décisions seront dictées par des logiques de souveraineté économique et de rapport de force. La perspective d’un apaisement reste lointaine. En attendant, c’est le commerce international tout entier qui vacille.

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Les dérives financières de l’État français : un conte de fées

État français

L’état français, comme beaucoup d’autres, est confrontée à des choix budgétaires cruciaux. Dans cette interview, l’invité propose une lecture critique de la gestion financière de l’État, pointant du doigt les priorités gouvernementales, la pression fiscale et les conséquences d’un endettement massif. Selon lui, la France souffre d’un déséquilibre croissant entre les dépenses publiques et les véritables besoins de la population, tout en maintenant un niveau d’imposition parmi les plus élevés du monde. Cette analyse, bien qu’engagée, soulève des questions fondamentales sur la gouvernance économique actuelle.

Ceci est un extrait d’une interview, sélectionné par votre média Green Finance, qui donne la parole à tous, même si cela peut vous déplaire et nous déclinons toutes responsabilités sur la source et les propos de cet extrait.

Un budget de l’État français orienté vers la dette et les intérêts, au détriment des services essentiels

Selon l’intervenant, l’État français ne consacre qu’une petite partie de son budget aux services régaliens tels que la justice, l’armée ou encore la police. En revanche, une proportion considérable des finances publiques est absorbée par le remboursement de la dette et le paiement de ses intérêts. En chiffres, il dénonce le fait que l’État emprunte environ 1 000 milliards d’euros par an, dont 250 milliards uniquement pour régler les intérêts de la dette passée.

Cette situation serait, selon lui, symptomatique d’un système dans lequel l’argent ne circule plus au bénéfice du bien commun, mais prioritairement pour maintenir une structure d’endettement qui pénalise les générations présentes et futures. Il compare cette mécanique à une “aristocratie bancaire” qui siphonne les ressources publiques, créant un déséquilibre croissant dans les politiques de redistribution et d’investissement public.

Il critique également la communication gouvernementale qui masque, selon lui, cette réalité derrière des chiffres optimistes ou des annonces sans effet réel sur le quotidien des Français.

Une pression fiscale jugée insoutenable pour les Français et destructrice pour l’économie

Autre point central de cette critique : le niveau excessif de la fiscalité par l’état français. L’intervenant affirme que le pays figure parmi les nations les plus taxées au monde. Il évoque une pression fiscale de 47% du PIB, contre 42% en Allemagne, soulignant que ces taux très élevés nuisent à la compétitivité des entreprises, à l’emploi et au pouvoir d’achat des citoyens.

Il estime qu’au lieu d’alléger cette pression pour favoriser la croissance, l’État français choisit de poursuivre cette voie, aggravant les inégalités et limitant les capacités d’innovation. Cette politique serait, selon lui, contre-productive à long terme, car elle entraîne une défiance envers les institutions et alimente une forme de révolte fiscale.

De plus, il remet en cause l’usage de ces recettes fiscales, qui ne semblent pas être investies de façon efficiente dans les infrastructures, la santé ou encore l’éducation, mais plutôt pour entretenir un système administratif devenu obèse.

Des choix budgétaires biaisés de l’état français : entre idéologie et gestion de façade

Enfin, l’intervenant dénonce ce qu’il considère comme des décisions budgétaires fondées davantage sur des considérations idéologiques que sur des priorités concrètes. Il critique l’affectation de ressources à des causes qu’il qualifie de “wokes” ou non essentielles, tandis que des secteurs clés comme les hôpitaux, la sécurité ou l’éducation se voient négligés.

Il voit dans cette stratégie une volonté de séduire certains segments de l’opinion publique ou de la scène internationale, plutôt que de répondre aux besoins fondamentaux des citoyens. Cette logique favoriserait, selon lui, un clientélisme politique au détriment d’une gouvernance orientée vers l’intérêt général.

Pour lui, il s’agit là d’un véritable détournement de la mission de l’État français : au lieu de garantir la stabilité et le développement à travers des politiques équilibrées, ce dernier fonctionnerait comme un agent idéologique, déconnecté de la réalité vécue par les Français.

Une dette perpétuelle qui prive l’État français de toute souveraineté économique

L’intervenant insiste sur un point fondamental : la dette est devenue un outil de domination économique. Réduisant considérablement la marge de manœuvre des gouvernements successifs. Selon lui, tant que la France continuera à s’endetter pour payer les intérêts de ses dettes antérieures. Elle restera prisonnière des marchés financiers, et donc incapable de faire des choix pleinement souverains.

Il compare cette situation à une spirale infernale dans laquelle les gouvernants ne gèrent plus pour le peuple. Mais pour rassurer les créanciers et les agences de notation. Le simple fait que le service de la dette soit l’un des plus gros postes budgétaires illustre. À ses yeux, cette perte de contrôle. Il appelle donc à une remise en question radicale du modèle actuel, et à une réforme de la création monétaire.

Le rôle contesté des banques centrales et de la création monétaire

Une autre critique majeure porte sur le fonctionnement des banques centrales et le mécanisme de création monétaire. L’intervenant souligne que l’État a abandonné son droit régalien de battre monnaie. Et dépend désormais de la BCE pour toute émission monétaire. Ce qui, selon lui, est une absurdité démocratique.

Il considère que ce monopole des banques centrales. Couplé à une logique de marché financiarisée, favorise une minorité d’acteurs privés au détriment de l’intérêt collectif. Dans sa vision, un système plus juste consisterait à redonner à l’État le pouvoir de créer de la monnaie pour financer les investissements publics structurants, sans passer par la dette ni les marchés.

Une redistribution budgétaire jugée inefficace et injuste

Autre grief : l’inefficacité de la redistribution. L’intervenant estime que les milliards dépensés par l’État n’ont pas l’effet escompté sur la réduction des inégalités. Pire encore, il soupçonne que ces sommes soient captées par des structures opaques, des organismes parapublics ou des projets de faible impact.

Il évoque une bureaucratie tentaculaire qui absorbe une large partie des fonds publics, sans bénéfice concret pour les citoyens. Pour lui, la justice sociale est détournée de son objectif initial, remplacée par un système de gestion technocratique coupé du terrain.

L’absence de vision industrielle et d’investissements productifs

L’intervenant regrette également l’absence d’une stratégie industrielle à long terme. Selon lui, la France a peu à peu abandonné l’idée de souveraineté économique, délaissant des secteurs clés comme l’énergie, l’agriculture ou encore la fabrication de composants technologiques.

Il estime que l’argent public devrait être utilisé pour renforcer l’indépendance productive du pays, développer des filières locales et relancer l’innovation. Au lieu de cela, l’État se contente, selon lui, de subventionner ponctuellement certaines entreprises sans réelle vision cohérente.

Une fracture croissante entre les élites politiques et les citoyen

Enfin, l’intervenant met en lumière une perte de confiance massive entre la population et ses dirigeants. Il décrit un fossé grandissant entre une élite politique enfermée dans ses cercles décisionnels, et des citoyens qui subissent au quotidien les conséquences de politiques qu’ils ne comprennent plus.

Cette rupture se manifeste, selon lui, par l’abstention électorale, la défiance généralisée, et la montée des contestations sociales. À ses yeux, cette fracture est le signe d’un système à bout de souffle, qui nécessite une refondation démocratique et budgétaire profonde.

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